Une nouvelle du Docteur en solitaire pour le 4 décembre du calendrier de l’avent 2008.
NO. 1, GALLOWS GATE ROAD
La première chose que le Docteur entendit en se réveillant fut le son de quelque chose tapant à la fenêtre.
Il s’assit dans le lit, passa une main dans ses cheveux décoiffés, et regarda autour de lui. Où suis-je ? se demanda-t-il. Ce n’est pas le TARDIS. C’est un lit. Un lit très inconfortable. Qu’est-ce que je fais dans un lit ? Je n’ai pas le temps de dormir. C’est totalement fou.
Le Docteur testa sa mémoire. La dernière chose dont il se rappelait était… et bien, qu’était-ce ? Le TARDIS. Il se rappelait le TARDIS. Il était à la console centrale lorsqu’une alarme s’était mise à sonner. Une alarme pour indiquer quoi ?
Après cela, tout était blanc.
Complètement embrouillé, le Docteur regarda autour de lui. Il faisait sombre, à part une ligne de lumière qui semblait définir le bas d’une porte.
Le Docteur roula pour sortir du lit – surpris de porter un pyjama – et, plissant les yeux à travers l’obscurité, put juste distinguer le contour de la seule fenêtre de la chambre. Elle était couverte de tissus noir, épinglé autour du cadre.
‘Black-out,’ se murmura-t-il, et détacha un coin, permettant à la vive lumière matinale d’éclairer la chambre.
Le Docteur se tenait debout dans une petite chambre à coucher sous les toits avec un plafond bas et en pente, et un papier mural jaunis se détachant. Elle était meublée simplement d’un lit étroit et d’une commode sur laquelle se trouvaient ses habits, soigneusement pliés.
Il se retourna vers la fenêtre couverte de poussière, et vit ce qui provoquait les coups. Les branches supérieures d’un grand chêne frottaient contre la vitre.
Il faut que je découvre ce qui se passe, pensa le Docteur, et il passa ses habits puis ouvrit en grand la porte de la chambre.
‘Hello, Docteur,’ fit une voix à la limite de muer. ‘Avez-vous bien dormi ?’
Le Docteur regarda vers le bas. Un garçon d’environ treize ans avec les joues rouges et les cheveux roux coupés courts lui souriait.
‘Comment savez-vous mon nom ?’
‘Vous nous l’avez dit la nuit passée.’
‘Nous ?’ demanda le Docteur, perplexe. ‘Qui est nous ?’
‘Moi et maman,’ fit le garçon. ‘Vous ne vous souvenez pas ?’
‘Bien sur que si.’ Le Docteur se concentra, mais pour une raison obscure, ne pu se souvenir. ‘Rafraîchissez-moi la mémoire.’
‘ça doit être le froid, ça a gelé votre cerveau,’ fit le garçon, et il tendit sa main. ‘Je suis Robert. Robert Mann.’
‘Ravi de vous rencontrer, Robert Mann,’ répondit le Docteur, serrant la main du garçon de manière enthousiaste. ‘Ou de vous rencontrer à nouveau, devrais-je dire.’ Le Docteur s’arrêta un moment au sommet de l’escalier, encore étonné du comment il était arrivé là.
‘Venez, alors, ou nous serons en retard pour le petit déjeuner.’
Tandis qu’ils descendaient, Robert rappela au Docteur comment il avait sonné à la porte la veille au soir, incapable de leur dire pourquoi, mais comme il était tard, la maman de Robert lui avait proposé un lit pour la nuit dans leur pension.
‘Je me demande ce que je voulais,’ songea le Docteur. ‘Oh et puis on s’en fiche.’ Il fit une pose. ‘Une minute, c’est vraiment pas mon style.’ Puis l’inquiétude disparut à nouveau de son esprit. ‘C’est sympa ici,’ dit-il. ‘Peut-être que je vais rester.’
A ce moment, ils atteignirent le bas de trois rampes d’escaliers et se trouvèrent dans le hall d’entrée de la maison.
‘ça aurait besoin d’un coup de nettoyage, non ?’ dit le Docteur, passant son doigt le long du cadre d’une image.
‘On ne peut pas avoir de personnel,’ fit Robert. ‘C’est la guerre.’
‘Une guerre ? Vraiment ? Laquelle ?’
Le garçon se mit à rire. ‘Vous me faites marcher, là ?’
‘Je n’ai jamais fait marcher personne de ma vie. Et je ne plaisante pas avec le temps. Quelle année est-ce ?’
Robert le regarda fixement. ‘C’est 1940, bien sûr.’
‘Je voyage beaucoup,’ fit le Docteur. ‘je m’embrouille.’
‘J’aimerais bien pouvoir voyager,’ répondit Robert. ‘je veux être un explorateur quand je serais grand. Juste comme Marco Polo. Il a découvert les spaghettis.’
‘Et volé ma caravane 1!’
‘Vous êtes très étrange.’
Le Docteur sourit. ‘ça a été mentionné.’
La salle à manger se trouvait au fond de la maison, avec des portes en verre menant au jardin.
Assis autour de la table ovale se trouvaient cinq personnes. Une jeune demoiselle, un jeune homme, une vieille dame, un corpulent gentleman d’âge moyen, et à la tête de la table, une dame maigre dans la quarantaine.
Robert prit rapidement place, pendant que le Docteur attendait maladroitement, peu sure de ce qu’il devait faire.
‘Asseyez-vous, s’il-vous-plaît,’ fit brusquement la femme maigre.
