LES ESPOIRS ET LES PEURS DE TOUS LES ANS

Vignette histoire

Cette nouvelle a été publiée pour Noël par le Telegraph en 2007. A priori, pas de spoilers en soit, juste quelques trucs dans les allusions (j’ai mis des annotations).

LES ESPOIRS ET LES PEURS DE TOUS LES ANS

Un conte de fête exclusif, par un auteur régulier de Docteur Who, PAUL CORNELL

Le nom du garçon était Tom Wake, et il avait neuf ans. Et, peut-être parce que l’année était 1920, ou peut-être parce qu’il était le genre de garçons qui aimaient croire aux choses jusqu’à ce qu’il y ait une bonne raison de ne plus le faire, il croyait au père Noël.

Et donc, en cette veille de Noël, il avait un peu de peine à dormir. Et lorsqu’il entendit des bruits sourds au rez-de-chaussé de sa maison, il était certain de savoir de qui il s’agissait. Et ce ne pouvait pas être sa maman et son papa, parce qu’il les entendait ronfler.

Il descendit donc l’escalier. étonnamment, il n’y avait personne en bas, alors que quelques secondes auparavant, il y avait un bruit énorme. Il y avait une pile de cadeaux sous le sapin de Noël. Et une chose étrange suspendue à une branche… un mince tube de métal, avec un truc en spirale au sommet. Tom n’avait jamais vu quelque chose comme ça. Il y avait une étiquette manuscrite attachée à l’objet.

Tom allait la lire lorsqu’il entendit un éternuement.

The Hopes and Fears

La tête d’un homme dépassait de la cheminée, le regardant à l’envers. Le visage de l’homme était couvert de suie, il n’avait pas de barbe et ses cheveux étaient très sales. Ses lunettes avaient presque glissé de son nez. « Euh, » dit-il, « Bien. Ce n’est pas du tout ce que tu crois1. »

Tom s’approcha et l’observa. « êtes-vous un cambrioleur ? » dit-il.

« Okay. Bon. Ce n’est aucune des deux personnes que je pourrais avoir l’air d’être. Je suis – »

Il eu soudain l’air horrifié, puis avec une grande explosion de suie, il tomba hors de la cheminée, et fit une roulade pour se relever. Il était vêtu de ce qui aurait pu être un ensemble très à la mode pour quelqu’un du genre que Maman appelait un gaspilleur.

« Oh oui ! » s’exclama-t-il. « J’ai bien pensé que c’était juste une question de temps avant que je sorte de là. Le Tardis a atterri dans la cheminée, s’est un peu mélangé avec, j’arrivais plus à dire ce qui était du Tardis et ce qui était de la cheminée, donc je suis sorti et je me suis retrouvé coincé, alors tout ce que je dois faire maintenant c’est sortir, trouver un moyen de grimper sur le toi et descendre jusqu’au – oh, au fait, je suis le Docteur – »

Il tendit une main, mais la retira hâtivement en voyant comme elle était sale. « Et tu es -?? »

« Tom. »

« Et bien, jeune Tommy, Tom Tommity Tom, je vais sortir de ton -? » Il s’arrêta. Sa mâchoire était tombée ouverte. Il montra le sapin. « En quelle année sommes-nous ? »

« 1920. »

« un peu… tôt pour ça ? Non ? » Il s’approcha, ajustant ses lunettes et fixant l’étrange présent que Tom avait remarqué plus tôt.

« Quoi ? » dit Tom.

Le Docteur décrocha l’objet du sapin. « Un tournevis sonique. Ce ne sera pas le Jouet de l’Année avant Noël 3498. Ta maman et ton papa, ils ne sont pas… excentriques, non ? portant des gilets2 ? Très bien éduqués en matière de voyage ? »

« On est allés à Blackpool3 une fois. »

Le Docteur le regarda d’un air méfiant, remit ses lunettes droites et lut l’étiquette manuscrite. « Ah, » dit-il. « Non ?… ? »

« Pour qui est le cadeau ? » demanda Tom, espérant que ce soit pour lui.

Le Docteur ouvrit sa bouche et pris une profonde respiration, et Tom pensa que peut-être il allait dire un énorme mensonge. Mais il expira l’air de ses poumons. Il tendit l’étiquette à Tom. Dans une horrible écriture griffonnée et manuscrite, elle disait:

« Pour le Docteur,

Dans les neuf prochaines décennies, vous allez nous sauver du danger tellement de fois à Noël4. Merci. »

C’était signé d’un gribouillis que Tom ne réussit pas à déchiffrer, et c’était daté, incroyablement:

Noël 2007.

