Jenny Colgan (J. T. Colgan) est une auteur britannique qui réside actuellement dans le Sud de la France. Elle écrit principalement des comédies romantiques, toutes des bestsellers. A 11 ans elle a gagné un concours pour rencontré le Doctor et Peter Davison l’a pris pour un petit garçon !
Dans le courant de l’été elle a sorti Dark Horizons, une aventure avec le Onzième Docteur qui s’inscrit entre les saisons 6 et 7. Vous pouvez lire le résumé du livre et un premier avis de Beans on Toast en suivant ce lien.
Interview réalisée par Email le 2 décembre 2012.
@Informations biographiques recueillies sur son site officiel et la 4e de couverture de Dark Horizons.
Êtes-vous une grande fan de Doctor Who ? Depuis combien de temps regardez-vous la série ?
Je la regarde depuis que je suis enfant, donc je ne me rappelle pas ne pas la voir à la télévision. Tom Baker est le premier Docteur dont je me souviens.
Qui est ou sont vos Docteurs préférés ?
Je pense que Matt Smith est excellent, et j’ai aussi beaucoup aimé Tom Baker, Peter Davison et Christopher Eccleston, mais étant moi-même Ecossaise, je dois dire que David Tennant est mon préféré.
Quels sont vos épisodes favoris ?
« La Bibliothèque des Ombres », parfois je pense qu’on a un peu trop de River Song, mais elle est vraiment magnifique dans cet épisode, vous pouvez le regarder encore et encore et apprendre de nouvelles choses à chaque fois, il est intelligent, effrayant et déchirant à la fois. L’instant où River murmure le nom du Docteur à son oreille est complétement saisissant et palpitant. J’aime beaucoup aussi « La Famille du Sang », cet épisode est extraordinaire.
Comment en êtes-vous arrivée à écrire un livre Doctor Who ? Est-ce BBC Books qui vous en fait la demande ou leur avez-vous dis que vous aimeriez en écrire un ?
En Angleterre, j’écris des comédies romantiques destinées aux femmes qui réussissent, et je suis allée demander à la BBC si je pouvais écrire une aventure de Doctor Who. Ils étaient un peu réticents au début, ils pensaient que je serais trop romantique, mais j’ai réussi à les convaincre du contraire !
Est-ce que vous écrivez en pensant au public de la série, ou ciblez-vous aussi les lecteurs qui ne regardent pas Doctor Who ?
J’écris seulement pour moi, je suis une fan. Mais ça ne veut pas dire que vous ne pouvez pas apprécier « Dark Horizons » comme une aventure à part entière – j’espère que vous pourrez – j’écris sur le Docteur comme je le fais pour n’importe lequel de mes livres, comme quelque chose que je voudrais vraiment lire personnellement.
Est-ce que le fait que la série ait une reconnaissance mondiale a un impact sur votre écriture ?
Non, pas du tout. Même si c’est bizarre qu’en Amérique, le Docteur soit vu comme « pittoresquement britannique », alors que pour nous il est juste « britannique » il n’a rien de pittoresque du tout. Enfin, évidemment il n’est pas vraiment britannique !
Est-ce que la BBC vous a donnez des conseils sur ce que vous pouviez faire ou ne faire avec le Docteur ? Avez-vous demandé des indices sur le Docteur pour qu’il colle le plus possible à la série ?
Ils sont très normatifs, on ne peut pas le faire se marier par exemple, mais j’ai beaucoup aimé travailler avec ces limites, c’est un challenge énorme pour un auteur. Je n’ai pas eu besoin d’indices, connaissant très bien les coutumes du TARDIS, mais il y a cet homme très intelligent nommé Justin à la BBC, qui a une mémoire incroyable et qui peut vous dire de quelle couleur le tournevis sonique doit briller et tout un tas d’autres détails… il est vraiment très utile !
L’histoire se déroule dans le passé, à une époque sans technologie ni science, était-ce plus facile à imaginer qu’une histoire se passant dans le future ?
Non je ne pense pas, un monde futuriste peut ressembler à ce que vous voulez, alors que quand vous écrivez sur le passé vous devez au moins faire en sorte que ce soit réaliste ! Je voulais juste un large paysage vide sur lequel travailler.
Vous avez choisi d’écrire une aventure sans Amy et Rory, donnant le rôle des « compagnons » à un Viking et une Princesse. Etait-ce parce que les Ponds représentaient deux personnages supplémentaires dans une histoire qui en comprenait déjà beaucoup ? D’autres raisons ?
Non, on m’a demandé de faire comme cela par rapport à la position du livre dans la chronologie de la série*. Au début je voulais avoir Amy dedans, mais cela a du changé.
Nous n’avons pas eu beaucoup d’histoire avec des Viking dans Doctor Who (je pense qu’il y a eu l’épisode « The Time Medler » avec le Premier Docteur et quelques nouvelles ou comics…). Aviez-vous décidé dès le début que vous les vouliez dans votre roman ?
Non on ne les pas vu énormément. Au départ je voulais que le Docteur escalade l’Everest, mais comme je ne pouvais pas le faire pour plusieurs raisons, on m’a demandé si j’avais d’autres idées. Je suis tombée amoureuse du jeu d’échec de Lewis* – c’est un objet historique très célèbre au Royaume-Uni que j’ai vu au National Museum d’Edinbourg, et comme il demeure un mystère, j’ai pensé que ce serait sympa de bâtir autour de ça. Ensuite, quand j’ai réalisé que les Viking pouvaient être très drôles et que j’aimais beaucoup les mythes des Dieux Nordiques en littérature, tout s’est assemblé parfaitement. J’aime beaucoup l’idée de prendre le Docteur pour Loki, ça m’a semblé évident.