A cause des cheveux roux, le Docteur supposa que c’était la mère de Robert. Mais elle n’avait pas l’attitude positive de son fils. Ses traits étaient anguleux, son nez retroussé vers le haut comme si elle était en permanence troublée par une odeur désagréable.
Le Docteur s’assit. ‘Je meurs de faim.’
‘Vous pouvez vous présenter aux autres personnes,’ fit madame Mann. ‘Vous avez déjà rencontré Robert.’
‘Il veut être explorateur quand il sera grand,’ dit le Docteur. ‘N’est-ce pas, Rob?’
Madame Mann renifla en dérision. ‘Robert change d’avis toutes les cinq minutes.’
‘Non, c’est pas vrai!’ protesta son fils. ‘Je veux être un explorateur.’ Il fit une pause, puis ajouta, ‘Ou conducteur de train.’
Après que les hôtes se soient servis de modeste portions d’oeufs brouillés pleins d’eau, le bruit contrit des couverts contre la porcelaine commença.
‘Je suis le Major Woolly,’ fit l’homme corpulent, assis face au Docteur. Il avait un teint marbré et une moustache tombant devant sa bouche. ‘Alors, vous êtes un docteur, nous a dit madame Mann. Docteur quoi ?’
»Vous savez, je n’arrive pas à m’en rappeler à l’instant,’ fit le Docteur.
‘Traumatisme de guerre, n’est-ce pas ?’ fit le Major. ‘Terrible histoire, j’en suis sure. Je connaissais un type qui avait eu ça à la dernière guerre.’ Il fit une pause pour réfléchir. ‘C’était une vrai guerre, au moins. Pas comme celle-ci. On a combattu avec nos mains nues.’
‘Ce devait être inconfortable,’ dit le Docteur.
‘Ne faites pas attention au Major,’ dit madame Mann. ‘Il voudrait donner une ou deux leçons à M. Hitler. N’est-ce pas, Major?’
Le Major grogna quelque chose d’incompréhensible et continua avec son petit déjeuner.
Assis à sa droite se trouvait une vieille dame avec un large chapeau à plume. Elle se présenta comme mademoiselle Sillington, et fit un aimable sourire au Docteur.
‘Bienvenue dans notre humble petite maison d’hôtes,’ dit-elle. Je dis toujours que c’est une maison d’hôtes, bien que à parler strictement, c’est une pension. J’ai vécu à Sydenham depuis l’âge de cinq ans. Puis j’ai perdu tout mon argent dans le grand crash 2. J’ai déménagé ici en ’33. Plus vieille résidente.’
Le regard du Docteur fut attiré involontairement par son chapeau. C’était une vision étonnante de voir quelqu’un porter quelque chose de si vaste et inapproprié au petit déjeuner.
‘J’ai 74 ans, vous savez,’ ajouta mademoiselle Sillington, comme pour expliquer sa coiffe excentrique.
Le long de la table, Robert ricana.
‘Mange tes oeufs,’ fit sa mère, le fixant d’un regard d’acier.
Le Docteur attira l’attention du garçon, et lui fit un clin d’oeil complice pour l’encourager.
Robert présenta les deux hôtes restants. Chacun salua le Docteur d’une inclinaison de tête polie, mais resta silencieux.
Mademoiselle Gibbs avait probablement la vingtaine. L’air timide, elle avait des cheveux blond et portait un pull orné de losanges. A ses côtés, et apparemment aussi timide, était assis Clive Plympton. A peu près du même âge que Mademoiselle Gibbs, il tint sa tête baissée durant tout le repas, fixant son assiette d’un air inquiet. De temps à autre, quand elle était sur que personne ne regardait, mademoiselle Gibbs lançait des regards timides à monsieur Plympton.
A ce moment, la porte de la salle a manger fut ouverte brusquement, et une femme corpulente d’environ cinquante ans fit irruption dans la pièce, vêtue d’un tablier taché par de la nourriture et portant un plateau.
‘Vous avez fini ?’ demanda-t-elle d’une voix grave.
‘Presque, madame Baxter,’ répliqua sèchement la logeuse.
Madame Baxter l’ignora et commença à ramasser les assiettes, que la nourriture dessus soit encore là ou non. ‘Oh, et on n’a pas de jambon pour le déjeuner,’ dit-elle. ‘Plus aucun ticket de rationnement. Ce sera de nouveau du pâté de viande.’ Et avec un grognement dédaigneux elle s’en alla.
‘Cette femme,’ cracha madame Mann, après une pause appropriée. Cela fait longtemps que j’aurais dû la renvoyer. La nourriture. L’attitude. Un de ces jours, je vais le faire. Et ce n’est pas la seule chose. La maison a besoin d’un bon nettoyage de printemps, aussi. Et quand à Lofty… il a certainement besoin d’être coupé plus court.’
‘Qui est Lofty?’ demanda le Docteur. ‘Votre mari ?’
‘Monsieur Mann est décédé,’ répondit doucement la logeuse.
‘Lofty est le chêne dans le jardin,’ expliqua Robert. ‘Mère a décidé de le faire abattre il y a des années. Il bloque toute la lumière des chambres à coucher à l’arrière.’
‘Pourquoi ne le faites-vous pas ?’ demanda le Docteur.
‘Personne ne fait jamais rien ici,’ fit Robert.
‘ça suffit.’ fit sa mère en fronçant les sourcils.
‘C’est vrai pourtant,’ il ajouta en boudant. Il ne se passe jamais rien dans cette maison !’