« Mais vous ne nous avez pas encore sauvé, » dit Tom, dépassé. « n’est-ce pas ? »

« Pas encore, » dit le Docteur, aspirant l’air entre ses dents serrées, perdu dans ses pensées. Pendant un moment, Tom pensa qu’il avait l’air presque effrayé, hanté par les possibilités lointaines de tout ce que cela pouvait signifier.

« Voyage dans le Temps, vois-tu. Le ‘nous’ doit être toi et ta famille. J’aurais aimé que celui qui a écrit cela ait été un peu plus spécifique a propos de quels Noëls. Pas vraiment un cadeau. Plutôt une obligation longue durée. Mais quand même -??! »

Il empocha le tournevis sonique et l’étiquette avec.

« Je dois y aller, ceci m’a donné un peu à faire. Oh, et j’ai eu un cadeau, alors…  » il tapota son costume, et trouva quelque chose. « Et voilà. Orange. » Il la lança à Tom. « Ceci est l’essence de toute orangitude, spécialement préparée pour moi par les chefs translucides de Zarn. Je n’ai pas voulu la manger. J’aime les bananes5. J’ai pas osé leur dire ça. Bon, je suppose que le danger ne commence pas immédiatement, pasqu’y avait rien sur le scanner, donc – ?! A l’année prochaine ! »

Il sortit et ferma la porte d’entrée derrière lui.

Tom fixa l’entrée des yeux. Il pela distraitement l’orange et mordit dedans. C’était l’orange la plus orangesque qu’il ait jamais goûtée.

Il retourna au lit, se demandant s’il n’avait pas rêvé tout ça, et s’endormit avant d’entre des bruits étranges sur le toit puis dans la cheminée, et au matin se réveilla alors que sa maman se plaignait des empreintes de suie et des pelures d’orange. Mais le matin de Noël fut aussi extraordinaire que d’habitude, et il y avait tous ces cadeaux sous le sapin.

Au Noël suivant, Tom était âgé de 10 ans, et avait grandi, et était certain qu’il avait juste eu un rêve étrange l’autre fois. Et il n’était plus vraiment aussi convaincu à propos du Père Noël6.

Évidemment, aucun Docteur ne descendit dans la cheminée. Mais lorsque Maman et Papa emmenèrent Tom pour rendre visite à un ami qui avait la première voiture dans leur rue, Tom réalisa que quelqu’un les observait.

C’était le Docteur, debout près d’une espèce de cabine bleue ultra-moderne, avec un panneau disant quelque chose a propos de la police. Il leva la main, et Tom agita la sienne en retour, provoquant une question de sa Maman pour savoir qui c’était.

Tom dit qu’il ne savait pas. Le Docteur avait l’air inquiet et perplexe.

Tom passa le reste des vacances à attendre le danger, mais aucun incident n’eut lieu.

durant les années qui suivirent, Tom commença à anticiper cela, vers Noël, il savait qu’il apercevrait l’homme dans le costume bleu, juste comme s’il avait passé d’un Noël à un autre.

Tom devint un jeune homme.

En 1931, le lendemain de Noël, assise dans son fauteuil préféré, écoutant la radio, sa maman décéda. Pendant que son papa s’occupait des arrangements funéraires, Tom sentit une main sur son épaule, et, levant les yeux, aperçu le Docteur.

« Vous ne l’avez pas sauvée, » dit Tom.

« Non, » dit le Docteur. « Je suis désolé. Ce n’était pas un danger. Juste le temps et la nature7. »

« Vous ne vieillissez pas. »

« Non. »

à ce moment là, Tom ne croyait déjà plus au Père Noël, et là il avait appris l’angoisse.

Le lendemain de Noël fut assez exécrable pour Tom durant plusieurs années par la suite. Il ne vit pas souvent le Docteur durant les années 30. Mais peut-être était-ce aussi parce qu’il ne faisait pas autant attention.

Durant l’été 1936, à Blackpool, Tom fit la connaissance d’une fille appelée Alice. elle était petite et très mignonne. A la fin des vacances, Tom lui parla du Docteur, et elle le cru, ou du moins ne se moqua pas de lui, et dit que peut-être elle pourrait venir lui rendre visite pour un jour à Noël.

