Moffat sur Twitter | Lire l’interview exclusive de Beans On Toast -Comic Con’ 2011 | Lire l’interview de S. Moffat de Io9.com traduite – 2009
Ses débuts
Steven Moffat est né en 1961 à Paisley (Écosse) et fait ses études à la Camphill High School, puis à l’Université de Glasgow dans laquelle il s’implique dans la chaine de télévision estudiantine GUST (Glasgow University Student Television). Il en ressort diplômé en anglais et devient enseignant durant 3 années à la Cowdenknowes High School de Greenock.
Ses débuts de scénariste remontent au tout début des années 1980 lorsqu’il écrit une pièce intitulée « War Zone » (jouée en 1985 au festival d’Edinbourg) et une comédie musicale: Knifer. Son père, Bill Moffat était le directeur de la Thorn Primary School à Johnstone et lorsque son établissement scolaire devint le lieu de tournage du Highway d’Harry Secombe, fin 1980, il propose aux producteurs une idée sur un « Journal d’école ». Les producteurs demandent à avoir un script. Le père de Steven accepte à la seule condition: que ce soit son fils qui l’écrive. « C’est le meilleur premier script que j’ai jamais lu » dira la productrice Sandra Hastie. Il en résulte la série TV « Press Gang » qui durera 5 saisons entre 1989 et 1993. Steven Moffat en écrira 43 épisodes et la série sera récompensée d’un BAFTA.
En 1990, il entre dans une sorte de dépression suite à son divorce. Mais il tire de cette période l’épisode The Big Fisnish dans lequel il « représente » l’amant de sa femme à travers le personnage de Brian Magboy et lui fait endurer les pires histoires, comme pour se venger par procuration.
Suite à l’avenir incertain de la série, Moffat a des doutes sur son futur. Bob Spiers (Absolutely Fabulous) lui suggère de rencontrer Andre Ptaszynski pour discuter d’une éventuelle nouvelle série. Très inspiré par son expérience en tant qu’enseignant, sa proposition est très similaire à Press Gang mais cette sitcom se déroulant dans une école est tout de même diffusée en 1997 sous le nom de Chalk. La diffusion test a été si positive que la BBC a commandé une seconde saison avant même que la première ne soit diffusée, cependant, les critiques professionnelles ont été moins enthousiastes et se sont même retournées contre le département publicité de la BBC qui avait comparé cette nouvelle série à la série à succès Fawlty Towers. Moffat refuse même de prononcer le nom de cette série durant une interview plaisantant sur le fait qu’il avait peur « d’être attaqué dans la rue ».
Le début de la reconnaissance
Durant une réunion de travail, Ptaszynski se rend compte que Moffat parle beaucoup de son divorce et lui suggère, plutôt que continuer la sitcom, de s’atteler à l’écriture d’une autre série sur ce thème. Il se lance alors dans une histoire racontant celle d’un écrivain de sitcom plaqué par sa femme: Joking Apart. La série compte 2 saisons et a été récompensée d’une Rose de bronze à Montreux et nommée pour un Emmy. Moffat a déclaré ironiquement « La sitcom aura duré plus longtemps que mon propre mariage » et a avoué qu’il s’était largement inspiré de dialogues réellement échangés entre lui et son ex-femme pour les répliques de ses personnages.
Dans le même temps, il écrit trois épisodes de Murder Most Horrid, une série de contes comiques. Le premier Overkill, réalisé par Bob Spiers, est, selon la BBC, le point culminant de la série .
A contrario, sa sitcom suivante, Coupling (Six sexy avec Gina Bellman) est basée sur sa relation avec sa seconde épouse, la productrice Sue Vertue. Diffusée sur BBC2 en 2000 et produite par sa femme pour leur maison de production commune Hartswood Films, la série rencontre un succès immédiat et dure jusqu’en 2004 (28 épisodes sur 4 saisons, tous écrits pas Moffat). Il écrit même un pilote pour une adaptation américaine mais elle est annulée au bout de 4 épisodes faute d’audience, ce que Moffat impute à une trop grande interférence du network NBC.