Quelque chose dans le ton misérable de Robert toucha le Docteur. Oui, il y avait un air étrange à ce endroit, se dit-il. Un certain sens de stagnation, d’immobilité.
‘Quitte la table immédiatement !’ ordonna madame Mann.
Robert posa sa serviette, quitta son siège et sortit de la salle en boudant.
Juste à ce moment, la pendule sur la cheminée sonna 10 heures.
Robert traîna dans le couloir, attendant le Docteur quitte la salle à manger. Ce nouveau venu était la chose la plus excitante qui ait eu lieu à Gallows Gate Road depuis… et bien, toujours. Et il y avait quelque chose de très étrange à son sujet, se dit Robert, alors que leMajor, mademoiselle Sillington et le reste des hôtes passaient devant lui.
Finalement, le Docteur déambula dans le couloir, regardant distraitement autour de lui.
‘D’où venez-vous, Docteur?’ demanda Robert.
‘Quoi ?’ Le Docteur était clairement à des miles. ‘Oh, nulle part dont tu aie entendu parler.’ Il mit ses mains dans ses poches et ferma les yeux. ‘Je ne peux même pas me rappeler ce que je fais ici.’ Il se tourna vers Robert. ‘Quel est le problème avec cet endroit ?’
‘Je ne sais pas,’ répondit Robert.
‘Si, tu sais,’ insista le Docteur.
‘Je sais ?’ dit Robert, troublé. Et il réfléchit longuement à ce que le nouveau venu voulait dire.
Cette maison était tout ce qu’il avait toujours connu. Il était né là. Il avait grandi là. Son père était décédé quand il avait six an, et ensuite, sa mère avait commencé à prendre des hôtes payants. Mais le Docteur avait raison. Il y avait quelque chose d’étrange au sujet de cet endroit.
‘Oui… je crois que je sais ce que vous voulez dire. Tous les hôtes sont désespérés, non ? Je veux être architecte, mais eux ils ne veulent plus rien faire.’
‘Exactement !’ Le Docteur mis les mains sur les épaules de Robert. ‘Et ça veut dire que nous avons beaucoup de travail devant nous, Robby-boy. Alors commençons immédiatement !’ Et il monta les escaliers à grands bonds.
‘commencer quoi ?’ Robert demanda après lui.
‘Questionner les hôtes, bien sûr,’ répliqua le Docteur. ‘Tu t’occupe du Major et de mademoiselle Gibbs. Je vais parler à Miss Sillington et Mr Plympton.’ il fit une pause, fronçant les sourcils. ‘Un d’eux n’est pas ce qu’il semble.’
Miss Sillington avait retiré son chapeau. être assise dans sa petite chambre meublée spartiatement ne semblait pas une occasion suffisante pour le chapeau un peu délabré.
‘Ceux-là sont étonnants,’ dit le Docteur, étudiant la collection de peintures très colorées qui couvraient un mur. Le Docteur pensa reconnaître son style. Oui, c’était bien ça. Il y avait un portrait juste comme ça à la Galerie Nationale des Portraits à Londres 3 – d’un célèbre écrivain. Et il était certain qu’il avait été peint en 1940 par une M. Sillington. Avez-vous déjà rencontré T.S. Eliot?’ demanda-t-il.
‘T.S. qui ?’ murmura la vieille dame.
Mais le Docteur l’entendit à peine. Il était attiré par une peinture en particulier. Elle était très différente du reste – une étude d’un arbre, rendu en réalisme total. Il plissa les yeux pour voir la date au coin. 1933. ‘C’est la plus récente,’ dit-il. ‘Mais c’était il y a sept ans.’
‘Juste après que je vienne loger ici.’
‘Pourquoi avez-vous arrêté? Vous êtes une peintre brillante !’
‘Et bien…’ commença-t-elle. Mais il y eut ensuite une longue pause. ‘Je ne sais pas vraiment,’ fit-elle enfin. ‘J’ai juste… perdu ma confiance. Qui serait intéressé dans mes barbouillages ? Je vais certainement pas devenir un artiste célèbre maintenant. J’ai 74 ans, vous savez.’
‘ça n’a pas d’importance si vous avez 104 ans. Il n’est jamais trop tard pour être brillant.’ Le Docteur eut un grand sourire . ‘J’en sais quelque chose.’4
‘Lorsque j’avais votre âge, j’habitais à deux rues d’ici,’ songea Miss Sillington, clairement captivée par ses propres réflexions. ‘Il y avait beaucoup de rumeurs sur cette maison, à l’époque.’
‘Quel genre de rumeurs ?’
‘Personne ne voulait s’approcher d’ici. Ils disaient que la maison était maudite. Que des balivernes, bien sur. Seulement des rumeurs.’ Miss Sillington fronça les sourcils, comme si elle tentait de se rappeler quelque chose.
‘Les rumeurs commencent d’habitude pour une raison,’ dit le Docteur.
‘Vous ne pouvez pas sérieusement croire…’ la voix fragile de Miss Sillington s’interrompit.
‘C’est une maison très étrange,’ admit-elle finalement.
Une rampe d’escaliers plus haut au numéro 1 de Gallows Gate Road, Robert était entré dans la chambre à coucher vide du Major Woolly. Il examinait les revers d’une veste d’uniforme accrochée à une patère vers le lit. Elle était décorée de médailles de la Première Guerre Mondiale.
