Cette nouvelle a été publiée en trois parties pour Noël dans le Calendrier de l’ADvent de la BBC / Doctor Who.
Première Partie
Deuxième Partie
Troisième Partie
L’ATTAQUE DES BONHOMMES DE NEIGE
Un conte de fêtes pour le Calendrier de l’Avent Docteur Who par Mark B. Oliver
Première Partie
‘Réception satellite perdue…’ Geoff Bluth fixa le GPS posé sur son tableau de bord d’un regard sévère. Il était tard, il conduisait depuis des heures et tout ce qu’il voulait était de trouver son hôtel, prendre une bonne douche chaude et s’étaler sur son lit. Et voilà maintenant qu’il se mettait à neiger. Super. Il s’arrêta sur le bord de la route et appela l’hôtel.
‘Allo, bonsoir ! J’arrive ce soir, mais je suis perdu, et je voulais m’assurer que vous ne donniez pas ma chambre à quelqu’un d’autre. Bluth. B-L-U-T-H. Excellent, merci. Je ne peux pas être bien loin. J’ai conduit dans les environs de la ville pendant des heures. Cette neige est de plus en plus forte.’ Geoff aperçut un homme traversant la route. Il était vêtu d’un complet rayé gris et d’un chapeau melon, et malgré la neige, il n’utilisait pas le parapluie qu’il portait.
‘Mademoiselle, pouvez-vous attendre ? Je vais juste demander à un type dans la rue où je suis. Ça prendra qu’un instant.’ Geoff déposa son mobile sur le siège passager pendant qu’il ouvrait la portière de la voiture. Il appela l’homme, qui commençait à ne plus être visible.
‘Monsieur ! Monsieur, pouvez-vous m’aider ?’ Laissant la portière de la voiture ouverte, Geoff se dépêcha à la suite de l’homme en complet qui ne répondait pas à ses appels. ‘Je suis perdu !’ Geoff l’avait presque rattrapé et lui tapa doucement sur l’épaule. L’étranger se retourna, tout en soulevant son chapeau melon en guise de salutations. Les yeux de Geoff s’écarquillèrent d’horreur à ce qu’il vit, un cri bloqué à l’arrière de sa gorge.
‘Allo, Mr. Bluth, vous êtes là ? Allo?’ Sa seule réponse fût la voix compétente du GPS.
‘Réception satellite perdue, réception satellite perdue…’
* * *
Dix jours plus tard, Louie Rollins naviguait à travers la ville sur son snowboard. Enfin, pas son snowboard, il appartenait à la fille de madame Wharbuoy, mais elle était loin de là, à l’université, et sa voisine le lui avait donc prêté. Ça avait été une bouée de sauvetage. Avec les routes et chemins enneigés, il était impossible de se déplacer à pied, ou en vélo. Et s’il y avait une chose que Louie détestait, c’était d’être bloqué à l’intérieur, surtout quand il n’y avait pas d’électricité pour la TV ou ses jeux vidéo.
Alors qu’il approchait de la maison de sa cousine Millie, il décida de zigzaguer autour des nombreux bonhommes de neige présents dans le champ derrière la demeure. Il y en avait partout – un véritable slalom tout prêt.
Il fila à toute allure entre les bonhommes de neige, et était sur la ligne finale de la porte arrière de chez Millie lorsqu’il heurta le dernier et se mit à tournoyer, hors de contrôle. Bien que la barrière fût ouverte, il allait trop vite. Beaucoup trop vite. Paniqué, il tenta de retrouver son équilibre et de reprendre le contrôle, mais il était trop tard, il allait se fracasser contre la maison, et à cette vitesse…
A la dernière seconde possible, la porte s’ouvrit, et Louie réussit à s’orienter pour passer à l’intérieur. Le snowboard glissa d’en dessous de lui et il s’effondra dans la cuisine à plat-ventre.
Penaud, mais pas blessé, Louie leva la tête vers sa tante Rachael qui se tenait en dessus de lui, bouche ouverte, la main encore sur la poignée de porte. ‘Désolée, tantine, je ne le maîtrise pas encore.’ ‘Je vois ça,’ répondit-elle en essayant, sans succès, de réprimer ses rires.
* * *
Tandis que le TARDIS filait à travers le vortex de l’espace-temps, le Docteur dansait autour de la console, tirant des leviers, tournant des boutons, apparemment au hasard; il était excité. Puisqu’il voyageait seul, il avait décidé de se faire plaisir. Prochain arrêt, la nébuleuse Salcreyan, et plus précisément au moment de sa naissance.
‘Le plus grand feu d’artifices de l’histoire !’ déclara triomphalement le Docteur, alors qu’il s’arrêta dans un dérapage contrôlé, l’air content de lui. ‘Je ne sais vraiment pas pourquoi je ne suis pas venu avant.’
Sans prévenir, le TARDIS fit une violente embardée, envoyant le Docteur d’abord contre la console avant de l’envoyer valser au sol. Tandis qu’il se dépêchait de se relever, le TARDIS se redressa et les moteurs ronflèrent alors que le vaisseau commençait à se matérialiser.
‘Où m’as-tu amené, ma vieille ?’ demanda le Docteur. ‘Certainement pas la nébuleuse…’ les moteurs se calmèrent, jusqu’à ce que le bruit de fond du TARDIS fut le seul à résonner. Il ajusta un cadran, tapotant lentement des doigts sur la surface à côté, pendant qu’il lisait les informations. Les sourcils froncés, le Docteur se dirigea vers la porte.
* * *
‘Salut, Mills!’ fit Louie à sa cousine lorsqu’elle arriva à la cuisine, l’ayant entendu depuis sa chambre. ‘Bataille de boules de neige ?’
‘On dirait que tu as déjà joué à ça aujourd’hui’, rigola Millie en regardant son manteau couvert de neige. ‘Pourquoi tu n’as pas simplement téléphoné ?’ demanda-t-elle, avant de se reprendre. ‘Argh, j’avais oublié un instant, nos mobiles sont morts et il n’y a pas de ligne de téléphone fixes non plus.
