Lire la biographie de Ben Foster | Réagir à cette interview
A propos de la musique et de Doctor Who…
– Comment es-tu devenu musicien ?
J’ai commencé très jeune, d’abord en étudiant le piano que j’ai commencé à apprendre vers 5/6 ans. J’ai écrit mes premières compositions vers l’âge de 6 ans, c’étaient de petites chansonnettes. Je viens d’une famille qui baigne dans la musique.
Arrivé à l’adolescence, j’ai commencé à apprendre la musique classique très sérieusement. J’ai également fait un peu de pop et de rock quand j’avais 15 ans.
Mais j’ai toujours étudié la musique classique qui a toujours fait partie de mon univers. Je jouais aussi de plusieurs instruments en plus du piano.
A 18 ans, j’ai donc décidé d’étudier le classique et je suis allé à Londres au » Guild Hall School of Music », c’était super ! J’y suis resté 5 ans et j’y ai étudié la composition.
Ensuite, je suis allé dans une « Film School » passer un Master Degree, toujours à Londres, et c’est là que j’ai appris comment écrire pour le cinéma et la télé. Et j’ai eu du travail tout de suite après mon diplôme.
– Tu es entré dans le Who-niverse en dirigeant et en orchestrant les musiques de Doctor Who, comment es-tu arrivé dans cette aventure ?
En fait, Murray Gold m’a contacté à la fin de la saison 1. J’avais travaillé avec d’autres compositeurs de sa connaissance et son manager m’avait recommandé. Nous nous sommes ensuite rencontrés et ça a collé.
J’ai donc commencé à travailler sur Christmas Invasion [2.00] prévu en 2005, c’était en novembre. Cela fait maintenant 2 ans et demi que je suis impliqué dans Doctor Who car je n’ai pas arrêté depuis Christmas Invasion.
– Etais-tu un fan du Doctor, un passionné de Doctor Who et de son univers comme le sont Russell T. Davies et beaucoup de membres de l’équipe ?
Oui ! Complètement ! Quand j’étais enfant, nous allions toujours voir les expositions de Doctor Who. Je vivais au nord de l’Angleterre et il y en avait à Blackpool et nous avions pour habitude de nous y rendre tous les hivers.
Et je regarde encore à la télé avec la même avidité qu’un gosse! Mais je n’avais pas aimé la façon dont la diffusion s’était achevée, j’étais un peu plus âgé à cette période et je n’avais pas trouvé ça bon.
Mon époque, ce sont les années Peter Davison et Colin Baker [Doctors 5 et 6]. Et même lorsque ça ne passait plus à la télé, je lisais Doctor Who Magazine et tout ce que je trouvais qui en parlait. J’étais à fond dedans, un vrai fan !
Et quand cette opportunité s’est présentée, ça a été vraiment simple : j’étais enchanté de rentrer dans cette aventure !
– Tu as travaillé sur beaucoup de projet de Science-Fiction, est-ce un univers que tu apprécies particulièrement et quelles autres séries et films aimes-tu ?
J’ai toujours aimé la Science-Fiction, le mystère et aussi tout ce qui est histoires de détectives. Je regardais beaucoup de ces émissions qui sont qualifiées de cultes aujourd’hui. Les « Avengers » [Chapeau Melon et Bottes de Cuir], Le Prisonnier, des choses aussi comme les « Thunderbirds » [Les Sentinelles de l’air »] et d’autres séries avec des marionnettes animées des années 60. J’ai grandi en regardant tout ça. Telles étaient mes séries préférées.
Du coup, je pense que j’ai toujours voulu être impliqué dans ce genre de films et en faire la musique. Concernant Doctor Who, je pense que la meilleure des choses c’est que nous pouvons ne pas avoir honte d’être adulte.
Je pense que le travail de John Williams sur Star Wars, avec lequel j’ai grandi aussi, a été un des déclencheurs du moment où je me suis dit : « Je veux faire pareil, pour la télévision ou le cinéma ». Parce que, comme on peut le constater, la musique classique s’accorde parfaitement à ces environnements futuristes. Et j’adore aussi l’utilisation des synthétiseurs dans ces compositions.
Il y a eu beaucoup de morceaux de ce type dans les années soixante, avec Barry Gray et d’autres compositeurs, et c’était toujours très intéressant !