‘Qu’est-ce que tu fais ici, mon garçon ?’ aboya le Major, qui était entré silencieusement dans la chambre derrière Robert. Mais son froncement de sourcils se transforma immédiatement en sourire fier lorsqu’il remarqua ce que son visiteur surprise regardait. ‘Ah, on admire les médailles ?’
‘Vous avez été un sacré soldat,,’ dit Robert. ‘Pourquoi vous n’êtes pas là-bas maintenant ? Vous ne pouvez pas être trop âgé pour ça.’
‘Non, bien sur que non. Mais tu vois, c’est heu…’ Le Major se balança maladroitement d’un pied sur l’autre. ‘Je ne suis pas un couard, si c’est ce que tu suggère.’
‘Bien sûr que non. Alors qu’est-ce qui vous retient ?’ demanda Robert de sa plus belle voix de détective.
Le visage du Major Woolly se crispa en une moue peinée. Pour Robert, il semblait que pour la première fois depuis des années, l’homme cherchait vraiment au plus profond de son âme et conscience.
‘Je ne sais pas,’ bégaya le Major après un long silence tendu. ‘C’est juste que… je ne peux pas.’ Lorsque la pendule de la cheminée sonna midi, le Docteur et Robert étaient dans le salon glacial, échangeant leurs notes.
Robert dit au Docteur tout ce qu’il avait apprit sur le Major, puis continua avec mademoiselle Gibbs.
Chaque jour de semaine, elle prenait le train pour les bureaux d’une petite maison d’édition, pour écrire des notes sur des manuscrits envoyés spontanément. Le reste du temps, cependant, il était clair que sa seul occupation était l’étude de monsieur Plympton.
Le Docteur expliqua ensuite que les revenus de Clive Plympton provenaient d’articles sur des événements historiques pour des périodiques mensuels. Mais il s’avéra qu’il voulait en fait écrire un roman historique passionné.
‘ça fait tout le monde ?’ demanda le Docteur.
‘Oui,’ dit Robert. ‘A part madame Baxter.’
‘Ai-je entendu mon nom ?’ madame Baxter se tenait dans l’encadrement de la porte, mains sur les hanches. ‘Je suppose que vous voulez du thé.’
‘En fait, c’est vous que nous voulions,’ dit le Docteur. ‘Depuis quand travaillez-vous ici, madame Baxter?’
‘Depuis 1934,’ répliqua la cuisinière. ‘Pour ma peine.’
‘Heureuse ?’ Le Docteur la regarda fixement.
‘Ne soyez pas stupide,’ elle répondit.
‘Pourquoi ne pas partir, alors ?’
‘Et bien, a dire vrai, je voudrais prendre ma retraite.’ Elle regarda par la fenêtre avec une expression lointaine. ‘Au Dorset peut-être. J’ai une soeur là-bas. Je pourrais élever un cochon. Le problème est qu’ils ne s’en sortiraient jamais sans moi ici.’
‘Je crois qu’ils y arriveraient.’ dit le Docteur. ‘N’est-ce pas, Rob?’
Robert opina de la tête.
‘Enchantée, j’en suis sure,’ souffla madame Baxter, vexée. ‘Maintenant, si c’est tout avec les questions idiotes, je retourne à ma cuisine. Le repas est dans une demi heure et les boîtes de pâté ne vont pas s’ouvrir elles-mêmes.’
Le Docteur regarda dans l’espace libéré par madame Baxter, son expression très sombre. ‘Quelqu’un ici sape tout étincelle d’ambition de ces gens. Et je vais trouver qui c’est.’ Sur ces mots, il bondit vers la porte.
‘Où allez-vous ?’ demanda Robert.
‘Au TARDIS. Heu, ma voiture motorisée.’
‘Vaisseau spatial, vous voulez dire!’
Le Docteur se figea dans l’embrasure de porte.
‘Seul un extra-terrestre garderait quelque chose comme ça dans sa poche.’
Robert leva le tournevis sonique du Docteur.
‘C’est mon… Où as-tu trouvé ça ?’
‘J’ai fouillé vos poches la nuit passée.’
Un sourire éclaira le visage du Docteur. ‘Tu es un petit coquin, n’est-ce pas ? J’aime ça. Juste ce que j’aurais fait. Maintenant, rends-le moi !’
Il attrapa son tournevis sonique de la main de Robert et quitta le salon.
Robert se félicita. Il savait maintenant qu’il avait raison.
Dans le hall, le Docteur réfléchissait, concentré. Il fallait qu’il se rappelle pourquoi il était venu là, ce qu’il faisait avant que le Tardis ne soit dévié de sa trajectoire. Avait-il été dévié ? La maison ne pouvait certainement pas l’affecter lui aussi ? Il avait fait face à plus coriace que les résidents d’une miteuse maison jumelée à Sydenham.
Il regarda le tournevis sonique dans sa main. Je suis le Docteur, se rebella-t-il . Je suis un Seigneur du Temps. Je peux voyager d’un côté de l’Univers à l’autre en un clignement d’oeil. C’était quelque chose dont il pouvait être fier, non ?
Il se secoua, se tourna vers la porte d’entrée, et agrippa la poignée de porte. Juste à ce moment, le monde se mit à tourner.
‘Docteur ?’ il entendit Robert l’appeler désespérément. ‘Docteur ! Est-ce que ça va ?’
Mais de sombres nuages emplissaient l’esprit du Docteur, et bien qu’il tire sur la poignée, il n’arrivait pas à ouvrir la porte. Il savait qu’elle n’était pas verrouillée ou coincée – c’est lui qui n’avait pas la force, la détermination nécessaire pour quitter ce endroit.