Durant cette visite, ils s’embrassèrent sous le gui après que Papa soit parti pour le pub. Puis ils entendirent quelqu’un tousser, et le Docteur passa près d’eux, examinant un outil dans sa main, secouant la tête, un air sceptique et méfiant sur son visage, disant qu’il ne voulait pas tenir la chandelle, et où était le danger, en plus ?8

Alice mit une main sur sa bouche, sous le choc et les rires qu’il soit vraiment réel. Tom lui demanda si elle trouvait le Docteur beau, et elle répondit qu’elle n’en avait aucune idée, et l’embrassa à nouveau.

Ils se marièrent l’année suivante, et Alice eut une petite fille, Marie, née à Noël.

Lorsqu’ils revinrent à la maison, ils découvrirent qu’elle avait déjà son premier bas de Noël9, rempli de jouets tous trop complexes pour un bébé. Mais tous allaient devenir très appréciés durant les années suivantes.

Pendant qu’Alice commençait à montrer le bas à Mary, Tom vit quelque chose à la fenêtre. La silhouette du Docteur. Debout dehors dans le froid, les regardant tous bien installés au chaud10.

Mais alors, en secouant la tête, comme s’il était agacé par lui-même, il disparut.

Tom écrit une note pour se rappeler de le remercier.

Mais l’année suivante, quand il vit le Docteur, Tom était en train de marcher à travers la jungle de Birmanie. Il était perdu et fiévreux. L’atmosphère était incommodant, chaud et humide. Il savait à peine quelle année c’était, et encore moins que c’était Noël.

Il était dans l’uniforme du 1et bataillon des Fusiliers du Lancashire, et quelque chose de terrible qu’il n’arrivait pas à se rappeler était juste arrivé à tous les amis qu’il avait sur place, et il n’était pas sûr qu’il ait encore un bras gauche.

Il regarda à côté de lui, et vit le Docteur. « êtes-vous réel? » demanda Tom.

« Je suis réel, » dit le Docteur. « C’est moi, venu pour vous sauver, juste pour une fois, j’espère. Continue à avancer. Voici une utilité pour mon cadeau, » et il déplaça ce qu’il avait appelé un Tournevis Sonique au-dessus du bras manquant de Tom, et soudain Tom ne sentit plus la douleur distante qui allait lui foncer dessus à tout moment.

Il y eut un son derrière eu. Le bruit métallique d’un fusil préparé à tirer.

Tom commença à se retourner, mais le Docteur s’était déjà tourné, et lancé quelque chose –

Ce qui avait fait se baisse les hommes en uniforme derrière le couvert.

Jusqu’à ce qu’ils réalisent que ce n’était pas une grenade et commencent à se relever –

uniquement pour que d’immenses tiges de bambou fassent irruption du sol juste devant eux.

« Plants de nourriture Instantanés ! » cria le Docteur, sprintant, se déplaçant rapidement de droite et de gauche, traînant Tom avec lui. Des tirs commencèrent à siffler entre les branches d’arbre tout autour d’eux. « Ici ! »

Ils traversèrent le sous-bois –

Et regardèrent vers le bas au bleu calme d’une rivière –

Une trentaine de mètres plus bas que la falaise sur laquelle ils oscillaient.

« Tu réalise, » fit le Docteur, « que d’après le message, il va y avoir encore des Noëls comme ça ? »

« J’espère ! » dit Tom.

« Ben, non, parce qu’alors que j’aimerais bien pouvoir penser que je t’ai sauvé de tous les dangers qui, d’après ce qui s’amuse avec moi, sont supposés continuer à arriver. »

« Et après vous pourriez vous en aller et faire autre chose. »

« Exactement ! Ouaip ! Obligation terminée ! » Mais pour une raison obscure, le Docteur n’avait pas l’air très heureux à cette idée. Ils entendirent le son de bottes se rapprochant d’eux. « Comment va votre petit amour ? J’aime les bébés11. Elle va être très intelligente, ça se voit. Et ta femme ? Comment va Alice? »

« Docteur – »

« Vous vous en sortez bien, j’espère ? Les événements tristes ça arrive, faut juste continuer jusqu’à ce qu’il y en ait des heureux. Je commence à devenir dépendant. J’aime même vérifié comment vous alliez cet été. C’est comme si j’étais responsable de ta famille pour la ville, pas que pour les Noëls. »

« Docteur -! »

« Un jour, » fit le Docteur, « Il faut que je te présente un ami à moi, un indien d’Amérique, Goyaale, ‘Celui qui baille’. »

« Docteur, pourquoi est-ce un bon moment pour parler de lui ?! »

« Pasqu’il est aussi connu sous le nom de – » Le Docteur attrapa Tom par les mains. « ‘Geronimo!' »

Et il plongea dans la rivière, entraînant Tom avec lui.