Je pense que ce lien entre la musique classique, les orchestres symphoniques et la Science-Fiction a toujours été là. Il n’y a pas de réel moment où l’on puisse dater cette rencontre, et je pense que c’est une bonne chose.
– Est-ce qu’il y a d’autres séries ou films sur lesquels tu aimerais travailler ?
Et bien, je dois dire qu »il n’y a pas d’autres séries à la télé sur lesquelles j’aimerais désespérément travailler. J’ai été plus que chanceux avec Doctor Who et Torchwood qui sont mes deux séries favorites et dans lesquelles je me suis retrouvé à travailler ! Que j’y travaille ou non, je regarderais ces deux séries de toute façon ! Je suis vraiment comblé.
Je travaille aussi avec d’autres compositeurs et sur d’autres films. Actuellement, je suis sur « La Momie 3 » qui ne devrait pas tarder à sortir. Et je participe aussi à d’autres films. Ce n’est d’ailleurs pas toujours de la Science-Fiction. Cela peut être des comédies romantiques, ou d’autres choses. Mais j’aime tout particulièrement la SF.
– Es-tu inspiré par un compositeur ou un musicien en particulier ?
Oui, mon compositeur préféré, en musique symphonique, est William Walton. C’est un compositeur britannique, très renommé ici dans les années 30 à 50. Et plus internationalement, je pense qu’il est un des compositeurs favoris de John Williams. On peut l’entendre dans son oeuvre, certes on y retrouve beaucoup de son héritage américain, mais on sent aussi l’influence de gens tels que Holst ou Walton. Tous deux de grands compositeurs britannique.
Je pense que nous avons un excellent héritage ici en Grande-Bretagne en matière de compositeurs de musique classique. Et bien que j’aime beaucoup Stravinsky également, William Walton est mon préféré.
– Tu as dirigé la soirée : « Doctor Who A celebration » (hélas le Doctor Who Confidential qui y est consacré est inédit en France) en 2006 : quels souvenirs en gardes-tu ? Quel a été ton morceau préféré ?
Je pense que mon moment favori lors de ce concert a été celui des Daleks, je l’attendais avec une telle impatience : enfin jouer le thèmes des Daleks des épisode 12 et 13 de la première saison !
Et quand nous l’avons fait, avec les Daleks sur la scène, c’était encore autre chose. C’était brillantissime : « It was brilliant » !
Tout a pris vie à ce moment parce qu’il y avait le Dalek, en train de sillonner la scène, et tout est devenu d’un seul coup si réel et si effrayant ! Ca a été l’apogée pour moi.
Mais il y a eu ces quelques mois, vraiment incroyables, à préparer le concert tous ensemble. Je ne sais pas comment nous y sommes arrivés, il y avait tant à faire et en si peu de temps ! Vraiment, je ne sais pas comment nous avons fait !
– Et quels sont tes autres projets ?
Pour le moment, c’est Doctor Who. On travaille sur le final. On a enregistré les épisodes séparément, ici à Londres. On a fait l’épisode dix [4.10] il y a quelques semaines, et maintenant on prépare un enregistrement pour mardi, et on fera ça à Cardiff avec l’orchestre. On va enregistrer les épisodes huit et neuf, qui sont les épisodes de Steven Moffat “The Library,” et on va aussi enregistrer de la musique pour le final, qui, je crois que ce n’est plus un secret, voit le retour des Daleks.
Donc voilà sur quoi je travaille juste maintenant. Je bosse aussi sur quelques morceaux qui reprennent les thèmes des personnages parce que ce sont des personnages qui reviennent, comme vous le savez probablement, vers la fin. Donc on va enregistrer différents thèmes pour Rose et aussi pour Donna. Alors on va avoir beaucoup à faire mardi prochain. Mais j’ai presque fini.
je travaille sur un film appelé « la Momie » dans les semaines qui viennent pour un compositeur qui s’appelle Randy Edelman, un compositeur Hollywoodien. J’ai travaillé sur un autre film, un film britannique, la semaine passée, et aussi plein plein de choses.
