Cette histoire courte du dixième docteur est parue sur le site web de la BBC pour marquer le 40e anniversaire de l’allunissage. si vous êtes trop jeunes pour vous en souvenir, demandez à vos parents ce que représente le 16 juillet 1969, et la phrase « THE EAGLE HAS LANDED!!! » !
BLUE MOON
de OLI SMITH
PROLOGUE
20 juillet 1969, quatre jours dans le futur du Docteur.
La terre était comme suspendue dans une aube éternelle au dessus du cratère, la rotation de la lune étant parfaitement alignée avec son orbite autour de la planète. Le Docteur avait déjà essayé de calculer les probabilités d’une telle coïncidence. Mais il s’était ennuyé ou avait été distrait, il ne se rappelait plus. Les bordures métalliques de sa combinaison spatiale grinçaient contre la vielle chaise longue lorsqu’il bougeait, tentant de ne pas s’endormir. Le vide presque complet autour de lui créait une tranquillité inimitable. Le silence.
Enfin, pas tout à fait. Le Docteur leva brusquement la tête quand le son amical des cordes craquela dans son oreillette; il tendit la main et tourna les boutons de la radio sans fil à ses pieds, les parasites résonnant lorsqu’il atteignit l’extrémité de la portée. Faux bouton. Il tourna dans l’autre sens et chercha le volume.
« C’était ‘The Archers’ sur Radio 4. Et maintenant, nous allons bien loin d’Ambridge, et vous invitons… »
Le Docteur leva les bras de frustration, « Est-le moment ? » Ça n’allait pas. Il se leva d’un bond, fouillant les poches de son costume. « Télescope, télescope. Ah ! » Il brandit l’instrument, le faisant claquer pour l’étendre au maximum, et le claqua sur sa visière.
La violente lumière du soleil sur le pourtour du cratère l’aveugla pour un instant, mais rapidement, il eu la sphère bleue de sa planète préférée en vue. Et effectivement, un peu à droite, un éclair argenté, fonçant sur lui.
Apollo 11.
Encore éloignée de quelques milliers de miles, mais se rapprochant à chaque seconde.
Aujourd’hui, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’homme allait marcher sur la lune.
Mais pas avant une bonne heure.
« Prenez votre temps, les gars, ça n’est pas encore tout à fait prêt, » dit-il en levant les mains dans un geste de ‘doucement, là’.
Il replia le télescope de la paume de la main et en tapota son épaule impatiemment. S’il y avait un temps pour faire les cent pas, c’était bien le moment.
Ayant décidé du meilleurs plan d’action dans la situation en cours, il commença à faire les cents pas autour de sa chaise-longue à toute vitesse, de grandes enjambées améliorées par la gravité lunaire.
A son quatorzième circuit, le Docteur réalisa que cela ne l’aidait pas du tout, et s’affala dans sa chaise. Il posa la radio sur ses genoux et commença à tourner le bouton de la fréquence.
« Où êtes vous ? Où êtes vous ? » se plaignit-il.
Soudain, il toucha le bon point. Une note parfaite sonna, suivie d’une autre, accompagnant une exquise harmonie mineure. Le Docteur siffla sa propre réponse en posant la radio soigneusement au sol, et leva les bras au ciel, comme s’il offrait la plus grande accolade du monde.
Lumière.
Le geste se transforma promptement en un bouclier pour ses yeux lorsqu’un rai de lumière extrêmement claire inonda le cratère d’en dessus, si forte que le Docteur pouvait presque sentir la poussière onduler autour de ses pieds.
Ses lunettes se tintèrent, mais cela ne suffisait pas.
A travers le plus petit plissement d’yeux qu’il pu faire, le Docteur cru pouvoir distinguer l’ombre d’un disque dans la lumière.
Une soucoupe volante. Classique.
Il respira profondément pour respirer, bombant le torse tandis qu’il se levait pour s’adresser aux visiteurs.
« Merci d’être venu, » dit-il. « Il y a quelque chose que je voudrais vous dire. »
CHAPITRE 1
16 Juillet 1969
« Magnifique, magnifique. Juste magnifique. Vous savez qui apprécierait cela ? Monnet » le Docteur fit un geste de la main tenant un demi sandwich au fromage, montrant l’autre côté du tarmac du Kennedy Space Center. La forte chaleur de juillet faisait scintiller une parfaite réflexion du ciel bleu sur le sol. Un vol d’oiseau passa au dessus.
« Complètement inutile pour lui, bien sûr, la pire qualité de vision que j’aie jamais vu. Il pensait sérieusement qu’il était un des grands réalistes de son époque ! »
Il fut distrait par une tape sur son épaule, la vielle dame assise derrière lui porta un doigt à ses lèvres.
« Gamin, je n’entends plus le compte à rebours. »
« Désolé. » Le Docteur s’excusa avec une grimace et se retourna face à l’aire de lancement. Il commença à remballer son sandwich dans la feuille d’aluminium, puis se ravisa.
Une voix graveleuse à travers le système de hauts-parleurs résonna à travers les gradins, à plus de trois kilomètres de la masse fumante de Saturn V.
« Sept…. Six…. »
Le Docteur balaya du regard les rangées de gens parmi lesquels il était assis, essayant de trouver un visage portant un sourire excité correspondant au sien, mais ils étaient tous terriblement sérieux. En toute équité, pensa-t-il, les missions Apollo n’avaient pas été des exemples de réussite facile jusqu’à ce moment.
Il souhaita un moment pouvoir leur dire, rassurer les amis et familles dans la foule que tout allait bien se passer. Aujourd’hui était le jour, le début du voyage de l’humanité pour ses premiers pas sur un sol extra-terrestre.
Il souhaita pouvoir leur dire.
Mais pourquoi gâcher la surprise ?