Puis il oublia même cela, tandis que le numéro 1 de Gallows Gate Road sembla glisser de plus en plus loin et le noir absolu englouti tout.
La dernière chose qu’il entendit fut une voix de garçon criant son nom.
‘Docteur! Docteuuur!’
Le Docteur entendit une voix distante. Une jeune fille. ‘Il va bien ?’
‘Il a encore l’air très pale,’ fit une autre voix. ‘Attendez, je crois qu’il revient à lui.’
Le Docteur s’assit, et la réalité lui revint nettement. ‘Je vais bien, maintenant,’ dit-il, encore sur le sol vers la porte d’entrée. ‘Je crois que j’ai gagné ce combat.’ Et il commença à reconnaître les résidents de Gallows Gate Road – Mademoiselle Gibbs, le Major et les autres – tandis qu’ils le regardaient. ‘Un d’entre vous est un extra-terrestre !’
Quelques secondes de silence de mort suivirent avant que l’entrée résonne de discussions inquiètes.
‘Il doit être encore étourdit,’ dit mademoiselle Sillington.
‘Fou à lier !’ fit le Major.
Le Docteur se releva et regarda par la fenêtre. ‘Il commence à faire sombre. Combien de temps ai-je été inconscient ?’
‘Quelques heures,’ dit madame Mann. ‘Que s’est-il passé ?’
‘Difficile à expliquer. Mais ne nous occupons pas de ça, nous avons du travail devant nous !’ Le Docteur poussa à travers la petite foule, et attrapa le bras de Robert. ‘Viens, Robby-boy, nous allons fouiller cette maison de la cave au grenier !’
‘Non, certainement pas !’ insista madame Mann. ‘Ma maison n’a pas besoin d’être fouillée !’
‘Elle en a besoin,’ fit le le Docteur fermement, trouvant son tournevis sonique encore dans sa main et l’agitant en direction de madame Mann. Et il monta l’escalier.
‘ça alors,’ dit le Major Woolly. En haut, le Docteur fonça dans la chambre du Major.
‘Que cherchons-nous ?’ demanda Robert, essoufflé, peinant à suivre.
‘Il y a une intelligence extra-terrestre cachée dans cette maison, et elle est très puissante. Lorsque j’ai essayé de partir, elle m’a presque consumé. J’ai eu besoin de toutes mes réserves mentales pour la battre.’
Robert regarda avec étonnement tandis que le Docteur activait son tournevis sonique et en passait le rayon sur chaque mur l’un après l’autre.
‘Et si je connais les intelligences extra-terrestres, ce qui est le cas,’ continua le Docteur, ‘il y a plus qu’une faible chance qu’elle se cache dans une autre forme de vie.’
‘Vous voulez dire… un d’entre nous ? Comme le Major ? Ou mère ?’ Il fit une pause. ‘Ou moi ?’
‘Je suis désolé, Rob, mais tout est possible,’ dit le Docteur, mettant ses lunettes. ‘Mais bon, je suis ici pour aider. Quoi qu’il se passe ensuite.’ Il regarda autour de lui. ‘Maintenant, aide-moi à chercher. Nous recherchons n’importe quoi qui ait l’air pas à sa place’.
‘Ou pas à son époque,’ dit Robert.
‘Tu apprends vite,’ fit le Docteur en souriant, alors qu’il ouvrait d’un brusque mouvement les portes de l’armoire du Major Wooly. ‘Je savais que tu comprendrais.’
Durant les heures qui suivirent, Robert aida son ami à explorer chaque centimètre de chaque chambre. Le Docteur écarta plaisamment toutes les réclamations de madame Mann et de ses hôtes en agitant ce qui semblait être un mandat du ministère de la Guerre.
Après les chambres à coucher, ils vérifièrent la salle à manger et le salon. Le Docteur ne semblait toujours pas avoir trouvé d’indice. Ils descendirent à la cave, le domaine de madame Baxter, sur lequel elle régnait comme un dictateur.
‘Que faites vous ici ?’ cria la cuisinière, dès que le Docteur et Robert entrèrent à la cuisine. ‘J’essaie de faire un biscuit roulé à la confiture.’
‘Nous n’allons pas gêner votre biscuit roulé,’ dit le Docteur.
Robert regarda madame Baxter d’un air accusateur. ‘On cherche des aliens.’
‘Des allemands, vous voulez dire ?’
‘Non. Ceux venant de l’espace lointain.’
Madame Baxter roula les yeux et retourna à son travail, tandis que Robert explora la cuisine.
‘Je crois que je voudrais bien être un chef cuisinier quand je serais grand,’ murmura-t-il, en regardant la collection de couteaux de madame Baxter. ‘Chef cuisinier au Ritz, en fait.’
Mais le Docteur semblait ne plus écouter. Il était à genoux, s’appuyant sur ses mains. ‘Regarde !’ Cria-t-il.
Robert se baissa pour voir ce que le Docteur fixait du regard.
Juste au-dessus de la plinthe, le plâtre était craquelé et tombait en morceaux. Le Docteur avança à genoux plus près le long du mur. ‘Ici aussi,’ dit-il. ‘Et ici!’
‘Qu’est-ce de si étrange ?’ demanda Robert. ‘Le mur arrière de la maison est plein de fentes comme ça.’
Le Docteur se releva. ‘J’ai été aveugle,’ dit-il. ‘Allons-y ! Il est temps de mettre un terme à tout ça !’