En 2007, il scénarise les 6 épisodes de la mini-série Jekyll (avec James Nesbitt, Gina Bellman et Michele Ryan), version moderne du mythe du Dr Jekyll et Mr Hide. Dans une interview, Nesbitt dit de lui que c’est « un gars excentrique mais timide » et décrit son écriture comme « inventive, sombre et drôle ».
Moffat et Doctor Who
En juin 2007, Moffat annonce qu’il travaille sur une nouvelle sitcom concernant un patron et son assistant qui sont amis, mais qui n’arrivent jamais à se rencontrer, série qui ne verra jamais le jour. En octobre, son nom est annoncé pour l’adaptation de la trilogie de Tintin mais suite à une grève de WGA, il ne peut terminer les deux derniers volets car il lui est impossible de conjuguer ensemble deux productions: « Je ne pouvais pas à la fois travailler sur la seconde partie du film sur Tintin et prendre en main Doctor Who. J’ai donc choisi Doctor Who. »
Et ce choix s’explique facilement. Moffat est un fan de Doctor Who depuis sa plus tendre enfance et rêve depuis ses 9 ans de travailler sur la série. Son œuvre antérieure est d’ailleurs parsemée de clins d’œil à la série: Dans Coupling, le personnage de Steve explique qu’il utilise le sofa comme protection contre les Daleks et Olivier porte un sweatshirt sur lequel est inscrit: « Rendez-nous Doctor Who ! »
Sa première participation professionnelle au whoniverse a été une histoire Continuity Errors publiée en 1996 dans le Virgin Books anthology Decalog n°3, mettant en scène le septième Docteur: Sylvester McCoy. En 1999, pour le Comic Relief du Red Nose Day, il écrit une parodie de la série mettant en scène Rowan Atkinson (Mr Bean) dans le rôle du Docteur: The Curse of the Fatal Death. Mais ce n’est qu’en 2004 qu’il réalise son rêve d’enfant en participant à l’écriture de scénarii pour la reprise de la série par Russell T. Davies. Selon le Guardian, Moffat a écrit « les plus intelligents et sombres épisodes » de la première saison: The Empty Child / The Doctor Dances (Drôle de Morts / Le Docteur danse) qui ont été récompensés par un Hugo Award. Dans le Confidential, Moffat déclare qu’il avait attendu 40 ans pour enfin voir son nom au générique de la série.
Il a écrit un épisode pour chacune des deux saisons suivantes: The Girl in the Fireplace (La cheminée des temps) et Blink (Les Anges pleureurs) et, pour chacun, il recevra un Hugo Award. Un sondage du Doctor Who Magazine le sacre meilleur auteur et Blink, meilleur épisode de 2007. Il est également l’auteur du mini-épisode spécial Children in Need de 2007: Time Crash.
Pour la 4e série, il scénarise de nouveau un double épisode Silence in the Library / Forest of the Dead qui lui offrira pour la quatrième année consécutive une nomination pour les Hugo Awards (qu’il ne remportera pas). Cela fait de lui, avec Russell T. Davies, les deux seuls à avoir écrit pour les 4 saisons de Doctor Who 2005. Davies avoue qu’il retouchait souvent les script des autres scénaristes, mais jamais ceux de Moffat. En 2008, il est également récompensé d’un BAFTA Craft et d’un BAFTA Cymru pour « meilleur auteur ».
Doctor Who & Sherlock
2008 est le tournant dans la carrière de Moffat. Suite au départ de Russell T. Davies, on lui propose le poste de Showrunner de la série pour la saison 5. Cela coïncide également avec le départ de David Tennant. Il se retrouve avec une série dépourvue de ses acteurs principaux et la lourde charge de tenter de la faire continuer tout en essayant d’apporter son propre style.