‘Y’a-t-il du nouveau, maman ? On sait quand on aura de nouveau l’électricité ?’
‘Désolée, ma puce, les nouvelles de ce matin étaient les mêmes que celles d’hier. Pas d’électricité à travers l’Europe, et avec les routes bloquées, pas d’électricité et les stations d’essence n’ouvrant pas, ça ne va pas s’améliorer rapidement.’ Elle tapota sa vieille radio d’un air appréciatif. ‘Sans celle-là, nous n’aurions même pas la moindre idée sur ce qui se passe.’
‘Maman écoute les infos sur l’auto-radio,’ ajouta Louie. Les trois se turent, perdus dans leurs pensées pendant quelques secondes, lorsque soudain Cannonball de Little Mix hurla dans la cuisine.
‘Oh, sapristi !,1’ murmura Rachael lorsqu’ils firent tous un bond au bruit soudain. ‘Pourquoi tu ne peux pas avoir une sonnerie normale, Millie?’ Mais ni sa fille ni son neveux ne répondirent alors qu’ils fixaient simplement le téléphone sur le comptoir.
‘Ça sonne, maman!’
‘Je l’entends, ça.’
‘Mais la batterie est morte, et il n’y a pas de réception…’ Tandis que les paroles de sa fille atteignirent son cerveau, Millie tendis timidement la main vers le téléphone. Elle hésita pour une seconde avant de le ramasser.
‘Allo?’ Sans un autre mot, elle courut à travers la salle et ouvrit brusquement la porte arrière. ‘Docteur!’ Et là, dans l’embrasure, se tenait leur ami étrange, fou, extraordinaire et totalement brillant, le Docteur. Entrant, il serra Millie et Louie dans les bras.
‘Vous avez grandi,’ dit-il en les reposant, et à sa grande surprise, il fit la bise à Rachael sur les deux joues.
‘Vous aussi,’ répliqua Louie, heureux de voir son ami excentrique.
‘Oui, bon, ça fait plus de 200 ans,’ répondit-il. ‘Je ne sais pas, je trouve que j’ai l’air plutôt charmant,’ dit-il en ajustant son noeud papillon.
‘Deux cents…’ la voix de Millie diminua. ‘Laissez tomber.’ ‘Maintenant, qu’est-ce que je fais ici ?’ demanda le Docteur. ‘C’est une question rhétorique, hein ?’ le coupa Louie.
‘Quoi ? Rhétorique ?’ fit le Docteur. ‘Oh, j’aime ce mot. Rhétorique. Ré-t’oric. Rhet-or-hic,’ en essayant plusieurs prononciations et intonations. ‘Hmm, non, même pas. Qu’est-ce que je fais ici ? J’étais en route pour regarder la création de la nébuleuse Salcreyan quand j’ai été attiré hors du vortex.’
‘Qu’est-ce qui pourrait faire ça au TARDIS?’ demanda Mille.
‘Quelque chose de puissant et d’extraterreste.’ ‘Y’a peu de chances, quand même ? Encore des aliens chez nous ? Le plus excitant qui arrive en général ici c’est le championnat amateur annuel.’
‘Championnat amateur?,’ demanda le Docteur d’un air perplexe. ‘Ce n’est pas un oxymore ? Oh, j’aime ce mot aussi…’ Louie coupa le Docteur avant qu’il ne commence à disséquer un autre mot.
‘Mais s’il y a un alien, on le trouve comment ?’
‘Je ne suis pas sûr…’ Le visage du Docteur s’assombrit. ‘J’ai cherché des signes d’énergie extra-terrestre, et toutes les anomalies dans les relevés, quand j’ai atterri, mais rien. Néant. Zéro. Avez-vous remarqué quoi que ce soit d’inhabituel depuis le début de la tempête ?’ demanda le Docteur à ses amis.
‘Un businessman a été annoncé manquant la nuit où la tempête a commencé,’ lui dit Rachael, ‘sa voiture retrouvée abandonnée près du centre de la ville, mais c’est sûrement une coïncidence.’
‘Possible,’ fit le Docteur, songeur. ‘Vous deux ?’ Ils secouèrent tous deux la tête, mais le Docteur remarqua que Millie hésitait un peu.
‘Qu’est-ce qu’il y a, Millie ? Tout peut nous aider.’
‘C’est quelque chose que Louie a dit juste avant que vous arriviez, Docteur. Il voulait que l’on sorte faire une bataille de boules de neige.’
‘Et alors ?’ demanda son cousin.
‘Il n’a pas neigé depuis plusieurs jours, et la température en journée était bien au-dessus du zéro, donc les flocons auraient du fondre et regeler durant la nuit ? Mais la neige est toujours légère et duveteuse.’
Un sourire s’afficha sur le visage du Docteur. ‘Venez !’
* * *
Quelques minutes plus tard, le Docteur était agenouillé dans la neige, ses amis debout autour de lui. Millie et sa maman avaient revêtu de gros gants, manteaux et des bottes. ‘Au toucher, on dirait de la neige,’ et baissant son visage vers la surface froide, ‘et ça sent comme la neige.’
Il ramassa une petite quantité de neige fraîche, et le plaça doucement contre ses lèvres. ‘Mais ça n’a pas le goût de la neige ! Enfin, si, vous ne pourriez pas faire la différence, mais j’ai une langue très sensible. Regardez ?’ Le Docteur tira la langue2 et la roula un peu en tentant d’identifier le goût de la neige. ‘C’est du phosidium! Juste une très légère trace, mais il y en a définitivement.’
‘Phosidium?’ demanda Louie, ‘Je ne me rappelle pas de celui-là du cours de chimie.’
‘C’est parce que cela n’existe pas sur Terre, ou dans ce système solaire. Le TARDIS est juste au coin là-bas, je vais pouvoir suivre la trace de toute concentration n’importe où sur cette planète. En tous cas, ça m’a fait plaisir de vous revoir,’ fit le Docteur joyeusement en se dirigeant vers le TARDIS.