Puis, soudain, cela ne fit plus de différence qu’ils sachent ou non. L’onde de choc s’écrasa contre les gradins, se brisant en millions de petits souffles d’air. La frange du Docteur tomba sur ses yeux avant d’être rapidement repoussée en arrière. Un profond grondement remplit l’air.
‘Allumage. Allumage réussi.’
Les oiseaux s’éparpillèrent.
Le grondement se transforma en rugissement, et il regarda de grandes plumes de fumée d’un blanc pur s’élever en tourbillons d’en dessous de la tour de lancement, divisant le ciel et le tarmac ondulant. Il fallu plusieurs secondes à la fusée pour se libérer de l’échafaudage rouge l’entourant, et le Docteur pouvait sentir le poid de la bête lutant contre la gravité terrestre dans un effort pour se libérer.
« A vous couper le souffle, » murmura-t-il.
Finalement, lorsque Saturn V ne fut plus qu’un point brillant dans le ciel, le silence inquiet se rompit et la foule éclata en applaudissement, debout, acclamant. Le Docteur se tourna vers la vielle dame derrière lui qui, agacement précédent oublié, failli le renverser en le serrant dans ses bras avec enthousiasme.
« Ça apprendra à ses cocos de Russes, » dit-elle triomphante.
Le Docteur sentit l’émotion de la foule lui passer au travers. « Regardez-vous, » dit-il à personne en particulier. « Il y a des planètes là dehors qui vous traiteraient de bande de cinglés pour avoir fait ça. Embarquer trois hommes dans une boîte de conserve remplie de l’équivalent d’un gratte-ciel en fuel, les lancer à travers l’atmosphère dans les conditions les plus dures imaginables, avec rien de plus qu’une calculette de poche pour les guider. Pour quoi? Juste parce que vous pouvez. C’est pas lunatique, c’est de la bravoure et du courage et je ne sais pas quoi. C’est tout simplement… brillant.’
Pour une fois, le Docteur était à court d’adjectifs.
Il se tourna à nouveau vers la tour, entourée à ce moment de camions et voitures de pompiers, des gens courant dans tous les sens. Le calme magique avait été brisé, et le temps du nettoyage et du rangement était venu. Mais il y avait quelque chose qui détonnait.
Le Docteur plissa les yeux.
Une longue limousine noire glissait sur le site, se dirigeant vers Mission Control.
« D’une manière ou d’une autre, je ne crois pas que vous soyez là pour aider au nettoyage, » dit-il, lunettes soudain en place sur son nez.
Pas du genre à manquer l’action, le Docteur remballa rapidement son sandwich, le glissant dans la poche de veste de la vielle dame tandis qu’il lui serrait la main, et commença à se déplacer à travers les gradins.
« Pardon. Excusez-moi. Le Docteur arrive ! »
Très vite, il traversait le tarmac en courant, les mains dans les poches cherchant son papier psychique.
* * *
Le transcript suivant fût transféré aux archives Torchwood après la fin de ❚❚❚❚❚; son authenticité n’a pas été vérifié. 16 juillet 1969, 10:43, Apollo ❚ Cockpit.
❚❚❚❚❚Nous avons moins de fuel que prévu, mais ❚❚ facilement dans les limites de sécurité❚❚❚, si ça ne vous ennuie pas, je vais aller me dégourdir les jambes.
Houston: C’est positif, amusez-vous bien.
❚❚
❚❚❚❚❚
❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚❚
❚❚❚❚❚❚
❚❚ Attendez, ❚❚❚, pouvez-vous vérifier ❚ ❚❚ gauche ? J’ai cru voir une lumière.
❚❚❚ Où ? Hors de la fusée ?
❚❚❚ Oui, une lumière vraiment forte, comme une sorte d’étoile plate. Regardez ! Il y a quelque chose d’autre là dehors !
C’est juste parti très rapidement sur la gauche ❚❚❚. J’ai perdu le visuel.
❚❚❚Probablement des débris de la séparation du réservoir de fuel. Rien d’important.
❚❚Les débris ne font pas de virages à 90 degrés.
* * *
étonnement, le Docteur avait atteint Mission Control le premier. En fait, du temps que les occupants de la mystérieuse limousine noire entrent dans le grand hall des ordinateurs et des voix babillardes sentant la fumée et la sueur, il s’était déjà présenté à la moitié de l’équipe.
‘Hello, je suis le Docteur, et vous êtes ? Justin ? Enchanté de vous rencontrer, Justin. Vous faites un travail brillant, continuez comme ça ! Et bonjour vous aussi, votre nom est … ? » Chaque salutation était ponctué d’une sérieuse poignée de main.
Le chef de mission Cliff Boxworth passa une main dans ses cheveux en totale perplexité à l’étrange individu dégingandé bougeant à toute vitesse dans sa salle de contrôle. La façade solennelle que le Docteur avait présentée en ouvrant son laisser-passer d’accès toutes zones d’une main avait été remplacée par une joie enfantine. Jamais de toute sa carrière Cliff n’avait rencontré quelqu’un comme ça.
Tout à coup, le Docteur fut à côté de lui, passant un bras autour des épaules du chef de mission.