Le Major Woolly tapota sa montre. ‘C’est insupportable, Docteur,’ dit-il. ‘D’abord, vous accusez un de nous d’être un espion, ensuite vous pillez nos chambres, et maintenant vous envahissez l’heure du dîner !’
»Tout ça n’est pas important,’ fit le Docteur, se tournant pour s’adresser à l’entier de la salle à manger. Il avait fait venir tous les membres de la maisonnée pour une réunion, Robert à ses côtés. ‘Vous êtes tous en danger de mort. Une force dans cette maison est en train de pomper tout votre potentiel, comme une éponge qui absorbe l’eau, et aucun d’entre vous n’est capable de la plus petite ébauche de motivation ou – ‘
‘Comment osez-vous !’ interrompit le Major. ‘Je pourrais sortir par la porte principale à cet instant, et réussir peu importe à quoi je m’essaie. Nous le pouvons tous.’
‘Allez-y, dans ce cas !’ poussa le Docteur.
‘Il est passé six heures,’ fit mademoiselle Sillington doucement. ‘Tout est fermé.’
‘Major, vous devriez retourner dans l’armée. Je sais que c’est là qu’est votre coeur. Pourquoi sinon garder votre uniforme aussi net et propre ? Mademoiselle Sillington, vous êtes une peintre fantastique, alors pourquoi ne pas peindre ? Et vous, Clive, vous pourriez écrire cette nouvelle. Vous ne seriez plus seul si mademoiselle Gibbs trouvait finalement la volonté d’exprimer ses sentiments réels. Et même madame Baxter pourrait avoir son cochon à la campagne..’
Six visages choqués et bouches ouvertes se tournèrent vers lui, mais le Docteur continua, baissant légèrement la voix.
‘Et quand à vous, madame Mann, vous n’arrivez même pas à faire abattre l’arbre dans le jardin à l’arrière de la maison. Un arbre qui vole votre lumière et vous rends misérable à chaque fois que vous le regardez.’ Il les fixa sévèrement. ‘Vous êtes tous des gens brillants et extraordinaires, mais aucun d’entre vous n’a la force de suivre ses rêves. Et il y a une raison pour ça.’
‘Encore des paroles sur les forces obscures ?’ soupira madame Mann.
‘Pas seulement des paroles. C’est là, parmi vous.’
La chambre éclata en bavardages confus.
‘Si j’ai raison,’ continua le Docteur, ‘cette force vole votre ambition et l’utilise. Je l’ai senti moi-même.’
‘Vous n’avez rien dit à mon sujet, Docteur,’ risqua Robert. ‘Rien sur moi ?’
‘Tu es différent de tout le monde ici,’ répliqua le Docteur.
Mademoiselle Sillington haleta. ‘Vous ne voulez quand même pas dire que Robert est… l’alien?’
‘Bien sur que non. Ce qui est important à propos de Robert est qu’il est complètement insensible à cette force. Et c’est pour ça qu’il m’a été tellement utile.’ Il se tourna vers le garçon. ‘Cela ne t’as pas touché parce que tu es encore jeune. Tu n’as pas encore décidé fermement ce que u veux faire de ta vie. Il n’y a pas d’ambition spécifique à viser.’
‘Si, j’en ai une,’ protesta le garçon. ‘Je veux être un escapologiste 5.’
‘Tu voulais être un chef cuisinier il y a une demi-heure,’ dit le Docteur. ‘Mais c’est bien. Il n’y a pas de raison pour que tu doive choisir. Tu as encore de nombreuses années devant toi – et un trillion de possibilités parmi lesquelles choisir.’ Le Docteur ébouriffa les cheveux de Robert. ‘Bien que je doive dire que je suis content que tu laisse tomber l’idée du chef. Travail dur et peu d’argent.’
‘Alors si c’est quelqu’un ici,’ dit madame Baxter, ‘qui est-ce?’
Les hôtes du numéro 1 de Gallows Gate Road se regardèrent les un les autres avec suspicion.
‘Ce n’est aucun d’entre vous,’ dit le Docteur, marchant jusqu’aux portes ouvrant sur le jardin. Il les poussa ouvertes et fit un pas dehors. Une rafale de vent glacé souffla à travers la salle.
‘Où va-t-il encore maintenant ?’ fit madame Mann.
‘Que diable si je sais,’ répliqua le Major.
Dans le jardin, le Docteur fixa du regard l’énorme chêne. Il était tard, mais une pleine lune illuminait tout. Il y eu le silence, sauf pour un tap-tap-tap régulier sur la fenêtre de la chambre à coucher lorsque la plus haute branche de l’arbre oscillait dans le vent glacé.
Robert apparu vers l’épaule du Docteur. ‘Ces fêlures dans les murs du sous-sol,’ dit-il. ‘Elles sont causées par l’arbre.’
‘Exactement ! Ses racines creusent dans les fondations, s’étendant de plus en plus loin chaque jour, et revendiquant la maison.’
‘Vous dites que notre méchant est un arbre ?’ Le Major se tenait derrière eux avec les autres résidents.
‘C’est une nuisance qui me tient réveillé la nuit,’ dit mademoiselle Sillington, ‘mais je ne l’aurai pas appelé vilain.’
‘C’était le sujet de votre dernière peinture,’ dit le Docteur. ‘Vous avez créé des choses étonnantes pendant des années, puis vous déménagez ici, faites une peinture puis abandonnez.’