A sa propre surprise, Rachael se retrouva à s’exprimer. ‘Oh non, Docteur, je ne suis pas d’accord. Vous ne pouvez pas arriver dans ma cuisine, dire qu’il y a une invasion extra-terrestre en cours…’
‘Je ne crois pas avoir dit invasion,’ mais Rachael lui coupa la parole.
‘Et penser que nous rentrions, en prétendant qu’il ne s’est rien passé, et en espérant que la neige disparaisse miraculeusement, que l’électricité revienne et que tout retourne à la normale, pendant qu’on s’inquiète de savoir si vous êtes mort ou vivant. On vient avec vous.’
‘Bien parlé, tantine !’ s’exclama Louie.
Résigné à son nouvel entourage, le Docteur sourit simplement. Tandis qu’ils se mirent en route, le soleil se refléta sur la neige blanche et propre, et Millie fut momentanément éblouie. Elle leva les mains pour protéger ses yeux, sans être remarquée par les autres qui continuèrent vers le TARDIS.
Ce devait probablement être un flash de lumière, pensa Millie, mais est-ce que les yeux de ce bonhomme de neige n’avaient pas luit pendant une microseconde ? Elle allait appeler les autres, mais changea d’avis, elle les rattraperait bien assez tôt.
* * *
Louie, sa tante et le Docteur tournèrent au coin de la rue, et au bout de la route se dressait la forme rassurante du TARDIS. De l’autre côté de la route, un homme laçait ses chaussures. Il était habillé d’un complet rayé, de chaussures noires chics, et un chapeau melon…
* * *
Millie se dirigea vers le bonhomme de neige. Il ressemblait à des dizaines d’autres à travers la ville. Elle devait juste être ridicule, se dit-elle. Elle leva lentement la main et le toucha. C’était comme de la neige, mais avec quelque chose d’autre; ça vibrait très doucement. Sans prévenir, les yeux, qu’elle avait pris pour deux morceaux de charbon, brillèrent d’un rouge profond.
* * *
Tandis que le trio avançait vers le TARDIS, il y eut une grosse explosion lorsqu’une ligne électrique se brisa en deux et tomba au sol. Des étincelles giclèrent de tous les côtés, et le câble dansa sur la route devant eux comme s’il était vivant.
‘Restez tranquilles, très tranquilles,’ ordonna le Docteur, ‘un mouvement et nous sommes morts.’
* * *
Millie recula lentement, et à son grand effroi, le bonhomme de neige se souleva doucement de quelques centimètres et glissa dans sa direction. Elle se retourna pour courir, mais glissa et tomba dans la neige. Elle regarda par-dessus son épaule, tentant désespérément de se relever, mais c’était trop tard. Le bonhomme approchait de plus en plus, et Millie ne put qu’hurler de terreur.
Deuxième partie
Rachael entendit sa fille hurler au loin, et se tourna instinctivement pour courir dans sa direction. Immédiatement, les câbles électriques jaillirent contre elle, mais Louie plongea sur sa tante et la plaqua au sol avec son meilleur tacle de rugby. Le câble mortel coupa à travers l’espace où elle se tenait moins d’une seconde avant…
Le Docteur chercha son tournevis sonique dans ses poches. Se tournant au même moment, il pointa au câble sous tension, et un son très aigu empli l’air. Le câble bougea dans sa direction à la vitesse de l’éclair, avant de soudain rester bloqué, comme s’il combattait une force invisible. Les secondes semblèrent se transformer en minutes tandis que la bataille faisait rage. Louie et Rachael levèrent les yeux, horrifiés, tandis que le Docteur tint bon. Un léger filet de fumée âcre s’éleva du bout du câble, mais il tentait toujours d’atteindre le Docteur. Sans avertissement, le câble explosa soudain, tombant au sol, sans vie.
Louie et Rachael se relevèrent, mais n’eurent pas le temps de penser à leur fin imminente. ‘Millie, j’arrive !’ cria Rachael tandis qu’ils se mettaient à courir dans la direction d’où ils étaient venus. Sans se faire remarquer, l’homme au complet continua son chemin.
* * *
Louie repéra les empreintes de pied de Millie, et ils se dirigèrent à travers la neige épaisse aussi vite que possible. Les traces s’arrêtaient brusquement, et il y avait une large échancrure dans la neige là où clairement, elle était tombée.
‘Millie ! Millie !’ cria sa mère, dont la voix faisait écho à travers le champ désert. Alors qu’elle baissa les yeux pour regarder le Docteur qui était accroupi dans la neige, elle le vit bouger un tout petit peu, comme pour lui cacher quelque chose. ‘Qu’est-ce que c’est ?’
‘C’est du sang, mais très peu,’ dit le Docteur en se relevant. Rachael pâlit. ‘Je crois que je vais être malade… ma petite fille…’
‘On va la retrouver, tantine,’ fit Louie en plaçant son bras autour de ses épaules. ‘Elle ne peut pas être bien loin.’
‘Mais où est-elle ?’ demanda Rachael, paniquée. ‘A quoi je pensais ? Je n’aurais jamais dû insister pour venir avec vous, Docteur. C’est ma faute…’
‘Rien de ceci n’est votre faute, Rachael. Et… Rachael… regardez-moi. regardez-moi.’ Elle leva les yeux pour voir ceux du Docteur. ‘Nous allons retrouver Millie, je vous le promets.’ Elle soutint son regard, et comprit qu’il était sérieux.
‘On commence par où, Docteur ? Il n’y a que les empreintes de pied de Millie, et les nôtres. Où est-elle passée ?’ demanda Louie.
‘Je n’en suis pas sûr, Louie, mais nous gardons le plan d’origine. Dans le TARDIS, nous pourrons pister à la fois Millie et le phosidium.’
* * *
Ils furent accueillis par le ronronnement rassurant du TARDIS en entrant, le Docteur se déplaçant rapidement en haut de la rampe vers la console, tirant des leviers, et étudiant l’écran avec attention.