Tom revint de la guerre, et commença à vendre des assurances au porte-à-porte. N’avoir qu’un seul bras était une aide: les gens appréciaient les vétérans de guerre.

Il avait recommencé à dire qu’il croyait au Père Noël, pour le bien de la petite Mary. Chaque Noël, Tom et Alice laissaient un gâteau de Noël et un verre de porto pour le Père Noël et un pour le Docteur. Jusqu’à ce que le Docteur laisse un mot expliquant qu’il traversait ces Noëls bien plus rapidement qu’eux, qu’il commençait à avoir trop mangé et à être un peu étourdi.

Mary eut des problèmes à l’école une année à l’approche de Noël pour avoir insisté que le Docteur existait vraiment, mais tout alla bien lorsque le magicien pour sa fête d’anniversaire fut le Docteur lui-même12. Cette terreur de la cour de récré de Samantha Phelps ne révéla jamais ce qu’elle avait vu dans la boîte magique et qui l’avait tant effrayé, et tout le monde crut Mary à partir de ce moment, et firent en sorte de revenir chaque année.

Sur son chemin vers la porte de sortie, à Noël, en 1955, Alice arrêta le Docteur. Elle plaça une main sur son bras.

« Nous avons une chambre d’amis, » dit-elle. « Vous avez sauvé la vie de mon mari. Je m’en fiche que vous soyez magique ou autre chose, quand vous nous rendez visite ici, vous n’avez pas à retourner au froid dehors. »

Le Docteur la regarda, et Tom pensa qu’il avait l’air le plus triste au monde sur son visage, juste pour un moment. Il y avait quelque chose comme un amour fier et distant. Un amour pour des choses passées depuis longtemps. Et pour ce qui était devant lui à ce moment. Mais il y avait aussi quelque chose de gardé, comme s’il s’attendait à un dénouement tragique lui tombant dessus.

Puis il sourit, et cela éclaira tout son visage. « M’ci, mais j’ai des choses à faire, madame Tom, des gens à voir, y compris vous, à Noël prochain, dans à peu près, ooh, cinq minutes. »

Et il passa la porte.

En 1962, le papa de Tom, âgé, mourut avant que le Docteur puisse le revoir et en 1967, Mary quitta la maison juste avant Noël, criant que ses parents pouvaient croire qu’un représentant d’un quelconque établissement cosmique prenait soin d’eux s’ils voulaient, mais qu’elle en avait assez, et Alice pleura.

Tom s’assit près du Docteur, qui regardait le Magical Mystery Tour sur leur télévision noir et blanc, ayant dit qu’il n’allait rester que pour un moment, et ils partagèrent un bon moment ensemble. Alice vint avec des gâteaux, demandant si ça avait été leur danger pour cette année.

« Nah, » dit le Docteur. « Je suis sur que c’est juste la vie normale. On a déjà dépassé la moitié du message, là, et il n’y a eu qu’un groupe de danger réel. ça me dépasse. Je ne comprends pas ce que ça veut dire. » Il mordit dans son gâteau. « Que pensez-vous des avocats ? »

Deux and plus tard, Mary rencontra un jeune homme en Inde qui s’avéra être un avocat, et ils se marièrent et déménagèrent à Blackpool. Ce Noël, Tom et Alice montrèrent au Docteur les photos, avec eux derrière le jeune couple d’amoureux. « Hooo, » fit le Docteur. « Et il y a cinq minutes, vous étiez en train de vous crier dessus. »

« Et dans cinq minutes de plus, » dit Alice, « nous ne serons plus là. »

Le Docteur raconta tellement de blagues avant de partir que ce ne fut qu’après qu’ils aillent au lit qu’Alice soudain souhaita n’avoir pas dit cela.