« Quelle équipe, hein, Cliff ? Tous des types fantastiques 1. C’est vraiment dommage qu’ils ne reçoivent pas la reconnaissance qu’ils méritent, je trouve. Bien sûr, c’est Neil et Buzz qui vont atterrir sur la lune et planter le drapeau et jouer au golf, mais sans tous ces gens fantastiques ici en bas… » Il montra du bras l’ensemble de la salle en guise d’explication. « Sans ces héros de l’ombre, rien n’aurait pu avoir lieu. » Il toussa rapidement. « Désolé, je veux dire rien ne pourra avoir lieu. »
L’opinion qu’avait Cliff du Docteur augmenta magistralement. Il redressa sa cravate et se tint droit. « Oui, bien sûr. Je suis très fier de mon équipe. Nous somme trous très honorés de faire partie de cette aventure. Bien sûr, ce n’est pas aussi glamour que d’aller là haut, mais ce n’est pas la seule chose importante, n’est-ce pas Docteur ? »
« Définitivement, » fit le Docteur avec un sourire. « Et rien ne sonne comme amusement qu’un bon graphique ou un tableau, de toutes façons. » Il se frotta les mains. « Alors, y-a-t’il quelque chose que je puisse faire pour aider ? »
Le chef de mission fut interloqué. « Heu, et bien, je crois que nous avons tout sous contrôle, en fait. »
« Vraiment, êtes vous certain ? Je suis très doué pour, heu, tout en fait, et je serais ravi d’aider. Vous savez quoi ? Qui voudrait une bonne tasse de thé ? Quelqu’un ? ». Il mis ses mains en porte-voix pour se faire entendre par dessus le bruit des échanges radio.
« J’ai dit Quelqu’un veut du thé ? » cria-t-il, « Levez la main s’il vous plaît ! »
Il fit l’addition des mains, « Vingt quatre. Très bien. Je vais chercher un plateau. » Le Docteur tourna et se dirigea en coup de vent par les escaliers du fond de la salle, Cliff criant dans sa direction.
« Deux sucres pour moi, s’il vous plaît, et léger sur le lait. »
Le Docteur leva le pouce en acquiescement.
Alors qu’il atteignait les doubles portes, il emboutit presque les deux personnes vêtues de costumes stricts, sortis de la limousine, et attendant patiemment en arrière plan. Il les avait oublié.
Ils n’avaient pas l’air impressionnés. Une expression qui resta même après que le Docteur leur ait proposé du thé à eux aussi.
« Non merci. »
« Comme vous voulez, » fit le Docteur. « Je suis le Docteur, au fait. » Il montra son papier psychique. « Et vous êtes ? »
« Agents Spencer et Milledge, Services Secrets. » répondit le plus grand des deux.
« Vraiment ? Moi aussi, mais je ne vous ai jamais vu aux fêtes de Noël des services secrets, pourtant. Dans quel département êtes-vous ? »
« C’est classifié, » répondit le plus petit des deux.
« D’accord. » Le Docteur se glissa entre eux et à travers les portes. « Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, j’ai un plateau à trouver. »
* * *
Le transcript suivant fût transféré aux archives Torchwood après la fin de ❚❚❚; son authenticité n’a pas été vérifiée.
16 juillet 1969, 23:57, cockpit Apollo ❚❚
❚❚❚ Puis-je avoir une vérification d’heure s’il vous plaît ❚❚❚?
Houston: Ouais, sur. Onze cinquante sept pour vous les gars là bas en haut.
❚❚ Merc-
*statique*
Qu’est ❚❚❚ ce que ce bruit, pouvez vous le mettre en fréquence générale ?
❚❚❚ en cours.
*bruit non identifié, peut être un sample de musique.*
❚❚❚❚ Une espèce de lumière, ❚❚❚❚ dehors.
Houston, je voudrais signaler une lumière très claire et intense dans le cockpit.
❚❚❚❚ Non, je n’essaie pas d’être drôle, Houston, mais ça nous fait peur, là.
Houston: ❚❚❚ n’indique rien, pouvez-vous s’il vous plaît identifier la source de lumière ?
❚❚❚ Oh mon ❚❚❚ là, je peux les voir. Positionnés à deux, cinq et huit heures. Plus de l’autre côté.
❚❚❚ Il a raison il y a ❚❚❚❚ d’autre là haut. Houston, il y a six silhouettes blanches volant en formation avec Apollo. Les objets sont non-identifiés.
Houston: Changement pour une fréquence alternative ❚❚, confirmez s’il vous plaît.
* * *
C’est Justin qui reçu l’appel d’Apollo Onze. Ses collègues se précipitèrent immédiatement à leurs bureaux en entendant les nouvelles, cherchant désespérément des signes de missiles russes. Les tasses de thé pointillaient la salle, complètement oubliées.
Mais il n’y avait rien.
« Il y une transmission, monsieur, fréquence différente d’Apollo, mais je n’ai aucune source ou trace d’aucune sorte. »
Cliff remonta fiévreusement ses manches. « Mettez là sur les hauts parleurs, Justin. »
Il pressa un bouton et la salle de contrôle devint silencieuse tandis que cinq notes en accord surnaturel retentissaient autour du message paniqué des astronautes. Les notes alternaient a des intervalles apparemment irréguliers, mais maintenant tout du long une harmonie mineure très pure.
Le Docteur tendit l’oreille. « Ce ne sont pas les Russes », marmonna-t-il, et fonça vers l’ordinateur le plus proche. « Justin, pouvez-vous me donner la gamme d’ondes du signal ? »
« Euh, je vais essayer. » Il commença à taper au clavier
« Docteur, ça vous ennuie de me dire ce que vous faites ? Vous avez peut-être l’autorité pour être présent, mais il n’y a pas de rang qui puisse vous laisser interférer avec notre travail. » Cliff attrapa le Docteur par l’épaule, mais celui-ci se libéra immédiatement.
« Du calme, Cliff, vous avez besoin de moi. Ceci n’est pas un tour des Russes, c’est un alien, et juste là, je suis la seule personne qui pourrait avoir les connaissances nécessaire pour savoir ce qu’ils veulent ! »
Il y eu cliquetis calme derrière sa tête et Cliff recula, révélant l’agent Spencer, revolver en main.