‘Il y a des vêtements secs et propres pour vous par-là,’ montra le Docteur d’un signe de la main, à moitié absent puisqu’il se concentrait sur les mesures.
‘Je vais bien,’ protesta Rachael. Le Docteur tournait à toute vitesse autour de la console, et ne la regarda même pas.
‘Vous êtes tous deux trempés. Trempés et gelés. Vous ne serez pas d’une grande aide à Millie si vous attrapez une pneumonie. Donc, habits secs, maintenant, par là.’
‘Allez, viens, tantine, le Docteur a raison. Je suis gelé, il nous faut des habits secs et chauds.’ À contrecoeur, Rachael accepta que Louie l’entraîne dans la direction que le Docteur avait montrée. Passant ses mains dans ses cheveux, le Docteur murmura très doucement, ‘Où est-tu, Millie ? Où ?’
* * *
Millie ouvrit lentement les yeux. Elle avait un mal de tête atroce et pouvait sentir du sang dans sa bouche. ‘J’ai dû me taper la tête,’ se murmura-t-elle. La dernière chose dont elle se rappelait était d’avoir trébuché en s’éloignant du bonhomme de neige infernal.
Elle était allongée sur un engin plat un peu comme un lit, surélevé à un angle de 45 degrés. Ses poignets et chevilles étaient solidement fixés par des boucles métalliques semi-circulaires. Lorsque ses yeux s’ajustèrent à l’obscurité, elle leva la tête et regarda autour d’elle. A côté d’elle se trouvait un engin comme celui sur lequel elle était, et un homme de l’âge de sa maman y était fixé. Même dans la très faible lumière, elle pouvait voir qu’il était d’une pâleur cadavérique.
‘Hello, hello ? Vous m’entendez ? Mon nom est Millie. Millie Peterson !’ Mais il ne répondit pas. Il était inconscient ou pire. Elle tenta de voir s’il respirait, cherchant le plus petit mouvement de son torse, mais il faisait trop sombre. Elle regarda le reste de la salle. Des vieilles briques, et elle pouvait entendre des gouttes d’eau chuter régulièrement pas loin. Une sorte de bâtiment abandonné ? Un peu bizarrement, une console se trouvait juste à sa gauche. Elle n’avait jamais rien vu de tel avant. Les boucles métalliques n’étaient pas très serrées, et elle avait de petites mains, peut-être pourrait-elle se libérer…
Après quelques minutes, ses poignets étaient rouges et douloureux de l’effort, elle pouvait presque sortir ses mains mais pas tout à fait. Une porte qu’elle n’avait pas remarquée s’ouvrit. En silhouette dans l’embrasure se trouvait un homme mince, portant un chapeau melon. Millie sût instinctivement qu’il n’était pas là pour l’aider.
* * *
Tandis que Louie et Rachael revenait dans la salle de la console dans leurs habits secs, le Docteur leur tournait le dos, penché sur la console.
‘Venez voir ça,’ dit-il sans se retourner. A l’écran, une carte des rues était affichée, et un bâtiment en bordure de ville était surligné. ‘Qu’est-ce que c’est ?’ demanda-t-il.
‘C’est une vieille usine,’ lui dit Rachael. ‘Elle a fermé dans les années 80, il y avait des discussions pour la transformer en appartements de luxe il y a un ou deux ans, mais rien n’en est jamais sorti.’
‘Et bien, c’est là qu’est Millie,’ leur dit le Docteur.
‘Comment le savez-vous, Docteur?’ demanda Louie ‘et c’est de l’autre côté de la ville près des bois. Comment pourrait-elle être arrivée là-bas si vite ?’
‘Toute personne qui voyage en TARDIS garde des traces d’énergie Chronon dans son système, et il y a une signature d’énergie Chronon dans ce bâtiment.’
‘Millie ?’
‘C’est fort probable, et il y a plein de phosidium dans les environs immédiats aussi.’
‘Alors qu’est-ce qu’on attend ?’ fit Rachael, se dirigeant vers les portes.
‘Tantine, on n’a pas à y aller à pied, on peut utiliser le TARDIS, non, Docteur ?’ Le Docteur ne répondit pas immédiatement.
‘Louie, tu as fait une remarque très pertinente. Comment Millie a-t-elle été transportée de plusieurs kilomètres dans cette neige épaisse aussi vite ? Et pourquoi avoir pris une fille parmi des millions ? Qu’est-ce qui est si spécial chez elle ?’
‘Elle est très spéciale, Docteur,’ cria Rachael avec plus de force qu’elle n’en avait l’intention.
‘Je sais, Rachael, je sais, ce n’est pas ce que je disais.’ Il plaça une main rassurante sur son épaule. ‘Millie est une remarquable jeune fille, mais qu’est-ce qui la rend si spéciale pour les extra-terrestres ?’
‘Elle vous connait,’ suggéra Louie.
‘Juste !’ déclara le Docteur, ‘et c’est ce qui m’inquiète. S’ils ont pris Millie à cause de sa connexion à moi, alors ils sont prêts à prendre un Seigneur du Temps, et tout ce que cela comporte. Donc on laisse le TARDIS ici. En plus,’ fit le Docteur tandis qu’il tapotait affectueusement la console, ‘elle ne fait pas une entrée très discrète.’
‘Mais alors, comment on y va, Docteur ? Nous devons secourir ma fille, ça va prendre des heures de marcher dans cette neige, et il va bientôt faire nuit.’ Mais le Docteur avait une idée.
* * *
Finalement, la silhouette dans l’embrasure de la porte parla. ‘Une simple femelle humaine. Intriguant.’
‘Qui êtes-vous, et que voulez-vous de moi ? J’ai des amis, ils vont venir me chercher.’
‘Oh, je n’en doute pas,’ répondit la silhouette en avançant dans la salle. Il pencha la tête de côté alors qu’il l’étudiait. ‘Vous n’êtes pas l’écolière innocente que vous avez l’air d’être, n’est-ce pas ?’