Dans les années 70, le Docteur joua avec les petits-enfants de Tom et Alice environ une heure à chaque mois de décembre. Tom trouvait qu’il n’avait jamais vu quelqu’un se donner totalement pour jouer ainsi, sans aucune arrière pensée pour sa dignité. Les petits commencèrent à considérer le Docteur comme un oncle un peut étrange arrivant uniquement à Noël.

En 1981, le couple passa un bon moment à préparer leur maison, et organisèrent une soirée quand le Docteur arriva. Ils durent l’attraper et le tirer dedans et dire non, non, cette fois, pas de fuite aussi aisée. C’était uniquement parce qu’ils étaient retraités et avaient du temps pour tout. Le Docteur resta, et dansa même, essayant un espèce de boogie maladroit sur Duran Duran qui fit s’effondrer les enfants en rires13.

« Quoi ? » dit-il. Et il recommença.

Et en 1982, Alice tomba et se brisa la hanche, et mourut sous anesthésie générale, et malgré que ses enfants insistant pour qu’il les rejoigne, Tom rencontra le Docteur dans une maison froide ce Noël et ils parlèrent très longtemps, et à la fin de leur discussion, Tom eut l’impression qu’il connaissait cet homme toujours jeune comme un vieil ami… et pas du tout.

Dix ans plus tard, Tom dût aller, en home médicalisé. Il n’avait pas aimé quitter la maison, parce que les souvenirs d’Alice s’y trouvaient. Ses soignants dans le home était géniaux, et ses enfants et petits-enfants et maintenant arrière-petits-enfants – décidément, comment était-ce possible ? – venaient souvent en visite. Et il avait quelques amis.

Le Docteur passait à chaque Noël, maintenant résigné au fait qu’il n’y allait probablement plus y avoir vraiment de danger. Bien que parfois il ouvrait brusquement une armoire, faisait Ha ha, et trouvait quelque chose qui s’avérait n’être absolument pas dangereux.

Mais à Noël 1996, il y eu ce nouveau soignant, grand, qui était très brusque avec Tom, qui répétait ses mots d’une voix sarcastique quand il parlait du Docteur, et tenta même de lui tapoter la joue quand il protesta.

Il y eu alors une certaine voix basse venant de derrière lui. « Ne t’avise pas de faire ça. »

Peu après, ce soignant se rendit compte qu’il était incapable de ne pas crier « idiot! » chaque fois que le nom de son patron était mentionné, spécialement devant son patron – et avant qu’il comprenne qu’il avait peut-être été hypnotisé14, il travaillait déjà dans une friterie. à sa propre surprise, il devint même plutôt gentil.

Lorsque vint le passage du millénaire, Tom avait une sensation de plénitude, et le temps semblait glisser sans qu’il le remarque, et il déclara être prêt à partir, hé ? Mais le Docteur répondit que les humains fêtaient cela la mauvaise année, alors pourquoi ne pas attendre au moins l’année prochaine pour le vrai passage ? En plus, il y avait une date sur le message…

Tom se retrouva soudain à Noël 2007. Il avait l’impression que cela faisait seulement cinq minutes depuis le précédent. Depuis le premier, il croyait à nouveau au Père Noël, puisqu’il n’y avait pas de raisons de ne pas le faire. « Je vous rattrape, » dit-il au Docteur, qui faisait rouler son horrible chaise roulante à travers le jardin glacial devant le home. « Va-t-on découvrir le fin mot de ce message ? »

« En fait, j’ai un peu réfléchi à ça, Tommy Boy -? »

« C’est la seule raison pour laquelle vous avez continué à nous rendre visite. »

« Peut-être au départ. » Le Docteur fit une pause. « Mais vous connaître, toute la famille, ça a été ?…  »

« La vie que vous n’avez jamais eu. J’ai raison? »

Le Docteur resta silencieux. Puis: « De toutes façons, j’ai pensé qu’on pourrait savoir. »

Et il fit rouler Tom dans une cabine bleue que le vieil homme n’avait pas vu depuis qu’il était un petit garçon et se rappelait parfaitement.

Il y avait des merveilles dans la salle de la console. Tom posa des question et reçut des réponses.

Et puis ils furent en 1920, dans le salon de la maison d’enfance de Tom. La nuit de la veille de Noël. Il fallut un peu d’agitation pour sortir la chaise roulante de Tom hors du Tardis. Il y avait là l’arbre avec les cadeaux. Mais rien n’y était suspendu.