« Je crois que vous vous trompez, Docteur, » grommela Spencer. « éloignez-vous de cet ordinateur et levez les mains. »
Sans enthousiasme, le Docteur obéit, poussez vers le côté de la salle par un mouvement du pistolet. L’agent Milledge pris sa place pour s’adresser à la foule apeurée.
« Nous sommes les agents Spencer et Milledge, Services Secrets. D’après le Code Sept du Projet Blue Book révisé, nous invoquons les droits approuvés par feu le Président John F. Kennedy concernant les premiers contacts. »
« En bref, » fit l’agent Spencer avec un sourire crispé, « maintenant c’est nous qui commandons. »
CHAPITRE 2
17 Juillet 1969
Le Mission Control qui avait accueilli l’aube du 17 juillet était très différent de celui que le Docteur avait si joyeusement infiltré la veille.
Les équipes de reportes attendaient impatiemment au dehors des portes principales, leurs accès presse annulés, pesantes caméras posées inutilement au dehors. Dans le hall principal, le bourdonnement excité avait disparu, les messages radios échangés avec l’équipage passant uniquement sur des canaux encryptés. Le seul bruit provenait de la salle arrière où le Docteur, Cliff et les agents étaient engagés dans une discussion très animée.
Le Docteur n’était pas heureux.
Cliff non plus.
« Vous leur avez dit que tout ce qu’ils voyaient c’était des débris du réservoir de fuel ? Ce sont mes homme là dehors ! Ils pourraient être en danger et vous, vous les convainquez qu’il n’y à rien à craindre ! »
L’agent Spencer avait l’air le plus « je m’en fiche » possible. « Nous ne voulons pas de va et viens de messages radio et parlant d’aliens. Ça causerait une panique générale. »
« Quoi, et virer la presse ne va pas créer de suspicions ? Vous êtes en train de vous tirer une balle dans le pied. Nous battons les Russes sur la lune et personne n’a le droit de le filmer ! »
Milledge eut un rire sec et étouffé. « Monsieur Boxworth, si cette mission n’était qu’une opération de propagande, nous aurions pu la filmer dans le désert du Nevada et économiser quelques milliards de dollars.’ 2
Cliff était outragé. « Ça ne représente rien pour vous, hein ? La réussite de ces trois hommes. C’est ce pourquoi je me suis engagé ici, pour amener un homme sur la lune, rien de moins. Qui a besoin d’autre chose ? »
Spencer ne supportait pas les idéalistes. « Je ne sais pas si vous avez remarqué, Boxworth, mais nous sommes au milieu d’une guerre. A l’heure actuelle, les Etats-Unis pouraient être atomisés par une bombe plusieurs fois en quatre minutes et il n’y a rien que l’on puisse faire pour arrêter ça. Planter un drapeau ne va pas sauver votre vie, ma vie ou celle de chaque citoyen américain. Mais vous savez ce qui pourrait ? Ceux ou celles qui pilotent le vaisseau qui fait des cercles autour de vos trois astronautes. »
« Et qu’est-ce qui empêcherait ces ‘vaisseaux’ de faire exploser Apollo en plein ciel ? »
« Je ne m’inquiéterait pas trop de ça, Cliff. Je ne crois pas qu’ils soient en danger. » Le Docteur avait été silencieux si longtemps que les trois autres hommes avaient oublié qu’il était encore là. Il se leva du coin de table où il était assis. Cliff trouva qu’il avait l’air inexplicablement plus grand qu’avant. Colour of magic.
« Vous voyez, j’ai un don spécial. Je peux comprendre ce que cet extrait magnifique de Techno Ambiance voulait réellement dire. » Le Docteur fit face à Spencer qui commençait à se sentir un peu mal à l’aise à cette invasion de son espace personnel. « La question est comment vous savez ? Et rappelez-vous que j’ai une autorisation du Président, donc j’aimerais la vérité. »
Spencer grogna. « Le président n’est pas au courant de ce qui se passe ici, et je suis assez certain que quand Kennedy a approuvé le projet Blue Book, il ne s’attendait pas à quelque chose comme ça. Nous savions déjà, bien avant ça. Mais il n’a jamais demandé et nous n’avons rien dit. »
« Vous saviez depuis dix ans ? Pourquoi n’ai-je pas été informé lorsque cette mission a commencé ? » Cliff était de plus en plus confus. Sa main fit cliqueter le stylo dans sa poche nerveusement.
« Pour que les Russes mettent la main sur ces information ? Quelque chose comme ça n’aurait jamais pu être risqué hors du Blue Book; ça va nous faire gagner la guerre froide. Nous avons dû conserver tout ça top secret jusqu’à ce que l’on soit certains qu’ils ne puissent plus atteindre la lune en premier, six ans de recherche frénétiques pour déchiffrer les transmissions pour que lorsque le premier contact aurait lieu, ce soit avec les ambassadeurs américains. »
Le Docteur se tourna vers Cliff. « C’est une invitation pacifique. Les êtres dans ces vaisseaux ont patiemment attendu sur la lune pour commencer les négociation avec la terre toutes ces années. Une offre désintéressée de technologie et de connaissances pour aider le développement humain. »
« Et ces hommes… » le regard que le Docteur porta sur Spencer et Milledge les fit trembler. Il avança. « Ces hommes des services secrets, pathétiques, bornés, top secrets, classifiés, portant des ensembles de luxe ont enfermé cette transmission dans une boîte pour leur propre intérêt. » Le Docteur crachait presque chaque mot. « Pour essayer de pervertir un geste de foi pur et innocent en une arme pour gagner la guerre. » Il pointa un doigt accusatif sur les deux agents. « Comment osez-vous ! »
Il attrapa soudain les deux agents par les revers de leurs costumes, et avant qu’ils ne puissent protester, il les avait tirés à travers les portes dans la salle de contrôle comme un professeur avec deux élèves désobéissants. Une mer de visages se tournèrent vers eux, se demandant à quoi rimait toute cette agitation.