Le Docteur avança d’un pas dans le jardin, puis grimaça et porta la main à sa tête. ‘Vous ne le sentez pas ? Un parasite intelligent. Il a besoin de l’énergie des autres pour vivre. Et c’est un exemple particulièrement vicieux de parasite. J’ai déjà vu quelque chose comme ça avant. Sur Esto, dans la nébuleuse du Lagon.’ Il pointa vers le ciel. ‘Quelque part par là.’
Robert regarda vers les étoiles tandis que le Docteur continuait.
‘Ces parasites habitent la forme de vie à l’espérance de vie la plus élevée sur tous les mondes qu’ils visitent. Ils n’ont pas de forme physique propre, donc ils ont besoin d’une ancre. Ils sont en fait juste des vagues de force psychique comme des gribouillages.’ Le Docteur avança d’un autre pas et porta à nouveau la main à sa tête, clairement en souffrance. ‘Va chercher une hache, Robert.’
‘Ne t’avise pas d’essayer!’ cria madame Mann.
‘Ignore-la, Rob.’ Le Docteur fixa la logeuse. ‘Si c’est inoffensif, de quoi avez-vous peur ? Vous avez déjà dit combien vous vouliez le faire abattre.’
Madame Mann marcha d’un pas lourd jusqu’à l’énorme chêne et se plaça devant, bras tendus. ‘Vous ne toucherez pas à ce pauvre vieux Lofty!’
‘Cet arbre est le foyer d’un parasite extra-terrestre,’ protesta le Docteur. ‘Et je crois que cela fait des centaines d’années. Mademoiselle Sillington m’a dit qu’il y a toujours eu des histoires a propos de cette maison, et j’aurais dû réaliser à ce moment que l’entité n’avait pas possédé un humain. Cet arbre a été là depuis bien plus longtemps qu’aucun de vous, qu’aucun des bâtiments même. Et pensez au nom de la rue 6.’
‘Gallows Gate Road,’ dit Clive. ‘Au XVIIIe siècle, les criminels condamnés par les magistrats de Kent étaient exécutés quelque part près d’ici.’
‘Près d’ici ?’ répéta le Docteur. ‘Où croyez vous que le bourreau accrochait sa corde ? Cette place a toujours été un foyer de souffrance et de perte. La force habitant cet arbre s’est nourri du potentiel humain depuis des siècles.’
Robert émergea de la cabane de jardin, portant une hache. Il la tendit au Docteur.
‘Je ne crois pas qu’il me laisse m’approcher plus,’ fit le Docteur. ‘Tu es un grand garçon maintenant, Rob. Tu vas t’en sortir seul, non ?’
‘Je suppose,’ fit Robert nerveusement.
‘Ne le fait pas !’ cria sa mère.
‘Ce n’est p-pas une bonne idée,’ bégaya mademoiselle Sillington.
‘Je ne le ferais pas si j’étais toi, mon garçon,’ dit le Major.
Les résidents s’approchèrent doucement de Robert, mais le Docteur s’interposa d’une grande enjambée. ‘C’est pour votre bien !’ s’exclama-t-il. Puis il se tourna vers Robert. ‘Abat-le ! Tu es le seul qui le puisse !’
Robert souleva la hache haut en l’air.
‘Noooon!’ gémirent les autres.
Elle s’abattit, entaillant profondément le tronc.
Le Docteur et les autres chancelèrent, lutant pour rester debout. Ils regardèrent avec horreur vers le haut.
‘Qu’est-ce que cela ?’ cria madame Baxter.
De l’arbre vint une vaste empreinte de lui-même, lumineuse et verte – une silhouette fantomatique qui oscilla au-dessus de la petite foule et poussa un hurlement assourdissant.
‘C’est l’entité qui s’en va,’ cria le Docteur au-dessus du vacarme. ‘Continue, Rob!’
Robert laissa la hache tomber encore et encore dans la blessure ouverte du tronc.
La forme terrifiante se tordait en un vortex tourbillonnant qui envoya un vent vicieux fouetter la maison. Il était si fort que les résidents arrivaient à peine à rester debout.
Mademoiselle Sillington s’agrippa au Major. ‘Je me sens bizarre,’ dit-elle.
‘Attends, laisse-moi essayer,’ fit monsieur Plympton, et il avança lentement et pris la hache de Robert.
Il fut suivit par le Major, qui pris son tour à abattre l’arbre avec enthousiasme, l’étrange énergie verte tourbillonnant autour de lui tout du long.
Coup après coup tombaient sur le tronc, et l’arbre craqua et et se fendit.
C’est alors que le tourbillon commença à perdre de la force, et avec un hurlement perçant final, se referma sur lui-même, jusqu’à ce qu’une seule balle de lumière flotte en-dessus du Docteur, puis disparut.
Le Docteur s’effondra.
Le Major passa la hache à madame Mann. ‘Tout à vous, chère madame. Terminez-le !’
En riant, la logeuse donna le coup final, et avec un craquement assourdissant, l’arbre tomba, s’écrasant à travers le jardin et les deux jardins voisins.
Puis il y eut le silence.
Finalement, les résidents commencèrent à parler entre eux, d’une manière qu’ils n’avaient jamais fait durant tout le temps où le Docteur avait été avec eux. C’était comme si une lumière avait été allumée et qu’ils se voyaient les uns les autres – et eux-mêmes – pour la première fois.
Le Docteur se remit debout en chancellent, et se frotta la tête.
‘La chose dans l’arbre – est-elle morte ?’ demanda mademoiselle Sillington.