Bien sûr, il y a un concert Doctor Who en juillet, qui sera au Albert Hall, à Londres. Et donc je vais m’y mettre dès que je le peux parce qu’on à beaucoup de morceaux à travailler ensemble. Et ça va être formidablement excitant, et ce sera aussi beaucoup de travail. Mais je suis vraiment content de participer à ce concert.
A propos de Torchwood…
– Comment t’es-tu ensuite retrouvé sur Torchwood ?
On a demandé à Murray de faire la musique de Torchwood et il m’a invité à travailler avec lui. Et on a vite vu qu’il n’avait pas le temps, alors je suis devenu le composeur attitré de Torchwood.
En fait Murray a écrit le 1er épisode et les 4 autres épisodes, puis il m’a passé le projet et j’ai foncé. On a eu de la chance que ca marche, parce que ce sont les mêmes gens, les mêmes qui mixent le son, ainsi que les mêmes metteurs en scènes.
C’est une affaire de famille en quelque sorte. On se connaît tous, alors c’était facile de monter les échelons de Doctor Who à Torchwood.
– As-tu travaillé avec Murray Gold pour le générique ?
Oui, on a l’enregistré. Il y a en fait plusieurs versions du générique, on a fait une version avec notre orchestre à Londres. Et après, on l’a édité je crois parce qu’on a fait une version de 30 sec et une de 20 et la version finale devait seulement être de 10 secondes.
En fait, il y a plusieurs versions un peu partout, mais elles sont assez différentes. La version qui a été utilisée dans le dernier mix était la meilleure. Elle est très courte et répétitive et elle colle parfaitement.
– Tu as fait d’autres choses avec lui ?
Oui, beaucoup de projets différents, on a fait quelques films et dernièrement « I want candy », c’était l’été dernier, ca fait un moment du coup.
Murray est tellement occupé à faire Doctor Who qu’il n’a plus beaucoup de films en cours. On a fait « Death and a funeral » de Frank Oz, on s’y est bien amusé. Et aussi d’autres trucs que Murray a fait pour la télé. Nous sommes de proches collaborateurs et nous avons tous deux été très occupés ces dernières années.
– Comment se déroule le processus de composition pour les épisodes et saisons ? Fais-tu des réunions avec les scénaristes et réalisateurs à Cardiff ? Ou bien travailles-tu de ton côté ? Dans quelle mesure les producteurs interviennent sur/dans ton processus de composition ?
Bon, pour la dernière saison de Torchwood, on a eu des réunions a Cardiff au QG, on a participé dès le départ aux discussions et aux lectures des scenarii. J’y suis allé au démarrage de la 2eme saison parce qu’il n’y a rien a faire pendant quelques mois et après on est très occupé. J’y étais donc dès le commencement mais c’est moins utile pour les compositeurs. Je trouve que c’est bien d’avoir les scenarii et de les lire. Mais ils sont souvent changés et c’est complètement différent au moment du tournage parfois..
Ensuite il y a une réunion avec le metteur en scène qui dure littéralement une heure. Avec le réalisateur, on regarde l’épisode, nous discutons presque en temps réel. C’est à ce moment que je m’en vais et que je vais écrire la musique et l’enregistrer à Londres.
Puis je l’envoie par internet à Cardiff et c’est à ce moment qu’ils entendent la musique pour la première fois, lors du mix final. C’est rapide et efficace, parfait. Et c’est agréable de travailler seul parce qu’il y a…. [Hésitant] Les délais deviennent si importants, que dès qu’un épisode est fini, on enchaîne avec le suivant ! Alors ça aide d’être dans son monde pour se mettre à travailler.
– As-tu participé aux tournages ou aux lectures des scripts, comment était-ce, avec une ambiance aussi « déjanté » que l’est la série ?
Vous voulez dire le set de Torchwood ? Oui, j’y suis allé quelques fois, lorsque j’avais des réunions à Cardiff et qu’un tournage était en cours. Je suis resté dans les coulisses et j’ai regardé. Ils s’amusent bien on dirait, je crois que c’est John qui s’éclate bien avec l’équipe de tournage.
C’est trop bien en fait d’être sur le plateau parce que c’est quelque chose qu’on voit beaucoup, et se tenir dans le hub : c’est incroyable ! Et bien sûr, c’est aussi juste à coté du plateau de tournage du Tardis.