‘Je ne sais pas de quoi vous parlez.’
‘Vous êtes imprégnée d’énergie Chronon, c’est pour cela que la sentinelle vous a amenée ici. Vous êtes une associée du Docteur.’
‘Quel docteur ? Le docteur Lamb ? Le généraliste ?’
‘Jouez les idiotes, jeune fille, mais ne me traitez pas en imbécile.’ Il était maintenant penché en dessus d’elle, un sourire cruel aux lèvres. ‘Le Docteur est sentimental, faible. Il va bientôt venir pour vous.’ Il retira son chapeau, révélant des cornes de chaque côté de sa tête, tandis qu’il marquait du bout des doigts le contour de sa joue droite. Millie tressailli, mais réussit à ne pas crier. ‘Votre bravoure est mal placée, fillette, nous aurons bientôt le Docteur et vous serez morte.’ Silencieusement, l’extra-terrestre sorti de la salle.
Désespérément, Millie tenta d’atteindre l’intérieur de la poche de son manteau.
* * *
‘Des Hoverboards3 !’ s’exclama Louie, excité, alors que le trio glissait à grande vitesse en direction de Millie. ‘Woo hoo !’
‘Amy les avait choisis pour Rory, les garçons adorent ce genre de jouets,’ cria le Docteur – l’air sifflant à ses oreilles rendant les conversations difficiles. Les planches flottaient à plusieurs centimètres au-dessus de la neige, corrigeant instantanément leur altitude pour tout obstacle devant eux.
‘Je ne suis même pas capable de faire du roller, comment je tiens debout sur ces trucs ?’ demanda Rachael, un peu effrayée, convaincue qu’elle allait tomber à tout moment.
‘Oh, pas de soucis, ils corrigent d’eux-mêmes les déséquilibres. À cette vitesse, nous y serons dans quelques minutes. On ferait mieux de contourner le bois, par contre. Je n’aime pas l’idée d’essayer de naviguer entre les arbres,’ dit le Docteur.
* * *
Les doigts glacés de Millie attrapèrent enfin l’objet dans sa poche, et elle sorti délicatement sa pommade pour les lèvres. Très doucement, elle retira le bouchon qui tomba au sol, et commença à frictionner la pommade sur son poignet gauche.
‘Si j’arrive juste à en mettre sur ma main…’ Après plusieurs minutes à appliquer précautionneusement la substance grasse sans lâcher le tube, elle plaça son pouce et son petit doigt l’un contre l’autre, et très délicatement, fit glisser sa main hors de du lien. ‘Oui !’ proclama-t-elle triomphalement, libérant rapidement sa deuxième main maintenant qu’elle pouvait bouger plus facilement. Tendant les bras, elle détacha ses lacets et fit tomber ses bottes. Elle pouvait maintenant remuer ses pieds pour les libérer. Sautant au sol, elle récupéra ses bottes, et se dirigea vers l’homme à côté d’elle. Sa respiration était faible, mais il était en vie.
‘Je reviens bientôt, je vous le promets,’ souffla Millie à l’homme, qui bougea au son de sa voix.
‘Geoff,’ dit-il faiblement.
‘Accrochez-vous, Geoff, je ramène de l’aide.’ Remettant ses bottes, elle se dirigea vers la porte sur la pointe des pieds. Ne voyant pas d’obstacle, elle lança un dernier regard a Geoff et sorti.
* * *
‘Docteur, est-ce que les planches vont pouvoir passer sur une rivière gelée ?’ demanda Louie, alors qu’ils fonçaient vers un cours d’eau local.
‘River ? River est là ? Où ça ?’4 Le Docteur commença à regarder partout avec acharnement, perdant presque immédiatement l’équilibre. Malgré ses prédictions d’avant, il tomba de la planche, heurtant le sol. Fort.
* * *
L’extra-terrestre retourna dans la salle où Millie était quelques instants avant. Notant qu’elle avait disparu, il frappa du poing sur la console, furieux. Elle était l’appât – il avait besoin d’elle ! Il activa un système de communication déguisé en montre à son poignet. ‘Collègues, nous ne pouvons plus attendre, activez les sentinelles.’
* * *
A travers toute l’Europe, les yeux des bonhommes de neige, dans chaque village, ville et mégalopole, brilla de rouge. Lentement, ils se mirent à léviter, et commencèrent à glisser silencieusement le long des routes et des rues.
* * *
‘Tantine Rachael, nous devons revenir en arrière pour le Docteur.’
‘Je sais, mais comment on tourne ces trucs, voir même on les arrête ?’ Louie tenta de sauter mais la planche corrigea simplement sa trajectoire automatiquement.
‘Je ne sais pas, peut être que l’on pourrait les guider dans les bonhommes de neige là bas ?’ Rachael vit un groupe de bonhommes de neige et fit un signe de tête approuvant son idée, et ils manœuvrèrent donc dans cette direction.
Sans avertissement, deux des bonhommes de neige s’élevèrent dans les airs, leurs yeux brillants. Immédiatement, Louie et sa tante sentirent une chaleur infernale à travers leur corps, les faisant crier de douleur.
* * *
Millie avait trouvé la sortie. Elle reconnut le bâtiment, et progressait lentement le long de la façade de l’usine, en direction des bois tout proches, raisonnant que les arbres lui donneraient une meilleure protection que la route ouverte. Juste quand elle allait passer les derniers mètres en courant, dans la sécurité relative du feuillage, une sentinelle bonhomme de neige glissa dans son champ de vision. Elle pressa son dos au mur, n’osant même plus respirer.
* * *
Le Docteur était couché sur le dos, temporairement hors d’haleine. Il se redressa sur les coudes, regardant autour de lui après ses amis. A son grand effroi, il vit qu’ils étaient attaqués. Il se remit debout, tentant d’attraper son hoverboard, mais c’était trop tard. La lumière rouge s’intensifia autour d’eux, et ils disparurent.