‘Je ne crois pas qu’elle puisse être tuée. Elle a juste fuit vers un autre hôte. Comme je l’ai dit, elle habite la forme devie la plus ancienne qu’elle trouve. Et juste là, juste maintenant… c’est moi.’
Mademoiselle Sillington regarda le Docteur, clairement perplexe.
‘J’ai 904 ans, vous savez,’ dit-il.
Plus tard cette nuit, les hôtes du numéro 1 de Gallows Gate Road étaient à nouveau réunis autour de la table de la salle à manger. Un bon feu grésillait dans l’âtre.
‘Levons notre verre pour le Docteur,’ dit madame Mann.
Tous levèrent leurs verres. ‘Au Docteur,’ dirent-ils d’une seule voix.
‘Je ne suis pas sure que je puisse accepter tout ce que vous nous avez dit, Docteur,’ dit le Major Woolly. ‘Mais je dois dire que je ne me suis pas senti aussi dynamique depuis des années.’
‘Je seconde ça,’ fit mademoiselle Sillington. Elle portait son chapeau, nouvellement décoré avec les feuilles tombées du chêne abattu.
‘Je ne peux pas croire toutes ces choses sur les aliens non plus,’ dit madame Mann, ‘et dieu sait comment je vais expliquer ce désordre dehors aux voisins, mais je me sens finalement capable de faire des changements ici.’
‘Et je vais aller m’engager lundi,’ dit le Major. ‘Même un nul comme moi devrait pouvoir être utile. Même si ce n’est que dans les volontaires de défense du territoire.’
‘Tant mieux pour vous,’ dit le Docteur.
‘Je fais déjà des notes pour mon livre,’ fit Clive, tapotant un carnet de notes dans la poches de sa veste.
‘Et je vais me remettre à mes peintures,’ dit mademoiselle Sillington. ‘J’ai envie de faire un portrait. Peut-être quelqu’un de connu. Je pourrai faire le vôtre, Docteur.’
Le Docteur sourit chaudement, mais resta silencieux.
‘Vous restez, n’est-ce pas ?’ demanda nerveusement la vieille dame.
A ce moment, madame Baxter entra bruyamment, portant in un grand bol de ragoût. ‘Et ne demandez pas ce que j’ai dû faire pour obtenir ce lot,’ dit-elle, plaçant le plat fièrement sur la table.
‘ça a l’air délicieux, Bertha,’ dit madame Mann.
‘Bon, c’est pas que je n’aime pas ici,’ fit la cuisinière. ‘mais en janvier j’ai décidé de déménager chez ma soeur à Bridport.’
‘Vous nous laissez ?’ demanda mademoiselle Gibbs.
‘N’essayez pas de m’en dissuader, parce que quand je choisis quelque chose…’ Elle n’acheva pas, comme si elle attendait que quelqu’un proteste. Mais personne ne le fit. ‘Je vais chercher le pain et le beurre, alors,’ dit madame Baxter, en soupirant et sortant en traînant les pieds.
Et alors que la plupart des hôtes étaient occupés à se servir de portions de ragoût, le Docteur remarqua Clive Plympton entrain de faire un sourire timide à mademoiselle Gibbs. Le visage de celle-ci face s’illumina de bonheur.
Le Docteur rit silencieusement et regarda autour de la table. Robert engouffrait des fourchettées entières de nourriture dans sa bouche.
‘Je sais définitivement ce que je veux faire quand je serais grand,’ dit-il.
Le Docteur ne put s’empêcher de sourire fièrement. ‘Ce n’est pas toujours drôle d’être un voyageur du temps,’ dit-il. ‘Mais je suis très flatté, Robby-boy.’
Robert fronça les sourcils. ‘Je ne veux pas être comme vous, voyons !’ Il lança un regard vers le jardin. Je veux être un bûcheron.’
Le Docteur ferma la porte d’entrée du numéro 1 de Gallows Gate Road derrière lui, étant sorti tandis que personne ne regardait.
De l’autre côté de la route se trouvait TARDIS.
Alors qu’il déverrouillait la porte et entrait, le Docteur se demanda, et pas pour la première fois, si son vaisseau avait, d’une manière ou d’une autre, sentit le parasite extraterrestre. Une chose qu’il savait comme certitude était qu’il ne pouvait pas le garder emprisonné dans sa tête éternellement. Les circuits télépathiques du TARDIS allaient l’aider à le vidanger dans le Vortex du Temps. C’était une place où il ne pourrait pas faire plus de dégâts.
Dans la rue éclairée par la lune, une boîte bleue un peu usée laissa échapper un sifflement poussif et un son de grognement, puis disparut lentement dans la nuit.
FIN
1 Référence au 4e épisode du premier Docteur, « Marco Polo », où celui-ci s’approprie le Tardis pensant que c’est une caravane de grande valeur.
2 Crash boursier de 1921…
3 http://www.npg.org.uk et non, ce portrait n’existe pas 😉
4 Le Docteur a entre 900 et 1000 ans (selon sur quel épisode on se base…)
5 Un magicien spécialisé dans les tours où il faut s’échapper d’une situation difficile voir impossible
6 Gallow’s Gate veut dire la porte des pendus
Le texte
Version officielle sur le site de la BBC: http://www.bbc.co.uk/doctorwho/s4/misc/advent08/december_04
Discussion
Toute la discussion sur cette histoire est ici:
http://doctorwho.xooit.fr/t790-Livre-No-1-Gallows-Gate-Road.htm
Traduction de Midori
Vignette de Nanou