« C’est ça qu’on prends pour avoir refusé du thé d’un officiel du président, » murmura Milledge à Spencer. Son collègue leva les yeux au ciel.
Le Docteur les ignora et montra la salle de la main.
« Regardez ces gens. Regardez chaque visage ici: Justin, Sean, David, Dan, Colin, Jake, Trevor, Barney… Chacun de ces hommes dont les seules motivations sont de tester les limites de ce que l’humanité peut atteindre. Imaginez ce qui aurait pu arriver si vous les aviez laisser faire. Si c’était l’un de ces hommes qui avait reçu le message une fois Apollo posée. Vous pensez qu’un d’entre eux aurait fait ce que vous avez fait ? Vous pensez que leur première pensée aurait été d’utiliser ce cadeau comme une arme ? Je ne crois pas. Et maintenant vous leur avez pris cette occasion unique. » Il fit une pause. « Qui sait, si ça avait été l’une de ces personnes, le premier contact aurait pu unifier la planète. »
« Comme ça pourrait avec nous. » Milledge se sentait très peu apprécié à ce moment précis. « C’est mieux que de tels pouvoir soient utilisés par ceux qui savent ce qu’ils font. »
Le Docteur pressa son nez contre celui de l’agent.
« Je préférerai mourir que de vivre sur une planète dirigée par des gens comme vous, » gronda-t-il. « J’ai marché la longueur du mur de Berlin, Agent Milledge, avez-vous déjà été là-bas ? Une ville divisée en deux, pouvez-vous imaginer ? Des voisins qui ne se verront plus jamais, un magasin de quartier dont tous les clients régulier sont de l’autre côté de 18 centimètres de béton. Un rappel permanent d’une paix impossible. Aucun des deux côtés ne méritait ce cadeau. »
L’agent Spencer poussa le canon de son revolver contre le dos du Docteur. La foule arrêta de respirer.
« Et qu’est ce que vous allez faire, Docteur ? »
Le sourire du Docteur ne contenait aucune joie.
« Je vais vous arrêter. »
Avant que quiconque ne puisse cligner des yeux, le Docteur avait esquivé vivement, bondissant de bureau en bureau en direction des hauts parleurs principaux.
Spencer leva son arme pour découvrir qu’elle avait été remplacée par une banane.
« Heureusement que j’avais emporté un repas aujourd’hui. » cria le Docteur par dessus son épaule. « Justin, allumez les transmissions, et poussez le volume au maximum ! » Il avait atteint l’avant de la salle, dansant anxieusement devant l’écran. Un dictaphone dans sa main gauche.
Milledge tendis la main vers son arme. « Personne ne bouge, n’aidez pas cet homme ! C’est un espion communiste ! »
La foule s’immobilisa, ne sachant que faire.
« Quelqu’un pour m’aider, s’il-vous-plait ? » Le Docteur fût soudain inquiet. Ses yeux passèrent sur la foule, cherchant un visage amical.
« Oh et puis zut, » marmonna Justin en augmentant les hauts-parleurs au maximum.
Toutes les personnes présentes se bouchèrent les oreilles tandis que les accords s’égrenaient. L’arme de Milledge vacilla. La plus grande confusion s’installa, jusqu’à ce que:
« Tout le monde debout ! C’est un ordre ! » C’était Cliff, pâle et en sueur. L’équipe obéit, et soudain, la ligne de vue de Milledge sur le Docteur fut bloquée par quelques douzaines d’employés de la NASA. Il cria, frustré, et commença a pousser pour passer.
Justin était à côté du Docteur, « je ne sais pas ce que vous faites, Docteur, mais vous n’arriverez pas à sortir d’ici, vous le savez ? »
« Juste quelques secondes de plus, Justin, c’est tout ce dont j’ai besoin. » Il pesa sur un bouton du dictaphone. « Je l’ai ! » Avec un geste théâtral, le dictaphone disparut. Le Docteur leva les bras pour se rendre tandis que les deux agents s’approchèrent de lui.
« Okay, je me rends, emmenez-moi. » Il sourit d’un air suffisant qui disparu très vite lorsque la crosse de l’arme de Spencer entra en collision avec son visage, l’envoyant s’affaler au sol.
* * *
C’est plusieurs heures plus tard que le Docteur revint à lui. Il n’y avait pas de fenêtres au bureau dans lequel il avait été enfermé, mais il pouvait goûter l’air du soir. Il frotta doucement son visage meurtri puis bondit sur ses pieds.
« Je n’ai pas le temps de rester allongé ici! Trop de choses à faire! » dit-il.
« Vous et moi, pareil, » fit une voix depuis un angle.
« Justin ? » dit le Docteur, « mais qu’est-ce que vous faites ici ? »
De sa position recroquevillée, Justin leva une main. « Deux mots: complicité et collaboration. »
Le Docteur fit une grimace compatissante. « Oh, d’accord. Désolé pour ça. » Il se baissa pour être au niveau du regard de l’autre. « Mais si ça peut vous consoler, ces quelques secondes que vous m’avez obtenues ont probablement sauvé des millions de vies. »
« Quoi, juste en enregistrant ce son ? »
« Exactement ! Enfin, à peu près. J’ai un plan, voyez-vous. » Il tapota son nez avec un air malin. « Mais ça impliquait que je sois à l’extérieure plutôt qu’enfermé ici. Enfin, ce n’est qu’un petit détail ennuyeux. » Il commença à chercher son tournevis sonique.