Troisième partie
Le Docteur se tenait seul dans le champ, son hoverboard à la main. D’abord Millie, et maintenant Louie et sa tante Rachael. Tous pris, ou pire… Avec les bonhommes de neige ayant attaqué ses amis s’avançant vers lui, il sauta sur sa planche et fila rapidement. Il approcherait quand même de l’usine par les bois, finalement.
* * *
Millie retint son souffle pour ce qui lui sembla une éternité. La sentinelle scannait le voisinage immédiat, mais tant qu’elle restait cachée dans l’ombre du bâtiment, elle n’était pas repérée, et la sentinelle finit par repartir. Elle respira, haletant, puis sprinta à travers le terrain ouvert et dans la relative sécurité des bois.
* * *
L’extra-terrestre en complet, Fasheith, était en train d’examiner l’homme inconscient dans l’espèce de laboratoire, lorsqu’un autre extra-terrestre entra. A l’exception de quelques traits légèrement différents, il était identique en apparence à Fasheith. Levant les yeux, une expression de perplexité traversa son visage.
‘Où sont les autres, Hazneer?’
‘Ils sont encore à Londres, concluant les négociations avec les Zu’nar, et coordonnant une réponse à l’attaque militaire sur nos sentinelles. Votre jugement qu’il était sans danger de révéler notre présence était prématurée. Les humains sur ce continent ne sont pas encore assez affaiblis. Le ton d’Hazneer était coupant, abrupt. Clairement, les deux n’étaient pas amis.
‘Nous devons être tous les douze ici,’ fit Fasheith hargneusement, ignorant la critique de son analyse tactique. ‘Cela nous a pris plusieurs décennies pour nous approcher autant du Seigneur du Temps.’
Hazneer considéra la possibilité de continuer l’argument, mais il pouvait s’occuper de Fasheith plus tard si nécessaire. ‘Montrez-moi les analyses de la fille.’
* * *
Millie était accroupie dans la végétation dense. Des lumières rouges se reflétèrent dans les arbres lorsque le soleil commença à se coucher. Des sentinelles bonhommes de neige. Elle n’avait parcouru qu’à peine 500 mètres lorsqu’elle dû se mettre à couvert. Il y en avait au moins six patrouillant. D’après les quelques coups d’oeils fugitifs qu’elle avait osé, ils avaient l’air de chercher quelqu’un – elle.
‘Je dois trouver le Docteur,’ pensa-t-elle, mais elle n’osa pas bouger. Le plus petit bruit alerterait les sentinelles de sa présence. Ayant de plus en plus froid, elle s’installa. Cela risquait d’être une longue attente.
* * *
‘Il n’y a aucun doute que de l’énergie Chronon était présente dans son corps,’ dit Fasheith. ‘Les perturbations temporelles ont été détectées il y a plusieurs heures. J’ai pisté le vaisseau du Docteur. Une tentative pour le récupérer non loin a échoué, mais utiliser la fille comme appât est une solution plus simple.’
‘Une fille, une fille humaine,’ se moqua Hazneer, ‘que vous avez laissé échapper.’
‘Elle ne peut pas être bien loin, les sentinelles vont très bientôt la capturer. De plus, cela ne sera même pas forcément nécessaire.’
‘Vous avez dit vous-même qu’il nous la fallait comme appât.’ Hazneer était de plus en plus exaspéré par son collègue.
Un sourire glacial passa sur le visage de Fasheith. ‘Il y a plus qu’une sorte d’appât.’ Les deux se retournèrent tandis que Louie et tante Rachael étaient poussées dans la salle par une sentinelle.
* * *
Le Docteur avançait à pied entre les arbres, évitant soigneusement les bonhommes de neige qui semblaient partout. Il frôla une branche morte qui cassa immédiatement. Il se figea tandis qu’un brusque craquement se réverbérait à travers la forêt.
* * *
Le soulagement de Rachael en entendant que sa fille était vivante et libre s’évapora lorsque les extra-terrestres à cornes fixèrent son neveu à un engin diabolique. ‘Laissez-le tranquille !’ cria-t-elle, malgré qu’elle était prise dans un rayon de lumière projeté par les yeux de la sentinelle. Louie était fermement attaché, exactement là où Millie avait été à peine une heure avant.
‘Observez ces indications,’ dit Fasheith en ignorant Rachael tandis qu’elle continuait de les supplier.
‘Ce n’est qu’un enfant,’ implora-t-elle.
‘Elles montrent une amélioration significative par rapport au spécimen adulte. Plus grande adaptabilité, structure du squelette supérieure moins fragile aux dommages, et plus grande résistance. Les Zu’nar vont vouloir modifie leur commande.’ Hazneer fût impressionné par les trouvailles de son collègue, mais refusa de l’admettre.
‘Je vais alerter le reste du conseil,’ dit-il simplement.
* * *
Le rougeoiement des yeux de la sentinelle semblait se déplacer au loin. ‘Maintenant ou jamais,’ pensa Millie, mais alors qu’elle allait se relever, quelque chose se pose sur sa bouche. Comment avait-elle pu être aussi bête ! Mais soudain, ce qui la retenait la relâcha doucement. Elle se retourna et le soulagement l’envahi.
‘Doc…’ mais elle se tût lorsque le Docteur porta un doigt à ses lèvres. Il lui fit signe de le suivre.
* * *
‘Les Zu’nar examinent vos découvertes,’ fit Hazneer sèchement. Fasheith ignora son ton. Il savait que les Zu’nar ne pourraient pas résister à ce qu’ils pouvaient maintenant offrir, et il avait trouvé le Docteur, la clé de leur salut. Geoff Bluth commença à remuer.
‘Un autre exemple de la supériorité des jeunes unités,’ déclara Fasheith. ‘Le plus vieil humain a été inconscient des heures.’
Louie avait écouté attentivement leur discussion, et finalement se fit entendre. ‘Quoi, vous pensez que les enfants sont supérieurs aux adultes ? Dites-moi quelque chose de nouveau. N’importe quel gosse de la planète sait ça.’