C’est le meilleur moment pour traîner sur le plateau et voir toutes ces choses, je suis toujours fan et même si je suis adulte maintenant, ça m’intimide toujours ! Mais je veux voir le Tardis, encore ! Je trouve toujours ça excitant.
– Peut-on s’attendre à une édition CD des OST de Torchwood Saison 1 + Saison 2 ?
Oui ! Mais personne n’est encore au courant. Donc c’est une exclusivité, en fait, ce qui est chouette.
Un CD de Torchwood va sortir ! Il devrait être disponible en Grande-Bretagne, en août je pense.
Je suis justement en train de travailler dessus. J’ai presque fini. C’est très difficile parce qu’il y a tant de morceaux. Il y a dix-huit ou dix-neuf heures de musique dans les deux séries, donc en choisir les meilleures compositions est presque impossible. Ca te demande de te restreindre parce que tu as envie de tout mettre dedans, mais tu ne peux mettre que quatre-vingt minutes environ.
C’est donc un travail très complexe. Je pense qu’il y a aura pas mal de musiques de la saison 2 et moins de la 1 pour le moment. Je crois que c’est partiellement parce que, quand tu as écris quelque chose il y a pas mal de temps, et là ça remonte à dix-huit mois, et bien, je pense que tu préfères que ce soit les choses récentes qui sortent. Et je pense que la saison 2 a été bien plus réussie en termes d’audience.
Il y a eu plus de monde, c’était plus grand, et plus de spectateurs ont regardé cette saison. Donc je pense que c’est bien de mettre en avant les morceaux de cette dernière saison. Et aussi, c’est super de voir le développement des personnages depuis la saison 1. Tout cela n’est pas encore très clair pour le moment parce qu’il y a certaines scènes que j’aime bien dans la saison 1, mais on verra…
Ça sort définitivement en août dans ce pays, et je suis sûr que ce sera aussi sur iTunes et tout ça. Mais ça devrait vraiment être bien, et c’est très excitant.
A propos de Torchwood…Zoom sur les deux saisons (attention révélations sur la saison 2)
– Quels sont tes épisodes favoris parmi ceux qui sont accompagnés de tes compositions ?
Mes épisodes préférés sont dans la saison 2, l’épisode 8 « A day and a death », et l’épisode 11 « Adrift ».
Le premier, c’est quand Owen parle à Maggie sur le toit. On apprend tout à propos d’Owen après qu’on lui ait tiré dessus et ramené à la vie, la musique est très bonne. Je pense qu’il y a une bonne alchimie entre eux deux.
L’épisode 11, c’est celui du garçon, Jonas qui disparaît et revient. J’aime beaucoup le travail que nous avons fait sur la musique, je pense qu’on s’en est bien sorti. Ce sont des épisodes très différents. J’aime beaucoup Torchwood à cause de cette profondeur. Cet épisode est très émouvant.
Quand on compare le premier épisode de cette seconde saison avec le dixième, celui avec le cinéma, on voit que les personnages ont évolués tout en renforçant la cohésion de leur équipe. C’est un défi de faire des musiques variées pour chaque épisode tout en donnant l’impression qu’elles font bien partie de la même histoire, c’est assez amusant à faire !
– Est-ce toi qui as choisi toutes les chansons de ces 2 saisons, si oui, comment s’est fait celui du finale en 213 : la chanson des deux capitaine…
La plupart des chansons pop on été choisies par les producteurs ou les metteurs en scène, en fait je ne m’en occupe pas. Tout ce que j’ai à faire, c’est la musique composée.
Dans les épisodes 1 et 3, quelques morceaux pop et rock ont été utilisés. Je pense qu’ils passent bien, mais en tant que compositeur, je préférerais écrire toute la musique. Ce n’est pas un problème quand ils utilisent des chansons, mais je préfère qu’ils ne le fassent pas pour être honnête.
Je pense que ça fait rentrer la série dans un moule, ça fausse un peu sa nature, ça l’américanise un peu trop aussi. Mettre une chanson pop à un effet différent, ça devient un montage et c’est également moins puissant. Alors, non je ne les choisi pas.