Justin soupira et détourna le regard. « Je ne suis même pas certain d’avoir fait le bon choix. Peut être que ces agents ont raison; nous avons besoin de quelque chose pour gagner la guerre froide. Je suis tellement fatigué de vivre dans la peur, Docteur, je veux que ça s’arrête. »
« Ah ! » le Docteur sorti son tournevis sonique. Il le plaça délicatement sur la table, et approcha une chaise en plastique de son compagnon de captivité. « Écoutez, Justin, je ne sais pas trop comment vous dire ça ou si vous allez comprendre, mais voyons. J’ai vu comment la guerre froide se termine, j’y était, j’ai vécu ça, comment ça serait sans technologie extra-terrestre. » Il joint les mains d’un air sérieux. « Et tout va bien. Personne ne meurt dans une holocauste nucléaire, vous vivez, tout le monde vit. »
« Mais comment savez vous cela ? »
« Vous devez me faire confiance, Justin. Tout va bien aller. » Le Docteur se frotta la mâchoire et grimaça. « Mais si Milledge et Spencer réussissent, une faction du gouvernement devient rebelle. Et qui sait à quelles fins ils pourraient exploiter ces cadeaux extra-terrestres. Un pays pouvant dominer le monde ? Supprimer des villes entières ? Et que se passe-t-il ensuite, quand il n’y a plus de gens à conquérir ? »
Justin frissonna. « J’ai lu Mille Neuf Cent Quatre-vingt Quatre. Je crois que je vois ce que vous voulez dire. Mais juste parce qu’ils peuvent ne veut pas dire qu’ils vont le faire. »
« Vrai, mais je préfère ne pas prendre de risques. L’humanité peut choisir son propre chemin. Il n’y a pas besoin d’une intervention extra-terrestre pour faire pencher la balance. »
« Qui êtes-vous, Docteur ? » Justin dit dans un souffle.
Le Docteur se dégourdit les jambes. « Quelqu’un qui en a assez d’être assis ici tout le jour ! » Il attrapa le tournevis sonique de la table et le pointa sur la serrure. Avec un cliquetis et sans heurts, la porte s’ouvrit et il s’éloigna d’un pas nonchalant dans le corridor, laissant derrière lui son compagnon incrédule.
Il rentra dans l’agent Milledge au contour suivant.
« Ah, Milledge, je me demandais s’il y avait une possibilité d’avoir du thé bientôt ? » Le Docteur utilisa son sourire le plus désarmant.
Cela ne fonctionna pas.
« Vous pensiez vraiment que nous serions assez stupide pour ne pas garder un oeil sur l’endroit où nous vous avions enfermé, Docteur ? Retournez dans le bureau. »
« Quoi, pas de thé ? » le Docteur fronça les sourcils.
« Bureau. Maintenant. »
Le Docteur pivota sur une jambe et se remit en marche dans la direction dont il venait. Milledge le suivit. « Nous avons quelques questions pour vous. »
« Vraiment ? Et bien je ne suis pas d’humeur à répondre à des questions pour le moment, Milledge. Je devrais vraiment dormir pour faire passer cette concussion. C’est le mieux. Faites moi confiance, je suis un Docteur. »
La porte claqua et l’agent Milledge se retrouva seul dans le corridor.
A l’intérieur, le Docteur appuya son front contre le cadre de porte.
Ça n’allait pas très bien.
CHAPITRE 3
20 Juillet 1969
Le weekend de Justin n’avait pas été des meilleurs, composé de sporadiques rafales d’interrogatoires sans utilités weekend, nourriture de cantine et écouter le bavardage incessant du Docteur
Le Docteur, en revanche, avait regardé ce weekend comme une chance de finalement essayer de faire la liste de toutes les races extra-terrestres qu’il avait rencontré durant ses voyages, classés selon à quel point il les appréciait. Il s’amusait comme un petit fou.
Il mâchouilla sa plume et passa un doigt de haut en bas le long de la rame de papier d’imprimante qui était maintenant presque entièrement pleine. « Siluriens… siluriens, où vais-je vous mettre ? »
« Mais bon sang, Docteur, taisez-vous ! Vous me rendez fou ! » S’il y avait eu une fenêtre à la salle, Justin aurait sauté.
« Si vous n’avez rien de constructif à dire, Justin, ne dite rien. Nous avons jusqu’à dimanche avant que je commence à manquer de temps, donc arrêtez de vous inquiéter. »
« Docteur, c’est dimanche. »
« Quoi ? Mais pourquoi n’avez-vous rien dit ? Nous devons sortir d’ici ! » Il s’approcha de la porte d’un pas décidé et produit un stéthoscope. Justin leva les yeux au ciel.
Le Docteur écouta. « Il n’y a pas l’air d’avoir quelqu’un de l’autre côté, mais en même temps, il n’y avait pas l’air d’y avoir quelqu’un les quatre fois précédentes. » Il se tourna vers son compagnon. « Est-ce que je prends le risque ? »
Avant que Justin ait le temps de commencer à relâcher un torrent d’injures jusque là retenues, la porte s’ouvri de l’extérieur, frappant le Docteur sur le côté du visage.
« Aie ! C’est mon côté blessé ! » glapit-il. Justin se sentit satisfait.
C’était Cliff.