‘Ce qui est la raison pour laquelle les Zu’nar vont acheter les jeunes de votre espèce.’ ‘Vous allez vendre des enfants ?’
‘Précisément, donc nous n’avons plus besoin de ces spécimens décrépits,’ fit Fasheith en indiquant Rachael et Geoff.
‘Eteignez leurs vies !’5 ordonna-t-il à la sentinelle. L’homme eut un halètement de surprise, et Rachael tomba à genoux tandis que la sentinelle avançait pour exécuter ses ordres.
* * *
Le Docteur s’approchait de la porte latérale de l’usine. La serrure était solidement verrouillée par la rouille; le tournevis sonique n’allait pas aider. Fouillant ses poches, il trouva une pièce de fil de fer, et commença à prudemment nettoyer la serrure, ne remarquant pas la sentinelle qui surveillait chacun de ses mouvements.
* * *
‘Stop !’ ordonna Hazneer, et la sentinelle s’arrêta. ‘Les humains sont des créatures sentimentales, la femme peut servir à contrôler le garçon.’ Fasheith approuva d’un signe de tête. Rachael était rongée par la douleur, à plat sur le sol, mais vivante.
‘Oh, tantine,’ fit Louie au désespoir.
‘L’homme est comme mort, enlevez-le d’ici,’ fit Fasheith froidement. Tandis que la sentinelle se déplaçait pour obéir, elle se tourna vers Fasheith, communiquant silencieusement avec lui. ‘Le Docteur est là.’
‘Envoyez les sentinelles le capturer !’ aboya Hazneer. ‘Non, laissez-lui croire qu’il a l’élément de surprise, il vient à nous.’ ‘Je vais appeler les autres.’
* * *
Le Docteur se faufila dans le bâtiment. Malgré les nombreuses sentinelles au dehors, il ne semblait pas y en avoir à l’intérieur, et le bâtiment était étrangement silencieux. Il entendit un faible bruit au loin – une femme souffrante – et se déplaça plus profondément dans la structure.
* * *
‘Qu’est-ce que vous nous voulez ?’ demanda Louie.
‘Ce n’est pas vous que nous voulons, humains,’ répondit Hazneer, ‘Vous n’êtes rien qu’une marchandise facile à acheter et à vendre sur les marchés intergalactiques. Et les Zu’nar sont prêts à payer un prix très élevé pour chaque paquet de 100,000 unités.’
‘Vous allez vendre 100,000 personnes comme esclaves ?’
Les deux extraterrestres se mirent à rire avec mépris. ‘Nous vendons des milliers de paquets, et continuerons à le faire indéfiniment. Nous allons faire une rotation entre vos continents afin d’assurer un flux tendu. D’ici que les réserves des autres continents soient vidées, celles du vôtre, l’Europe, seront à nouveau pleines. Une source de revenu constante pour le Conseil, et des travailleurs pour les Zu’nar.’
‘Mais à l’encontre de toutes les lois intergalactiques connues,’ interrompit le Docteur, appuyé nonchalamment contre l’embrasure de la porte.
‘Enfin, nous nous rencontrons, Docteur,’ fit Hazneer, mais le Docteur l’ignora tandis qu’il aidait Rachael à se relever.
‘Millie ?’
‘En sécurité. Loin d’ici à l’heure actuelle.’ La nouvelle calma Rachael; quoi qu’il lui arrive, sa fille chérie allait être ok. Encore affaiblie, elle s’appuya au mur pour s’aider. Le Docteur retourna son attention vers les extraterrestres.
‘Vous êtes des Scrollnée; depuis quand êtes-vous marchands d’esclaves ?’ ‘Nous ne sommes pas juste des Scrollnée, nous somme Le Conseil, leurs chefs.’
‘Le Conseil ? Mais Le Conseil a été renversé par une révolution populaire il y a des années. Tous les membres du conseil furent déclarés tués lorsqu’ils tentèrent de fuir la planète.’
Hazneer sourit. ‘Presque correct, Docteur. Nos corps périrent, mais nous avons survécu.’
‘Ça n’a pas de sens,’ interrompit Louie. ‘Vous marchez et vous parlez. Y’a pas beaucoup de morts qui font ça.’
‘Nos corps ne sont que des cadavres animés par notre conscience.’
‘Vous voulez dire…’ Fasheith déboutonna sa veste et leva sa chemise, révélant de la chair en décomposition.
‘Je croyais que le Conseil des Morts était juste un mythe, une histoire effrayante à raconter aux faons Scrollnée,’ fit le Docteur, incrédule. ‘Mais là, vous utilisez de la petite délinquance; je n’aimerais pas être dans vos chaussures bien cirées lorsque les Judoon vous rattraperont.’
‘Les Judoon ne sont pas à notre hauteur.’
‘Paroles courageuses, sans aucun doute, mais quelques morts contre une planète entière plus la police intergalactique ?’
‘Nous ne sommes pas nombreux, mais nos transactions commerciales ont fourni beaucoup d’argent, et avec l’argent vient le pouvoir. Le pouvoir d’acheter des armes avancées et d’assembler des armées d’une taille inimaginable.’
‘Moui, enfin, une mauvaise chute, et vous n’allez plus nulle part,’ continua le Docteur. Une femme Scrollnée s’avança depuis un coin d’ombre.
‘Il suffit ! Attachez-le.’ D’autres Scrollnée apparurent, attrapant le Docteur, le fixant à une machine près de Louie. Pour des morts, ils avaient une poigne ferme.
‘Nous tuer ne servira à rien,’ leur dit Rachael en avançant d’un pas chancelant.
La femme l’observa. ‘Vous tuer ne m’amuse plus,’ répliqua-t-elle d’un ton dédaigneux, ‘mais lorsque nous tuerons le Docteur, le dernier Seigneur du Temps, il va commencer à régénérer.’ Finalement, le Docteur comprit l’étendue de leur plan.