« Ma carrière entière a été un plan secret afin d’arriver à ce poste. J’avais postulé auparavant, mais ma candidature avait été refusée. J’avais sept ans ! De toute façon, Je suis heureux que la BBC ait finalement « vu la lumière » et c’est un honneur que de succéder à Russell dans le meilleur et le plus difficile job qui soit à la Télévision. »
– Steven Moffat on the Doctor Who official website, May 2008
À propos de sa nomination, il la justifie par: « c’est le devoir de chaque sujet britannique de voler au secours du TARDIS. ». Il a donc la lourde charge de choisir le « remplaçant » de Tennant et son choix se porte sur Matt Smith et Davies laisse à Moffat l’écriture des 5 dernières minutes de l’épisode The End of Time, lui cédant de ce fait les rênes de la série dès la première apparition du onzième Docteur. Moffat écrit ce passage en « 10 minutes » comme une sorte « d’apport comique, de plaisanterie, pour l’arrivée de Eleven »
En plus des épisodes, Moffat contribue également au whoniverse via l’écriture de nouvelles chez Panini Publications comme What I Did On My Christmas Holidays By Sally Sparrow (qui servira de base à l’épisode Blink), Corner of the Eye pour le volume de 2007 et A Letter From the Doctor qui ouvre le volume du Storybook de 2009.
Parallèlement à la supervision de Doctor Who et suite à sa rencontre avec Mark Gatiss sur l’épisode Victory of the Daleks, Moffat co-écrit avec lui une adaptation contemporaine du mythique Sherlock Holmes: Sherlock avec Benedict Cumberbatch (Sherlock) et Martin Freeman (Dr Watson). Un pilote de 60 min a été tourné mais jamais diffusé, la BBC ayant tellement apprécié qu’elle a demandé à ce qu’il soit tourné 3 épisodes de 90 minutes. Moffat a écrit le premier des trois A Study in Pink qui a été diffusé sur la BBC 1 le 25 juillet 2010 (The Blind Banker et The Great Game ont été également diffusés en 2010), doublés en français pour France 4 et la TSR1 (2011). Il a aussi écrit le premier épisode de la deuxième saison, A Scandal in Belgravia, diffusé il y a peu pour la presse.
Doctor Who vu par The Moff
Trois principaux sujets ressortent de l’œuvre whovienne de Moffat: les relations et la sexualité (surtout concernant le Docteur), le pouvoir latent du réel nom du Docteur et les conséquences de voyages dans le temps et les paradoxes en découlant (fil directeur de la saison 5). On retrouve également le thème des peurs enfantines: bombes, monstres sous le lit, statues prenant vie et par-dessus tout, la plus primale des peurs: celle du noir.
Il est l’un des rares à utiliser le TARDIS comme réelle cabine téléphonique, surprenant le Docteur dans Empty Child et également à la fin de The Beast Below:
Doctor: Hang on, is that a phone ringing?
Amy: People phone you?
Doctor: Well, it’s a phone box. Would you mind?’
Autre particularité de Moffat, Les monstres: Sous des apparences plutôt simplistes, ce sont en fait de redoutables et complexes entités. Les malades portant de simple masque à gaz sur le visage se révèlent être des mutants créés par des robots subatomiques modelés d’après un enfant mort. Les Robots déguisés en français du XVIIIe siècle sont des droïdes à mécanismes d’horloger utilisant des portes inter-temporelles afin de trouver des « pièces manquantes » pour réparer le vaisseau. Les Statues d’anges pleureurs s’avèrent être de redoutables « assassins » ayant la capacité, par un simple contact, de déplacer temporellement leurs victimes dans le passé et de ce fait se nourrir de l’énergie potentielle du temps qu’auraient pu avoir les victimes si elles n’avaient pas été « délocalisées » … etc … Les monstres de Moffat ont été élus par le public « les plus effrayants de la nouvelle série », avec « la famille de sang » et « l’entité de Midnight ».
Rédigé et traduit par Duam78
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