« Désolé Docteur, euh, pourquoi étiez-vous derrière la porte ? »
Le Docteur soupira. « Si vous voulez vraiment savoir, j’allais tenter une échappée audacieuse, ce que vous avez maintenant gâché. » Il ignora le grommellement de dérision venant du coin du bureau et serra brièvement Cliff dans ses bras. « Mais merci tout de même. »
« Il y a une sortie secondaire à laquelle je peux vous amener, les agents sont occupés à surveiller la descente. Je suis désolé de ne pas être venu plus vite, mais bien que je vous aime bien, Docteur, ma priorité est aux hommes dans la capsule. »
« Tout à fait normal. Combien de temps avant qu’ils se posent ? »
« Environ huit heures, donc quelque soit le plan que vous avez Docteur, j’espère qu’il est bon. Je viens juste d’être relevé de mes fonctions. Gene prend le contrôle pour la dernière partie. Je ne crois pas que Spencer ou Milledge me font confiance pour ce qui est de me taire, donc s’il y a quelque chose que je peux faire pour aider… »
Le Docteur lui tapota l’épaule. « C’est très bien, Cliff, vous avez fait un travail brillant, ne vous faites pas de soucis. »
Pendant un moment, Cliff eut l’air absolument épuisé. « C’est juste que, je n’ai jamais voulu faire partie de ça, ces secrets et conspirations et politique. Je voulais juste mettre un homme sur la lune. C’est tout. »
Il fut tenu bien plus longtemps dans les bras du Docteur, cette fois.
« Je sais, Cliff, je sais. » Il fit une pause. « Bon ! Au TARDIS ! »
Il pointa de la main vers l’autre extrémité du corridor, comme Superman, mais fut arrêté par un mot de Justin.
« Mais, quel est votre plan exactement, Docteur ? »
Le Docteur se retourna et montra le dictaphone. « Okay, et bien, en bref, sur ce Dictaphone se trouve le langage extra-terrestre. Bon, je peux le comprendre, et même le parle si nécessaire. Mais sans la fréquence d’émission que vous n’avez pas pu retrouver, je ne peu tout simplement pas les contacter par radio, donc je dois trouver un moyen de transmettre mon message. Par chance, j’ai un vaisseau capable de voyager dans le temps et l’espace parqué au coin de la rue, ce qui est brillant parce que en plus de toute la partie temps et espace, il a aussi un ordinateur de traduction très sophistiqué, qui normalement, quand j’y passerai cette cassette, devrait être capable de me fournir un aspect visuel des sons que nous avons entendu. Placer cette version visuelle quelque part d’évident où il pourront la voir et le tour est joué. Ils viendront et découvriront de quoi il en retourne. Enfin j’espère. »
Il fit une pause pour respirer. « Des questions ? » Les deux hommes levèrent la main. « Et bien je suis désolé, mais nous n’avons plus le temps. Ce fut un honneur de vous avoir rencontré. » Il leur serra chaleureusement la main. « Et je suis certain que tout finira bien. Tenez le coup ! »
Et avec cela, il s’en fut.
* * *
Le Docteur courut à travers le tarmac, la chaleur faisant adhérer le sol à ses chaussures. Après autant de temps en lumière artificielle, l’éclat du soleil le rendait presque aveugle. Il n’avait pas voulu en parler à Justin ou Cliff, mais il était presque à cours de temps.
« Ça va, ça va, je peux toujours remonter le temps, j’ai une machine à voyager dans le temps, revenir quelques jours en arrière, résolu. »
Mais il savait que c’était une voie dangereuse. Les évènements de Mission Controle auraient pu se dérouler très différemment s’il remontait trop loin. Apollo pourrait ne pas avoir entendu le signal, il pourrait ne pas avoir eu le temps d’enregistrer l’accord. Si les évènements qui s’étaient produits étaient défaits, il pourrait même ne pas se rendre compte des plans des agents avant qu’il ne soit trop tard. Autant être prudent, le faire tout de suite, le bon vieux chemin « cause et effet ».
Mais il commençait à manquer de temps.
Enfin, la vieille cabine de police apparut à son regard. Le Docteur sourit avec énormément d’affection avant de débouler devant.
« Je promets de ne plus jamais te laisser aussi longtemps dehors en plein soleil, » dit-il, cherchant sa clé. « Maintenant, allons te mettre à l’ombre. »
The Docteur disparut dans le TARDIS, et quelques secondes plus tard, le TARDIS disparut aussi.
* * *
Dans la grande salle de contrôle, le Docteur cherchait l’adaptateur à cassettes.
« Je suis sur que j’en ai un quelque part… ah ! » Il pressa un bouton sur la console et un petit panneau s’ouvrit. Il plaça la cassette du dictaphone dedans et appuya sur rembobiner. La cassette couina quelques secondes, puis commença à jouer.
La séquence se répercuta autour de la tête du Docteur. Sans les limitations des hauts-parleurs des années soixante, c’était plus élégant que jamais le Docteur fit une pause pour l’absorber avant d’engager les circuits de langage du TARDIS. Il vérifia sa montre, découvrit qu’elle était réglée sur Tokyo, fit quelques rapides calculs mentaux.
Plus que cinq heures.
« Allez, allez. » Il tapota impatiemment l’écran tandis que des formes géométriques tourbillonnait, formant un motif binaire en rythme avec la musique.
« Dépêche-toi ! » cria-t-il. La cassette s’arrêta.
« Je suis désolé, je suis désolé, j’ai promis que je ne te parlerai plus ainsi. Maintenant, si tu avais la bonté de continuer, » fit-il en tapotant affectueusement la console. La cassette repris avec réticence.
Finalement, les formes tourbillonnantes se condensèrent en quelques élégants pictogrammes, cercles concentriques et lignes minimalistes.
« Je l’ai ! » cria le Docteur triomphalement, et baissa brusquement un levier, envoyant le TARDIS comme une fusée vers la lune.
* * *
Le calme douloureux de la surface lunaire contredisait l’urgence de la mission du Docteur. Ici, au bord de l’aube, les cratères se reconnaissaient aux longues ombres et aux reflets nus. Suspendu au dessus de l’horizon se trouvait la terre, une lune bleue.
Le TARDIS matérialisa silencieuse dans le vide presque total.