– John Barrowman et James Marsters sont tous deux des musiciens ou des chanteurs d’exception, Gareth David-Lloyd chante également : pour la troisième saison, l’idée de les faire chanter t’-a-t-elle traversée, a-t-elle été évoquée, qu’en penses-tu ?
Ca pourrait marcher. Je pense qu’ils s’amusent tous bien sur le plateau. James a sa guitare, il en joue et je suis sûr que Gareth chanterait avec eux. Même si je n’en sais rien en fait. John est bon showman, n’est ce pas, mais il a plus un style West End* [Quartier des théâtres connus plus particulièrement pour leur Comédies Musicales], il est moins rockeur.
A mon avis, Gareth et James pourraient former un bon groupe ensemble, car ils sont plus dans le même style musical. Mais je ne pense pas que ca marcherait aussi bien sur la série. Je pense que c’est quelque chose qu’ils pourraient faire séparément. En dehors.
– En saison 1, la musique est beaucoup moins mise en avant qu’en saison 2 (notamment pour les morceaux purement symphoniques), pourquoi ?
Je ne pense pas que ce soit correct. Dans la saison 2, la musique était plus calme en fait. Mais je ne sais pas si tu parles d’un mixing ou d’un son.
Durant la saison 2, nous avons travaillé avec un orchestre, le BBC National Orchestra of Wales. Pour chaque épisode, nous avons enregistré des morceaux à Londres avec le London Television Orchestra. Nous avions fait la même chose en saison 1 en fait. La saison 1 a été faite entièrement avec un petit orchestre. Mais pour la saison 2, on a fait des enregistrements, plus tôt et avec le BBC National Orchestra of Wales. Nous avons enregistré beaucoup de thèmes dont celui d’Owen et celui qui clôture la saison 2, mais nous en avons également enregistré d’autres comme celui du Capitaine Jack..
Travailler sur une série aussi importante que Torchwood permet d’avoir une large gamme de morceaux à utiliser. C’est un peu comme sur Doctor Who, on enregistre toute une panoplie de musiques liées a chacun des personnages et ensuite on l’édite et on l’utilise à certains moments.
C’est ce que nous avons fait cette fois-ci. Mais par rapport au mix, je ne sais pas s’il était plus fort mais il avait peut-être plus de punch. Parfois, il y aussi tant de musique dans Torchwood, jusqu’à 45 min pour un épisode ! Je crois que le plus long était de 46 minutes pour un épisode de 50, ca fait énormément. Dans ce cas, elle n’a pas forcément besoin d’être mise en avant, elle peut rester en arrière plan et ça passe très bien.
– La Saison 2 en plaçant tes compositions au premier plan donne une identité musicale très forte à la série , quels en sont tes thèmes préférés ?
Je pense que ce qui est bien avec la saison 2, c’est que nous avons des références constantes à Owen, ainsi qu’à sa relation avec Tosh. nous avons aussi le thème de Gray, le frère de Jack. Ce sont les 3 thèmes majeurs selon moi, parce qu’ils sont récurrent et que nous pouvons les mettre un peu partout.
Une partie de mon boulot de compositeur consiste à insérer subtilement quelques notes de ces thèmes çà et là. Si vous écoutez l’ensemble de la musique de la saison, il y a beaucoup de morceaux où vous pouvez entendre le thème d’Owen et celui de sa relation avec Tosh. Cela ressemblait à un jeu de piste dans cette saison jusqu’à la fin où il meurent ensemble.
Alors oui, cette saison, musicalement, a été plus forte que la précédente car elle a été écrite ainsi. Il y avait cet arc secondaire constamment présent en fait. Il y a beaucoup de thèmes que j’ai composé lors de la saison 1 et que j’ai amélioré, comme ceux du Captain Jack et de Gwen et Rhys. Je les ai repris et utilisés lors du mariage notamment.
Mon préféré est sûrement le thème d’Owen, et je suis triste qu’il soit parti car ça veut dire que je ne peux pas le réutiliser, à moins que l’on parle de lui je suppose. Peut-être qu’il reviendra d’entre les morts, ils le font tous.
– Le thème d’Owen, qui accompagne toute la fin de saison 2, donne une grande intensité : pourquoi donner un thème aussi fort à un personnage qui va mourir ? Savais-tu à l’avance ce qui allait lui arriver ? Ce thème pourra-t-il revenir en Saison 3 ?