(* NDLR : Les pièces du jeu d’échecs trouvées sur l’île de Lewis sont un mystère puisqu’on ne sait pas beaucoup choses sur elles, elle seraient de facture scandinave et remonteraient au 12-13e siècle. un petit article du Bristish Museum – en anglais)
Dans votre roman le TARDIS a peur de l’eau, comment en avez-vous eu l’idée ?
En fait, elle n’a pas vraiment peur de l’eau, mais je la rends vraiment très difficile à manœuvrer dessus. C’est une blague en réalité, déjà vous n’avez jamais vu le TARDIS dans l’eau dans la série, car tourner cela est exorbitant, donc ils ne le font jamais, alors c’était plus une plaisanterie. Ensuite, j’adorais l’idée que les Vikings – qui étaient les meilleurs navigateurs que le monde ait connu depuis des milliers d’années – trouvent que leurs vaisseaux soient, de loin, meilleurs que celui du Docteur. Les drakkars sont magnifiques. De plus, ça devient fatiguant que tout le monde soit tout le temps impressionné par le TARDIS. Je voulais que quelqu’un entre dans le TARDIS et dise « c’est votre vaisseau ? Il ne peut pas naviguer, c’est naze ! » et que le Docteur se montre sensible et défende son TARDIS adorée.
Freydis voit le Docteur comme Loki, le Dieu de la Ruse, elle l’appelle « changeur de forme » et « arnaqueur », deux adjectifs qui qualifient bien le Docteur… est-ce que cette comparaison était une évidence quand vous avez commencé votre roman ?
J’y ai pensé oui, mais c’est devenu de plus en plus clair au fur et à mesure de mon écriture. Avoir plus qu’un seul visage est absolument crucial dans la légende de Loki, il est drôle comme le Docteur, et vous pouvez facilement confondre « Doc » et « Lok » phonétiquement, en anglais au moins. Enfin, la façon dont Loki meure – empoisonné par un serpent avalant sa propre queue – était un parallèle trop fort pour ne pas passer à côté. Puis le film « The Avengers » est sorti, avec un Loki 100 % méchant et a tout ruiné, je ne le vois pas du tout comme ça !
L’ennemi alien de votre histoire est plus une entité qu’une créature physique. Pourquoi avez-vous fait ce choix ? Vous êtes-vous inspirée des précédents aliens de la série ou d’autres références de science-fiction ?
L’alien est réellement un espèce, un ensemble d’extraterrestres qui peut se créer lui-même. Mais je peux vous dire un secret : je suis toujours beaucoup moins concernée par les aliens dans Doctor Who que par les gens en conflit et la façon dont ils se comportent.
Sans en dire trop pour ceux qui n’ont pas lu le livre, je pense que faire de l’alien la cause d’un « phénomène météorologique » est une belle idée très « doctor-who-esque ». C’est quelque chose que nous avons vu plusieurs fois dans la série : des évènements historiques, scientifiques ou naturels qui résultent des actions du Docteur. Y aviez-vous pensé dès le départ où l’idée vous est venue en écrivant ?
Oh merci beaucoup ! Non, je savais très tôt ce que je voulais faire de l’alien, donc il me fallait juste savoir comment l’amener.
Vous avez écrit beaucoup de comédies romantiques, est-ce que le processus d’écriture est différent pour la science-fiction ?
Honnêtement, je dis ça à tout le monde mais personne ne me croit, ce n’est pas vraiment bien différent. Mon seul objectif, et peu importe ce sur quoi je travaille, c’est d’écrire un livre dont vous ne pouvez pas vous empêcher de tourner les pages. Le but final est toujours le même.
Quoique c’était sympa d’écrire sur un personnage qui a une incarnation physique, même maintenant quand je vois Matt Smith ça me surprend toujours car j’ai l’impression de l’avoir inventé. Ça me touche beaucoup quand on me dit que je suis bien arrivée à capter l’essence du personnage.
Est-ce que vous lisez des romans de SF ? Quel est le top 3 de vos auteurs préférés ?
Oui j’en lis. En ce moment je suis dans une grande phase apocalyptique. J’adore « World War Z » de Max Brooks, et « The Passage and the Twelve » by Justin Cronin. Liz Jensen est aussi absolument renversante. Je lisais beaucoup d’Asimov et de Nicholas Fisk quand j’étais jeune.
Le fait que vous soyez à l’aise dans la romance est clairement visible avec les personnages d’Henrik et Freydis, a-t-on une chance d’avoir une nouvelle autour d’eux ?
Ah non, je ne pense pas, j’ai aimé les envoyer dans une nouvelle vie pleine de mystère. En réalité, l’année prochaine je vais essayer de me lancer sur un livre Doctor Who avec le Docteur joué par David Tennant, et je pense, Martha comme compagnon. Je vais définitivement faire quelque chose de plus romantique ici, en explorant plus d’émotions. Le Docteur de Matt Smith est largué dans la romance d’une manière charmante, alors que David Tennant semble s’y brûlé quasiment tout le temps.
Vous êtes aussi une mangeuse de cupcake, qu’est-ce qui ferait un bon cupcake Doctor Who selon vous ?
Plein de gens en cuisine pas mal vous savez ! Regardez :
Allez-vous écrire un autre livre Doctor Who ?
On est en train d’en parler actuellement ! J’ai énormément hâte de retravailler avec le Docteur. Ou comme David Tennant dirait « OH YEEEES ! Allons-y ! »
© 2012 – Interview réalisée et traduite par Anne-Claire NOEL pour Beans On Toast www.doctor-who.fr
Préparation et relecture par Nicole LOUTAN et Anne-Claire NOEL.
Crédit photos à Jenny Colgan et Habillage graphique par Anne-Claire NOEL.
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