Le Doctor trébucha en sortant, maladroit dans sa combinaison spatiale. Sous ses bras rembourrés, il portait un balait, une pelle et une radio sans fil. Il regarda le cratère, et satisfait, laissa tomber ses outils en son centre.
« J’espère qu’il y a quelque chose de bien à l’antenne, » marmonna-t-il, les mains gantées glissant sur les boutons de la radio. Il tourna le tuner précautionneusement. Statique, statique, statique, une minute.
« Et maintenant sur Radio 4, la pièce de l’après-midi. »
« Parfait. » Le Docteur sourit.
Il se mit au travail.
C’est le balayage qui pris le plus de temps, éliminer soigneusement la couche supérieure de poussière qui tapissait le sol du cratère.
Chaque fois qu’il croyait avoir nettoyé une zone, ses bottes tapaient dans un autre nuage. Mais finalement il fut satisfait. Il posa le balais contre le TARDIS et retourna prendre la pelle.
Le symbole était dessiné sur un post-il qu’il avait collé au dos de son gant, et il marqua le contour avec le bord de son outil. Puit vint la partie difficile du travail, creuser la forme.
Du temps que le Docteur ait finit, son viseur était couvert de buée due à l’effort. Il marcha d’un pas lourd jusqu’au bord, et regarda son oeuvre. Un réseau de cercles concentriques et de lignes était étalé devant lui.
« Pas mal du tout, même si je dois le dire moi-même, » dit-il fièrement, mais sur les hanches. « C’est presque dommage que je doive le remplir entièrement plus tard. » Il regarde au ciel aux trous d’aiguilles décolorés qu’étaient les étoiles, leurs couleurs délavées par l’éclat du soleil se réfléchissant sur la surface de la lune. Pas encore de signe. Et la pièce de l’après-midi était terminée.
Il marcha lentement jusqu’au TARDIS pour chercher sa chaise-longue tandis que le thème familier de The Archers commençait dans son oreillette.
* * *
Lumière.
Le Doctor croisa les bras devant ses yeux tandis qu’une brume extrêmement lumineuse se répendait dans le cratère depuis en haut, tellement fort qu’il pouvait presque sentir la poussière ondoyer autour de ses pieds.
« Merci d’être venus, » dit-il, « J’ai quelque chose que je voudrais vous dire. »
* * *
‘The Eagle has landed, je répète, the Eagle has landed.’
La transmission des astronautes fut noyée par le rugissement de la foule dans Mission Control. Des larmes, des calins, un t-shirt, furent échangés en toute désinvolture.
L’homme avait atterri sur la lune, rien de plus, rien de moins.
Milledge regarda Spencer, Spencer regarda Milledge.
« Ils ne sont pas là. »
« Je vois ça. »
« Mais comment ? Tu crois que le Docteur – ? »
« Ne soit pas stupide ! Que crois-tu qu’il ait pu faire ? Voler jusqu’à la lune et demander poliment aux soucoupes de ne pas nous contacter après tout ? »
Il tourna sur ses talons et sorti.
Spencer le suivit.
Dans le bureau à l’arrière, Justin et Cliff étaient dans les chaises auxquelles ils avaient été escortés, grands sourires sur le visage.
« Alors, qu’est-ce qui va nous arriver maintenant ? » demanda Justin. Spencer se renfrogna.
« Rien. Vous êtes libres de vous en aller, nous n’étions pas là, rien de spécial ne s’est produit, nous prenons les transcripts radio et allons les mettre en sécurité. Vous ne pourrez rien prouver de toutes façons. »
« Pourquoi le voudrais-je ? » dit Cliff, « J’ai aidé à mettre un homme sur la lune ! Qui pourrait vouloir plus ? »
Milledge fit une pause. « Ah, et bien, félicitations. »
D’une manière un peu étrange, il le pensait vraiment.
Les agents partis, Justin et Cliff retournèrent à la salle de contrôle pour rejoindre la fête.
* * *
« C’est un petit pas pour l’home, un pas de géant pour l’humanité ! »
A 20:17 le 20 juillet 1969, Armstrong posa le pied sur la lune. Quatre cent milles kilomètres plus loin, la terre l’acclama.
Sur le bord du cratère le plus éloigné, le Docteur veillait, un sourire au lèvres. Et était-ce une larme dans son oeil ?
Il était content que les soucoupes aient comprit; l’humanité devait trouver son propre chemin.
« Une race très polie, en fait, » se dit-il. Il devait se rapeller de les ajouter à sa liste.
Le Docteur se retourna et marcha dans le TARDIS.
Tandis qu’Armstrong plantait le drapeau, il cru entendre un son diminuant dans son oreillette. Une sorte de sifflement et de gémissement. Il sentit une légère brise dans sa combinaison spatiale quand les particules de l’univers bougèrent très légèrement.
Le drapeau battit faiblement dans sa main. 3
FIN
1 « Splendid chaps, all of them » est une phrase prononcée par le Brigadier Lethbridge Stewart en parlant des Docteurs…
2 C’est une des rumeurs qui a couru très longtemps sur le sujet, que Eagle n’avait jamais été sur la lune mais que tout avait été filmé aux USA…
3 Le fait que le drapeau semble flotter était censé être la preuve que ça n’avait pas été tourné / photographié sur la lune mais dans un endroit avec une atmosphère (mais le drapeau en question a une armature).
Les textes
Version officielle sur le site de la BBC: http://www.bbc.co.uk/doctorwho/s4/features/stories/fiction_blue_moon_01
Traduction en franç;ais (pdf): http://www.loutan.net/Tardis/Blue_moon_FR.pdf
Discussion
Toute la discussion sur cette histoire est ici:
http://doctorwho.xooit.fr/t1319-Livre-Blue-Moon-VF.htm
écrit par OLI SMITH
Traduction de Midori
Vignette de Nanou