J’aimais beaucoup le personnage d’Owen et je pensais qu’il devait avoir un thème vraiment fort. Il est très simple, ce sont juste cinq ou six notes qui se répètent inlassablement, alors il est facile à repérer et reconnaitre. En fait, au début quand j’ai commencé à écrire, ce n’était pas vraiment clair qu’il allait mourir car ils gardent tout secret, mais je pense que c’était dû au fait que rien n’était encore écrit à ce sujet.
Quand ils ont commencé à diffuser la saison, la fin n’étais pas encore écrite. J’ai eu deux script de l’episode 13 avec de légères différences. Début août de l’année dernière, j’ai enregistré un grand nombre des morceaux avec l’orchestre de Cardiff, et le thème d’Owen en faisait parti. Les arrangements que j’ai effectué pour l’épisode 8, quand il monte les escaliers, la version rock, tout cela est venu par surprise car on ne devait pas aller aussi loin. Mais quand j’ai vu les épisode 7 et 8, j’ai réalisé à quel point Owen était devenu coriace, du fait qu’il est revenu d’entre les morts. Et j’ai pensé que ça lui irait très bien.
Je suppose qu’en tant qu’arrangeur, c’est sympa d’avoir l’opportunité de prendre un thème tranquille et assez beau et de le transformer en quelque chose de furieux, anguleux et résistant. Je pense que c’est ça qui me fait aimer ce thème : c’est une valeur sûre. C’est un morceaux capable de se laisser transformer en versions très différentes, de plus comme c’est un thème simple, on peut l’insérer dans plusieurs autres mélodies. Et, en fait, dans l’épisode 13, je l’ai mis dans plusieurs morceaux de musiques, de même que le thème de Tosh.
Son écriture est très efficace, je pense, mais je dois dire que c’est dommage qu’il soit parti car il me plaisait beaucoup. Mais je suis sûr qu’on en écrira d’autres, on reviendra avec quelque chose de mieux.
– Ceci dit, dans la Science-Fiction, il n’est pas rare de voir les morts revenir…
Exactement, je suis sure qu’il le fera, je l’espère.
– On t’a vu chanter pour « Voyage of the damned » (dans le Confidential), as-tu aussi fait parti des choeurs pour Torchwood ?
Nous n’avons pas de choeur pour Torchwood. Tu parles surement de l’ouverture ? C’est juste Murray qui murmure dans son studio en faisant Torchwood. Je ne suis pas un bon chanteur.
-Tu as utilisé des voix pour le thème de Gray (2.05 « Adam ») comment as-tu composé ce thème ?
C’était juste une seule chanteuse, une fille nommée Analise avec qui j’allais lycée, elle est venue au studio et elle a chanté. J’avais déjà travaillé avec elle, pour enregistrer des morceaux que j’avais composés, donc je savais que sa voix serait parfaite pour le thème de Gray.
J’avais eu très tôt l’idée d’un morceau vocal pour Gray. Je pensais que cela marcherait : je me disais que ce genre de composition collerait bien pour rendre l’esprit du « 51ème siècle ». Difficile d’utiliser les synthétiseurs dans un tel cas, je veux dire est-ce que cela sonnera futuriste encore ? Pas vraiment ! Et ça n’avait pas vraiment l’air d’être comme s’ils n’avaient pas l’électricité non plus, alors je tenais à faire quelque chose de très organique et réel.
Je pense que la voix humaine est quelque chose qui ne change pas, donc il fallait ce soit ça. Et oui, c’est une grande partie de l’identité musicale de Gray, cette voix. Mais c’était juste une seule et même personne, nous l’avons enregistré de différentes manières : elle chantait, puis elle fredonnait, ainsi que d’autre sortes de vocalises. Ce sont toutes ces pistes qui ont été mises ensemble.
– Le thème des Weevils est à consonances orientales (Attaque des weevils dans le finale season 2). Il est très beau! Pareil, comment s’est fait ce choix ?
Je voulais que cela sonne surréaliste, comme quelque chose venant d’un autre monde. En fait, c’est quelque chose que j’ai écrit dans la saison 1, la première fois qu’on voit le weewil dans l’épisode 3 ou 4. Et j’avais aussi repris ce thème dans « Combat [1.11] » et à la fin dans les épisodes 12 et 13.