Ils attendirent et surveillèrent. Personne n’apparut. Et bientôt, le jeune Tom descendrait l’escalier et le Docteur tomberait de la cheminée.

Tom en eut assez. « D’accord, » dit-il, « montrez-moi ce message. »

Le Docteur le sortit de sa poche.

Tom le regarda, et commença à rire. Il y avait une étincelle dans ces yeux, parce qu’il avait compris ! Il roula jusqu’à la table, et récupéra une étiquette vide, et une plume, et copia les mots de l’ancienne étiquette sur la nouvelle. Dans son horrible écriture tremblante. Et il la signa, avec sa signature qui n’était plus qu’un gribouillis, et écrit la date d’où il venait: Décembre 2007. Les deux étiquettes étaient exactement pareilles.

Le Docteur ouvrit la bouche d’étonnement. Il tendit son tournevis sonique à Tom d’un air abasourdi, et Tom y a attacha l’étiquette, et le suspendit au sapin. « Vous le récupérerez dans quelques minutes, » dit-il.

« Alors c’était toi, me roulant, » dit le Docteur.

« Bonté divine, » dit Tom, « Je suppose que c’était moi. Je suppose que vous ne seriez jamais venu sans la mention du danger – au moins, pas au départ. Mais admettez que c’est finalement devenu – »

« un super cadeau, en fait, » dit le Docteur.

Tom lui serra la main. « Joyeux Noël, Docteur. »

Puis ils durent partir.

Tandis que le Tardis volait à travers le temps et l’espace, le Docteur se tenant devant les instruments de contrôles, devant toutes ces merveilles, à nouveau seul.

Il réfléchissait à comment le message avait pu être crée. Tom l’avait seulement copié. Pouvait-il dire que quelqu’un l’avait écrit au départ ?

C’était comme un cadeau de l’infini soi-même. Un cadeau qui avait plongé le Docteur dans une joyeuse danse, qui, malgré toutes ses peurs, s’était bien terminée.

Et juste pour un moment alors, le Docteur fut touché par une étrange et merveilleuse sensation: que l’univers l’aimait. Et, à Noël, avait voulu qu’il le sache.

Il plaça une main sur la console du Tardis. « Merci, » dit-il.

Il bascula sèchement un levier vers le bas. Et partit pour une nouvelle aventure.

FIN


1 Avec Rose, le 9e Docteur avoue une fois avoir quelque chose à voir avec un de ses cadeaux de Noël

2 Ce qui indiquerait que ce sont des Seigneurs du Temps, ou des agents du temps.

3 David Tennant a joué dans… « Blackpool », une mini-série se passant dans la ville du même nom

4 Cf. The Christmas Invasion, The Runaway Bride, Voyage of the Damned, …

5 … bananas are good !

6 Certains extra-terrestres utilisent des déguisements de Père Noël pour attaquer la terre

7 Dans Human Nature (la Nature Humaine), le Docteur fait face à des gens voulant voler son immortalité

8 Mickey tient la chandelle dans la relation Rose-Docteur…

9 Dans les pays anglo-saxons, chacun suspend une chaussette à la cheminée, dans laquelle le Père Noël dépose les cadeaux

10 Le Docteur ne souffre pas du froid, il peut même supporter brièvement le froid intersidéral ou -200 °C…

11 Le 9e Docteur aime bien bébé Rose, d’ailleurs

12 Les 3e, 4e et 7e Docteurs font des tours de cartes, le 7e même pour « combattre » des dieux.

13 Le 9e Docteur sait danser le Twist, mais pas la valse. Le 10e dans la valse avec Mme de Pompadour

14 Le Docteur a des pouvoirs psychiques. Dans les nouveaux épisodes, il les utilise sur Mme de Pompadour, sur l’architecte du Globe Theater, …


Le texte

Version officielle sur le site du Telegraph:
http://www.telegraph.co.uk/culture/books/3670111/A-Doctor-Who-story-The-Hopes-and-Fears-of-All-the-Years.html


Discussion

Toute la discussion sur cette histoire est ici:
http://doctorwho.xooit.fr/t247-Livre-Une-nouvelle-Doctor-Who-sur-le-site-Daily-Telegraph.htm

Écrit par PAUL CORNELL
Traduction de Midori
Vignette de Nanou