‘C’est pour ça que vous me vouliez moi ! Vous allez tenter d’utiliser l’énergie de ma régénération pour rajeunir vos corps, pour vivre à nouveau.’
‘Vous trichez avec la mort, Docteur, et maintenant, le Conseil des Morts aussi, nous allons renaître ! Éteignez leurs vies5 !
Tandis que la machinerie était activée, chaque fibre dans le corps du Docteur était en feu, il commençait à perdre conscience, une régénération imminente. Une faible lumière jaune commença à apparaitre au bout de ses doigts, lumière qui était dirigée sur les membres du Conseil réunis autour de lui.
Tandis que la lumière commençait à s’intensifier, un courant d’air traversa la salle, et un grincement-gémissement-sifflement remplit l’air. Le TARDIS se matérialisa de l’autre côté de la salle, et Millie en sorti d’un pas assuré. Elle tenait un objet en forme d’oeuf dans les mains. ‘Relâchez-le, tout de suite !’
Mais les Scrollnée l’ignorèrent tandis qu’ils se nourrissaient de l’énergie. Réalisant qu’ils n’allaient pas obéir, Millie pressa une petite indentation sur l’objet. L’effet fût immédiat et dramatique.
La lumière jaune disparut brusquement, et le Conseil des Scrollnée hurla à l’unisson. Tandis qu’ils se nourrissaient de l’énergie, ils avaient relâché leur contrôle mental sur leur corps. Sans leur volonté absolue de continuer à vivre, les corps commencèrent à se tordre en des formes grotesques, avant de s’effondrer au sol. Rapidement, ils ne furent plus que de la poussière au sol.
‘Alors ça c’est ce que j’appelle une entrée, Mills!’ s’exclama Louie, tandis que Millie s’occupait de le libérer. Rachael fit de même pour le Docteur, avant de serrer sa fille dans ses bras.
‘Mais comment as-tu fait pour piloter le TARDIS ?’
‘Oh, je ne l’ai pas fait, pas vraiment. Le Docteur m’a donné un dispositif de guidage à brancher dans la console, et dès que je l’ai fait, le TARDIS a dématérialisé, m’amenant ici. Et le Docteur avait justement cette petit chose,’ dit-elle en montrant le puissant engin, ‘sur lui quand il m’a trouvée dans les bois.’
‘Vous saviez que c’était le Conseil des Morts tout du long ?’ demanda Louie, incrédule.
‘J’ai vu un homme en costume trois pièces rayé, avec un chapeau melon, du coin de l’oeil quand nous avons été attaqués dans la rue. Pas très typique comme habits pour ces jours.’
‘Mais alors vous étiez juste en train de les mener en bateau, avant ?’
‘Je devais donner le temps à Millie d’atteindre le TARDIS,’ répondit-il. Le Docteur s’approcha des commandes Scrollnée. ‘Quelques altérations mineures devraient suffire à s’occuper de nos bonhommes de neige inamicaux.’ A travers toute l’Europe, les sentinelles bonhommes de neige se désintégrèrent lorsque l’énergie déferla dans leur corps robotique.
‘Mais les Zu’nar ? Est-ce qu’ils ne sont pas encore quelque part en dessus de nous ?’ demanda Rachael.
‘Pour eux, ceci était une simple transaction d’affaires. Je pense que le Conseil leur avait dit qu’ils avaient le contrôle de la Terre. Lorsque je les mettrai au courant de la situation, ils se retireront sans problème. Ils ne voudront pas avoir à faire aux Judoon.’ Millie regarda autour d’elle.
‘Avez-vous vu un homme ? Il s’appelle Geoff – Il était enfermé avec moi.’ Le visage de sa mère s’effondra, et Millie cru qu’elle allait pleure. ‘Je lui ai dit que je reviendrai l’aider.’
‘Non, non, Millie, c’est OK,’ fit le Docteur. ‘Je l’ai trouvé abandonné dans un couloir où il avait été laissé pour mourir, mais il est plus résistant que les Scrollnée le croyaient. Il est vivant, Millie.’
Soulagée, elle sourit. ‘Il faut qu’on l’amène à l’hôpital,’ déclara-t-elle.
* * *
Plusieurs jours plus tard, le soleil avait fait fondre les tas de neige, et la vie retournait lentement à la normale. Millie et Louie étaient assis sur les balançoires du parc local avec le Docteur, se balançant gentiment. C’était si difficile de croire que tout ça avait réellement eu lieu.
‘Alors, quand vos parents ont dit que je pouvais vous emmener pour une journée, j’avais quelque chose d’un peu plus excitant à l’esprit,’ en hochant la tête en direction du TARDIS6 .
* * *
Les amis se tenaient sur le seuil du TARDIS, regardant dehors.
‘Trois, deux, un,’ compta le Docteur. Et dans la noirceur de l’espace, une lumière bleue et brillante fusa de l’horizon avant qu’une cascade de couleurs s’étale devant eux.
‘La nébuleuse Salcreyan…’ soupira Louie, tandis que les cousins se tenaient la main et regardaient émerveillés.
FIN
1 « Oh my giddy aunt » est une expression du 2nd Docteur.
2 Le 10e Docteur avait une « fixation orale », léchant tout et rien pour tester…
3 Les hoverboards sont une invention des films « Retour vers le Futur ».
4 River n’est censée venir à lui que dans les cas graves, mais quand même, c’est une nouille, ce Docteur, des fois.
5 « Extinguish life » peut se traduire par exterminez, mais ce ne sont pas les bons ennemis pour ça…
Le texte
Version HTML et pdf officielles sur le site de la BBC:
http://www.bbc.co.uk/doctorwho/dw/news/ac_day_24
Discussion
Toute la discussion sur cette histoire est ici:
http://doctorwho.xooit.fr/t2712-Livre-Attack-of-the-Snowmen-en-VF.htm
Écrit par Mark B. Oliver
Traduction par Midori
Relecture par Aude
Vignette de Nanou