On peux penser que c’est un autre thème que j’ai amené, mais il a juste été joué à la viole, un instrument baroque appelé viola d’amore. Et ce thème a été interprété dans un style de l’Est, le musicien est un gars appelé Peter Lale. Il a joué avec beaucoup de compositeurs dont Hans Zimmer, je crois même qu’il a joué pour le film « Da Vinci Code ». Il joue beaucoup en solo et il est très bon, et ça sonne vraiment comme venant d’un autre monde !
C’était parfait pour les Weevils car personne ne sait d’où ils viennent, ils ont ce quelque chose de barbare, animal et truculent, regarde-les ! J’ai pensé que ça fonctionnerait bien.
– Un des thèmes est celui de la destruction de Cardiff, il est à la fois étrange et « noisy », quel effet cela fait de devoir composer pour illustrer l’anéantissement d’une ville ?
C’est un peu triste de voir Cardiff disparaître à nouveau. C’est marrant, parce qu’ils l’ont déjà fait à la fin de l’épisode 13 [Saison 1], avec Abaddon écrasant tout sur son chemin à travers le parking de l’hôtel St. David.
C’est un peu dommage, vraiment. Mais ils la réparent à chaque fois. C’est triste tout de même que la fin du monde semble toujours arriver à Cardiff, mais c’est comme ça. C’est ce qui se passe quand vous avez une faille temporelle à travers la ville, je suppose.
– Nous espérons te retrouver pour la Saison 3 : y seras-tu et quels sont tes autres projets ?
Oui ! Je veux dire, ce n’est pas confirmé à cent pour cent pour le moment, je ne sais pas quand et ce que ce sera, mais certainement oui.
Je me réjouis beaucoup de reprendre ce travail parce que c’est quelque chose qui prend six ou sept mois de ta vie. Donc quand ça s’arrête, je veux dire, là je suis très occupé avec Doctor Who, mais ça me manque un peu de travailler sur Torchwood. Et les personnages me manquent. C’est marrant. Et d’une certaine manière, leur compagnie et leurs aventures me manquent. Je me réjouis de reprendre tout ça.
– Aimerais-tu venir et participer à la toute première convention française autour de Doctor Who et de son univers ?
Oh oui, où et quand est-ce ?
– A Paris, le 30 Août.
En France ! J’adorerais. N’importe quel lieu en France me conviendra. J’aime particulièrement le Sud de la France. J’y suis souvent. Passe un coup de fil à David [son agent]. J’aimerais le faire ! Je suis certainement sur Londres à cette période.
– Ma partenaire sera ravie de cette nouvelle !
Super ! Cela s’annonce bien.
– C’est fini pour les questions
Bien, merci beaucoup !
– Un grand merci pour ce temps que tu nous as accordé.
Je t’en prie.
– Est-ce férié aujourd’hui en Grande-Bretagne ? [note : cette interview a été faite par téléphone le jeudi 1er Mai 2008]
Non, les jours fériés sont toujours le lundi ici, donc le férié du 1er mai sera ce lundi 5 mai, mais je ne crois pas qu’il sera férié pour moi car j’ai du travail. J’ai un enregistrement à Cardiff mardi, je partirai sans doute dimanche ou lundi. D’ailleurs lundi, j’ai une réunion avec Murray [Gold] pour préparer le concert.
Et ça va être non-stop jusqu’en août. Je pense que le 1er Août sera mon premier jour de congé. Là j’aurai quelques semaines avant que ça reparte à fond.
Un immense merci au nom de Beans On Toast
Retrouvez l’interview en version originale sur The Scifi World
© 2008 – Interview réalisée par Gilles Nuytens pour The Scifi World et Beans On Toast « www.doctor-who.fr »
Préparée par Anne-Claire Noël, Corinne Auffret-Nguyên et Frédéric Robert pour Beans On Toast.
Traduction : Anne-Claire Noël, Corinne Auffret-Nguyên, Nicole Loutan et Sabah Boulebbad. Habillage graphique : Anne Claire Noël.
© Mai 2008 – Toute reproduction, partielle ou complète, est interdite sans autorisation des Webmasters.